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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 21, 2013

Festival – jour 15 – affiches – voyage à travers la nuit avant Avignon à vie aux petites heures de la cour


Un joli matin, une Brigetoun lasse (malgré repos) qui prend la journée en douceur.. départ vers le teinturier, le pharmacien, Carrefour, pour quelques petites courses, cheminant sereinement en dehors du festival.
Rêvé un moment en découvrant, grâce à un parasol, l'existence d'une petite terrasse près des contreforts de la Principale...

rencontré deux charmantes musiciennes, et un pitchounet

longé mur d'affiches neuves (principalement pour ce que je nomme non-spectacles, qui deviennent un peu envahissants)

vu rue de la République des petits tas d'affiches, je pense que les services municipaux ont fait le nettoyage, et déposé toutes celles qui pendaient sans ordre, étaient un peu détachées... et j'ai rencontré des groupes de jeunes gens «très bien» qui commencent dès maintenant à en décrocher, anarchiquement, pour choisir celles qu'ils désirent emporter (ça les amuse nettement)... 

Un peu navrée pour les compagnies... souhaite que toutes puissent réagir.
Déjeuner, un peu de soleil dans la cour, ramassé une partie des feuilles carbonisées, et comme les vieilles dames ça sieste, ai siesté.
Me suis réveillée tout doux, ai pris mes catalogues, admiré tout ce que pouvais faire, décidé, tout benoîtement, de ne rien choisir, et me suis très tranquillement contentée de rêver que j'étais dans deux ou trois endroits à la fois, et puis de prendre le thé et de lire, jusqu'à la tombée de la nuit.

Tenter de me réveiller complètement, me changer, partir pour être avant 22 heures à Aubanel, 

payer d'une forte attente le fait d'avoir une place qui me convienne

découvrir avec petite curiosité Reise durch die nacht (voyage au coeur de la nuit) spectacle de Katie Mitchell d'après un roman de Friederike Mayröcker

Dans un train de nuit reliant Paris à Vienne, Regina, la narratrice, s'astreint à écrire un discours pour les funérailles de son père et recolle des souvenirs fragmentaires de son enfance, enfouis dans un passé traumatique qui semble ne plus vouloir refaire surface. Cette nuit sans sommeil est peuplée de visions fugitives, dont la prégnance perturbante effrite la personnalité de cette femme dans la fleur de l'âge. Tout, même son compagnon, lui semble soudain étranger et lui inspire une profonde aversion. En quête d'elle-même, elle espère trouver dans une brève passade amoureuse la secousse salutaire qui l'extirperait de la somnolence dans laquelle a sombré son existence.

Spectacle créé, je crois, à Cologne.


Sur scène, un wagon du train, que parcours l'actrice Julia Wieninger – pendant que des vidéos d'elle, des autres acteurs, prises en direct, sont diffusées en gros plan. Katie Mitchell dit qu'elle ne fait pas du cinéma mais du théâtre puisque c'est en direct, dit qu'elle veut que tout le monde, dans une grande salle, puisse profiter du jeu des acteurs, parle du flux du texte, comme chez Virginia Woolf (elle a monté un spectacle d'après les Vagues), l'actrice principale est très bone (avec peut-être un peu d'exagération dans la laideur expressive), le texte est beau, poétique (ce que je lisais sur les panneaux) et ça pourrait être très bien

seulement ça n'a pas fonctionné pour moi, (et pas que)
il y a un long écran de la largeur du grand plateau, et qui occupe la moitié de la hauteur sur lequel nous voyons l'extérieur du train roulant ou le paysage défilant, beau, un peu brut et flou, entre les scènes, ou des gros plans, parfois pris de si près que les visages en sont déformés, ou flous, en découpages assez musicaux de ce qui se passe dans le wagon, ou dans un brouillard doré dans les souvenirs, dans une chambre, avec un grand homme à la barbe blonde, scrutateur, parfois souriant, une poupée cassée, une évocation de violence – et ça pourrait faire un beau film un peu onirique et qui traduirait assez bien le flux de la pensée (même si l'adaptation a rétabli un semblant de chronologie et a ajouté une histoire de passade amoureuse avec le steward comme un caillot, qui tire un peu cette méditation, et le difficile passage d'une femme vers l'approche de la vieillesse, vers une banale petite tragédie conjugale)
et puis surtout, il y a, occupant la même hauteur, dans l'obscurité, le wagon dont on ne voit à part deux trous qui s'ouvrent pour laisser passer les caméras (plusieurs), les lampes etc... dont on ne voit donc que la paroi et les fenêtres, aux rideaux parfois tirés derrière lesquels sont les acteurs – ce qui devrait permette de ne s'intéresser qu'au film (contrairement à ce que dit Katie Mitchell) mais il y a toutes ces jeunes silhouettes en noir qui s'affairent, qui attirent l'oeil, qui font que je ne faisais plus que les regarder.... beau petit reportage sur un tournage dans des conditions difficiles, mais pas tout à fait ce qui était prévue.

Eu envie, tout de même, de lire le roman
Suis rentrée, un rien dépitée, doucement, dans la ville qui vivait, mangeait, écoutait, buvait, encore avec petite liesse, ai chargé photos les moins loupées, pris ces notes, et suis repartie


un peu après une heure vers la cour d'honneur pour y entendre la lecture par Denis Podalydès d'un texte de Pascal Rambert Avignon à vie (une commande de France Culture déjà lu par Denis Podalydès en 2011 à Calvet) que j'aime assez pour l'avoir (l'ai survolé dans l'après-midi et picoré deux passages, un peu au hasard) alternance de proses

La cour comble, même un chat s'est intéressé à la chose, a traversé le plateau sous l'oeil un peu étonné du public, est venu frôler les jambes de Padalydès, et le texte, au bout de quelques strophes s'est arrêté dans un fou-rire

on descend à Avignon en TGV donc inévitablement on pense dans notre tête on voit dans notre tête la Cour d'Honneur la Cour d'Honneur on voit le vent qui sort des corps le vent qui sort des gorges des mains oui le vent sort des mains dans la Cour d'Honneur le vent sort des mains et alors ? le vent sort des mains le vent sort du ventre oui du ventre et alors ? il sort des mains et du ventre le vent et des jambes toutes maigres d'Anne Martin le vent sort de son corps de son corps du corps d'Anne Martin au centre des oeillets dans la Cour d'Honneur et ce sera la première image oui allons-y toute couverte d'oeillets la Cour d'Honneur pour Nelken en quelle année et alors ? (je ne sais pas je n'y étais pas pense Brigetoun)
et de poèmes, l'histoire d'un ou plusieurs séjours au Festival, la vie du festivalier, une histoire d'amour, le trajet en TGV, et le souvenir de la vieille gare, ce qui ne parlait qu'aux plus vieux, de l'arriée, de la place, des remparts, les lieux (et même le camping mais ça c'est dans la prose), les metteurs en scène, Vitez, Lagarce, les acteurs et une belle image du Palais en hiver

Devant tant de beauté et de sévérité.
Combat de roches. Pliures. Pierres froissées.
Saignements verts des mousses. Gravier plein de sang.
Nappes pierreuses comme de froids hurlements.

Et l'on comprend alors : ce que l'on voit l'été
Sur scène ces cris ces batailles ces guerriers
Est le relief vivant de l'affrontement sourd
Minéral éternel qui brûle sous la Cour.

Et, ma foi ça paraît un peu sot, j'en suis désolée, même si la cour n'est pas forcément l'endroit que je préfère, le cadre de mes plus beaux souvenirs, Podalydès debout dans la nuit avec ce texte, il était agréable de se laisser aller à la magie et à la connivence.

Retour, trois heures, Paumée, morue, patates, dormir en oubliant Aubanel.




5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

La Cour d'honneur reste un endroit magique : en fait ce cadre oblige les metteurs en scène à être à sa hauteur.

Vous faites bien d'y aller régulièrement, ça requinque, cette beauté-là.

chri a dit…

Un jour tenter un spectacle: La cour, un chat la traversant. Rien d'autre!

Brigetoun a dit…

il a eu un grand succès - Podalydès a prétendu que c'était l'esprit de Vilar et qu'il ne pouvait pas lutter - ai pensé à Casarès

Michel Benoit a dit…

Le festival se regarderait-il un peu lui-même cette année ?
Vivement 2014...
Décidément, tout va changer.
Enfin, peut-être.

Gérard Méry a dit…

avec Denis Podalydès le chat s'invite au théâtre