météo
Nous
avons encore droit à un peu plus de 32° dans la journée, à la
limite des températures me permettant de vivre, mais je dois
maintenant poser un cardigan sur mes épaules pour sortir dans le
premier matin faire quelques pas dans la cour, voir que,
miraculeusement, le rosier a lancé une haute tige et une promesse de
fleur, regarder les liserons de la terrasse du dessus danser dans la
brise – je vais bientôt entrer en longue survie.
lecture
Je
me suis endormie sur les dernières phrases des Villes invisibles
d'Italo Calvino
L'enfer
des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui
qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que
nous formons d'être ensembles. Il y a deux façons de ne pas en
souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter
l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde
est risquée et elle demande une attention, un apprentissage,
continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu
de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la
place.
alphabet
se
refuser à laisser venir de nouveaux mots en L, saluer lucidité
au passage, le refuser, de toute façon, il, le mot, est toujours, ou
presque, illusoire (ou, pire, il est imposé pour faire accepter ce
dont on ne veut pas) et ne garder que le reste de la petite liste
abandonnée hier
Lendemain
un mot inexorable, qui peut être promesse, le moment où
adviendra ce qui est si passionnément attendu, ou simplement espéré
- qui sera plus souvent, au mieux, indifférent, reprise éternelle
de notre petit ballet d'ennuis et de petites joies - qui est aussi le
temps, devenu trop proche, des tâches appréhendées dont nous ne
voulons pas et devrons nous saisir, d'épreuves, plus ou moins
redoutables, que l'on voudrait éternellement à venir...
J'aime tant rêver à mañana, croyant y deviner une
plus grande souplesse, qui ne recule pas ce paquet de vie qui nous
attend, mais lui donne un petit côté flou, moins impérieux. Une
seule certitude : sauf catastrophe, nous ne pouvons y échapper.
limon
aussi gluant que granuleux, beigeasse, ou légèrement
gris, ce reste que nous lègue l'eau qui se retire – me répugne un
peu – bien sûr, il y a le petit plaisir des glissades, mais il ne
saurait atteindre celui de malaxer l'argile... se dire que c'est
utile, nourricier, se dire que je l'ai choisi en souvenir de la
brusque décrue cette année, et de ma courte visite sur les berges
du Rhône, en souvenir du temps où les mouvements de ce dernier
étaient plus amples, où il envahissait ma rue, où le limas était
si rituel que ma rue en a gardé le nom.
loess
son parent, mais je ne sais pourquoi, dans mon
imaginaire, se lèvent de grandes étendues, la Chine, le fleuve
jaune, la poussière, le désert, le vent, et, sans raison, les
hulongs, les contes...
lointain
tours, remparts, cyprès
et arbres jouets en bois découpé chez Fra Angelico, collines
rocheuses portant arbres minuscules, chapelles et villes crénelées
de Gioto, rocs et troncs de Masaccio, vallée qui s'enfonce, ville
lointaine, arbres aux feuilles légères et détachées, ou en
petites boules portées par des branches, ciel d'un bleu idéal et
nuages transparents ou orage, bien sûr, orage, chez Giorgione,
perspective complexe, monde en réduction de Van Eyck, rochers arbres
pics fleuves en perspective bleu et ocre au dessus de l'épaule de
la Joconde de Léonard de Vinci, bien entendu Léonard, paysages
opulents et précis des enluminures des très riches heures de
Barthélémy d'Eyck et Jean Colombe, tant d'autres moins évidents...
ce que je découvre en me
levant de mon banc, en faisant quelques pas jusqu'à la rambarde du
haut du rocher...
et puis l'amour lointain
ou amour de loin de Jaufré Rudel et celui de Saariaho
lors
la saveur délicatement archaïque, le son tout rond,
sec, précis, pour fixer dans la pensée et le temps
lui
parce qu'il est venu dans un commentaire de Pierre
Chantelois, je l'ai ajouté comme un incontournable. Et puis j'ai eu
envie de mettre un point d'interrogation à la suite, que ce soit un
lui pour autrui, un lui pour inconnu intrigant, un lui pour un être
aimé, un lui avec un point d'exclamation exaspéré, un lui
étonné... il m'échappe.
luisant
les vêtements trop longtemps et dignement portés, chez
Balzac, mais pas que...
l'éblouissement presque désagréable mais tellement
joyeux des dalles sur lesquelles j'avance – l'esprit qui se vide
qui n'est plus que dans ces yeux un peu plissés.
lumière
un visage aimé qui sort de l'ombre où le corps est
baigné, un visage nu et tendre, que les rayons du soleil, filtrés
par des branches, des persiennes, un vitrail, caressent, un visage
qui est rencontre de cette lueur qui le touche, de l'amour qu'on lui
porte, et l'on croit que la lumière vient de l'intérieur, que c'est
un peu de l'âme qui transparaît... douceur de l'illusion d'être
seule à la percevoir, à la contempler en silence.
lumignon
souvenir des processions au coeur des étés,
d'autrefois ou de jadis, des bougies plantées dans des coupes de
carton, de la ligne de petites lumières qui serpente, dont on est
partie, dans le noir, dans le confort d'un peu d'ennui.
lunettes
Souvenir de mon refus vexé, puis de l'acceptation,
résignée, évidente, ordinaire, le jour où j'ai dû reconnaître
que j'en avais besoin, moi qui était si fière de ma vue (rien
d'exceptionnel pourtant), qui pensais que c'était la seule chose que
j'avais de bien... et puis, comme pour tous, le jeu de cache-cache
perpétuel. C'est tout de même un des objets les plus farceurs qui
soit.
luxe
l'aime, bien sûr, peut-être plus que la moyenne, mais
surtout pas estampillé, évident, omniprésent, ostentatoire..
Je prétends qu'il m'est plus indispensable que le
nécessaire, et bien entendu n'y ai que très rarement accès. C'est
très bien ainsi, le veux rare, discret, non gênant, supportant la
désinvolture, devenu compagnon, mais réel – et quand par hasard
j'y ai droit, le petit remords que j'en ai n'est pas tout à fait
dénué d'une petite joie légèrement perverse.
7 commentaires:
Un L généreux et passionnant qui mérite volontiers les deux rubriques qui lui consacrées.
Joli ce L bis.
Dis-moi, c'est encore loin le Paradis ?
je n'ai aucune lumière sur le Paradis
Lui, le L, luit.
Bonne journée !
:D
lacryma christi : spatristi, c'est pas triste (du moins avec modération)
Que le monde est petit, nous avons les Loess Hills ici en Iowa !!!
http://en.wikipedia.org/wiki/Loess_Hills
Il féminisé...Israël !(il sera L )
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