commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juin 03, 2013

Dimanche, pendant que vente sur la ville

Second réveil, en bataille avec le goût du produit vaisselle léché sur une cuillère non rincée, dans la plainte, l'élan du vent sur la ville, venir à la conscience en lisant, en entendant Erik Sablé évoquer François d'Assise http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-saint-francois-d-assise-avec-erik-sable-2013-06-02, se dire qu'il faudrait se procurer le livre du détachement et de la paix

regarder la lumière descendre sur la cour, dire à carcasse de se taire, lui donner confiture et miel, ce qui améliore passagèrement (et se paie ensuite)


lire un billet de François Bon, http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3558, regarder et écouter Pierre Partot proférer Homère, s'épanouir lentement dans l'admiration comme chaque fois que reprends contact avec les deux poèmes, en leur différence, en leur beauté et après avoir pleuré un peu avec Calypso (qui d'ailleurs ne pleure pas, la terrible déesse au coeur secrètement tendre ou pleine de désir) et les femmes de marins amoureux de la mer violette (ils disent que c'est de ce qui est au delà, Ithaque ou autre), retrouver les versets de la visite d'Hermès, et continuer, pendant que sèchent les cheveux, dans la traduction de Louis Bardollet
La journée, il s'asseyait parmi les rochers du rivage, brisant son coeur à force de larmes, de gémissements, de souffrances ; et sur la mer inféconde, en répandant des pleurs, il fixait son regard. La céleste déesse s'arrêta près de lui et, élevant la voix, lui dit :
«Je ne veux plus te voir, ici, infortuné, dans les plaintes ; je ne veux pas que se consume en toi la force de la vie. Je vais maintenant te laisser partir et ce sera du meilleur coeur (le refus, la révolte c'est à Hermès qu'elle l'a dite, mais les intentions de Zeus ne laisse d'autre choix). Allons, prends les outils de bronze, coupe de longues poutres, ajuste un large radeau et puis fixe dessus un haut gaillard, pour qu'il te porte sur la mer brumeuse. Moi, j'y mettrai le pain, l'eau, le vin vermeil, de quoi contenter ton envie et arrêter ta faim. Et t'envelopperai de vêtements et t'enverrai un bon vent d'arrière, afin que tu atteignes sans dommage aucun ta patrie, si le veulent les dieux qui tiennent le large ciel...
et comme, devant l'action, il s'effraie à l'idée de traverser avec un radeau le grand gouffre marin, redoutable et terrible et l'accuse de l'envoyer à la mort, elle le tranquillise, le fait dîner, ils font l'amour...
manquent la voix de Partot, la cadence des versets, reste la mer.

Comme le vent rodait toujours sur nous, dans un ciel de lappi-lazzuli, comme me rend un peu fadate et qu'il me faut aide pour lutter, comme payais tribu aux colères de carcasse (il y avait un certain temps... passer le jour), comme il y avait eu aussi l'accord avec le billet d'Isabelle Pariente-Buterlin sur la musique et le Kyrie de Mozart http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article1460, comme je pratique le pas de côté, mais pas trop, ai mis dans ma chaîne les lamentations pour la semaine sainte d'Alessandro Scarlatti, le père pas négligeable, par le Parlement de musique de Martin Gester, et suis repartie sur la mer violette, la mer vineuse.... ai survolé, me suis attardée parfois, ai abordé ce moment qu'aime, les retrouvailles de Télémaque et de son père chez Eumée le porcher (ah le premier dîner avec Eumée !), le repas, le récit du fils, et puis quand Ulysse rentre après qu'Athéna l'ai remaquillé en lui-même, la reconnaissance, et c'est tout le passage qu'il faut lire (pardon mais quand je le retrouve, ne sais plus arrêter)

«… Je suis ton père, pour qui tu gémis, à l'épreuve de mille souffrances, en butte aux violences des hommes.»
Ce disant, il baisa son fils et, de ses joues, il laissa tomber sur le sol des larmes que, jusque là, il n'avait cessé de retenir...
..
.. et Télémaque, ayant coulé ses bras autour de son noble père, de crier sa douleur en répandant des larmes. Tous deux sentirent naître l'envie de sangloter. Ils pleurèrent avec des gémissements aigus et plus pressés que ceux des oiseaux, orfraies, vautours aux serres crochues, à qui les hommes des champs ont ôté leurs petits, avant qu'ils fussent capables de voler... Ainsi répandaient-ils, sous leurs sourcils, des larmes pitoyables...


et puis ai regardé dans le vide, vers la bibliothèque en face de moi, méditant un peu, hébétée surtout, baignant dans Bhakti de Jonathan Harvey (enfin le début, le CD est rayé) – et c'était très beau, une fois encore, et puisque la musique est cosa spirituale ai continué, en repassant deux jeans et trois chandails, avec in the heart of the moon d'Ali Farka Touré et Toumani Diabaté. (avec accompagnement d'une fête sur le Rhône)


8 commentaires:

JJ DORIO a dit…

oui saint mistral nous rend fada et fadate
heureusement il y a Homère
et les roches ocres à l'abri
de la Côte Bleue

Amitiés
JJD

JARDIN D'HOMÈRE

D'abord chausse ton pied à la sandale grecque

Alain

Reste ceci d'essentiel, à mes yeux, que « quelque chose » de ce très vieux poème m'a atteint à travers mon savoir et au-delà de lui,

avec une force plus grande que ce savoir et une sorte d'immédiateté.

Philippe Jaccottet

« Avertissement » à sa traduction lumineuse de l'Odyssée d'Homère :

Ô Muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif



De ces jardins de nuit

- mes lectures présentes éclairées d'une torche,

où, loin du pays des mortels, je découvre ces récits millénaires

qui m'enchantent et me désorientent -

nous rapportons parfois la gloire des hommes et la beauté des femmes

en des milliers de vers;



nous entendons ces chants, où la mort et la mer, les hommes et les dieux,

les reines et leurs secrets, croisent plaisirs et deuils, serments et parjures,

faveurs et mauvais sorts;



nous hésitons souvent, nous rebroussons chemin,

boustrophédons, bœufs du soleil, chiens glapisseurs,

porchers, pirates, butins de Zeus;

le sang d'Hélène, Agamemnon,

les Sirènes dont le chant enjôleur nous conduit au trépas,

la houle d'Amphidrite, Pénélope la vénérable

et l'éminent Ulysse, l'éternel Inventif.

Pierre R. Chantelois a dit…

Vos vitrines vous ont bien inspirée, à moins que n'ayez eu déjà en main, avant de les capter, ces lectures de référence.

Dominique Hasselmann a dit…

Ma mer, la musique, l'écriture, le bleu : que demander de plus ?

jeandler a dit…

Un très vieux et très beau poème qu'il est bon de s'y ressourcer.

arlette a dit…

BLEU tableau parfaitement bleu
et ce minimalisme tant décrié vient de la nature elle - même !!
Peintres à vos pinceaux
J'adore ... tout aussi

Brigetoun a dit…

Pierre, ce ne sont pas des reflets mais des montages bricolés par la talentueuse Brigetoun (#jenesuispasarrogante)

Pierre R. Chantelois a dit…

Brigitte

Le mérite dès lors n'en est qu'accru... je vous accorde une note de 100% plus 25 ;-)

Brigetoun a dit…

merci M'sieur