commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, août 22, 2013

Autres L pour mercredi


météo
Nous avons encore droit à un peu plus de 32° dans la journée, à la limite des températures me permettant de vivre, mais je dois maintenant poser un cardigan sur mes épaules pour sortir dans le premier matin faire quelques pas dans la cour, voir que, miraculeusement, le rosier a lancé une haute tige et une promesse de fleur, regarder les liserons de la terrasse du dessus danser dans la brise – je vais bientôt entrer en longue survie.

lecture
Je me suis endormie sur les dernières phrases des Villes invisibles d'Italo Calvino
L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensembles. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place.

alphabet
se refuser à laisser venir de nouveaux mots en L, saluer lucidité au passage, le refuser, de toute façon, il, le mot, est toujours, ou presque, illusoire (ou, pire, il est imposé pour faire accepter ce dont on ne veut pas) et ne garder que le reste de la petite liste abandonnée hier

Lendemain
un mot inexorable, qui peut être promesse, le moment où adviendra ce qui est si passionnément attendu, ou simplement espéré - qui sera plus souvent, au mieux, indifférent, reprise éternelle de notre petit ballet d'ennuis et de petites joies - qui est aussi le temps, devenu trop proche, des tâches appréhendées dont nous ne voulons pas et devrons nous saisir, d'épreuves, plus ou moins redoutables, que l'on voudrait éternellement à venir...
J'aime tant rêver à mañana, croyant y deviner une plus grande souplesse, qui ne recule pas ce paquet de vie qui nous attend, mais lui donne un petit côté flou, moins impérieux. Une seule certitude : sauf catastrophe, nous ne pouvons y échapper.

limon
aussi gluant que granuleux, beigeasse, ou légèrement gris, ce reste que nous lègue l'eau qui se retire – me répugne un peu – bien sûr, il y a le petit plaisir des glissades, mais il ne saurait atteindre celui de malaxer l'argile... se dire que c'est utile, nourricier, se dire que je l'ai choisi en souvenir de la brusque décrue cette année, et de ma courte visite sur les berges du Rhône, en souvenir du temps où les mouvements de ce dernier étaient plus amples, où il envahissait ma rue, où le limas était si rituel que ma rue en a gardé le nom.

loess
son parent, mais je ne sais pourquoi, dans mon imaginaire, se lèvent de grandes étendues, la Chine, le fleuve jaune, la poussière, le désert, le vent, et, sans raison, les hulongs, les contes...

lointain
tours, remparts, cyprès et arbres jouets en bois découpé chez Fra Angelico, collines rocheuses portant arbres minuscules, chapelles et villes crénelées de Gioto, rocs et troncs de Masaccio, vallée qui s'enfonce, ville lointaine, arbres aux feuilles légères et détachées, ou en petites boules portées par des branches, ciel d'un bleu idéal et nuages transparents ou orage, bien sûr, orage, chez Giorgione, perspective complexe, monde en réduction de Van Eyck, rochers arbres pics fleuves en perspective bleu et ocre au dessus de l'épaule de la Joconde de Léonard de Vinci, bien entendu Léonard, paysages opulents et précis des enluminures des très riches heures de Barthélémy d'Eyck et Jean Colombe, tant d'autres moins évidents...
ce que je découvre en me levant de mon banc, en faisant quelques pas jusqu'à la rambarde du haut du rocher...
et puis l'amour lointain ou amour de loin de Jaufré Rudel et celui de Saariaho

lors
la saveur délicatement archaïque, le son tout rond, sec, précis, pour fixer dans la pensée et le temps

lui
parce qu'il est venu dans un commentaire de Pierre Chantelois, je l'ai ajouté comme un incontournable. Et puis j'ai eu envie de mettre un point d'interrogation à la suite, que ce soit un lui pour autrui, un lui pour inconnu intrigant, un lui pour un être aimé, un lui avec un point d'exclamation exaspéré, un lui étonné... il m'échappe.

luisant
les vêtements trop longtemps et dignement portés, chez Balzac, mais pas que...
l'éblouissement presque désagréable mais tellement joyeux des dalles sur lesquelles j'avance – l'esprit qui se vide qui n'est plus que dans ces yeux un peu plissés.

lumière
un visage aimé qui sort de l'ombre où le corps est baigné, un visage nu et tendre, que les rayons du soleil, filtrés par des branches, des persiennes, un vitrail, caressent, un visage qui est rencontre de cette lueur qui le touche, de l'amour qu'on lui porte, et l'on croit que la lumière vient de l'intérieur, que c'est un peu de l'âme qui transparaît... douceur de l'illusion d'être seule à la percevoir, à la contempler en silence.

lumignon
souvenir des processions au coeur des étés, d'autrefois ou de jadis, des bougies plantées dans des coupes de carton, de la ligne de petites lumières qui serpente, dont on est partie, dans le noir, dans le confort d'un peu d'ennui.

lunettes
Souvenir de mon refus vexé, puis de l'acceptation, résignée, évidente, ordinaire, le jour où j'ai dû reconnaître que j'en avais besoin, moi qui était si fière de ma vue (rien d'exceptionnel pourtant), qui pensais que c'était la seule chose que j'avais de bien... et puis, comme pour tous, le jeu de cache-cache perpétuel. C'est tout de même un des objets les plus farceurs qui soit.

luxe
l'aime, bien sûr, peut-être plus que la moyenne, mais surtout pas estampillé, évident, omniprésent, ostentatoire..
Je prétends qu'il m'est plus indispensable que le nécessaire, et bien entendu n'y ai que très rarement accès. C'est très bien ainsi, le veux rare, discret, non gênant, supportant la désinvolture, devenu compagnon, mais réel – et quand par hasard j'y ai droit, le petit remords que j'en ai n'est pas tout à fait dénué d'une petite joie légèrement perverse.

7 commentaires:

Pierre R Chantelois a dit…

Un L généreux et passionnant qui mérite volontiers les deux rubriques qui lui consacrées.

jeandler a dit…

Joli ce L bis.
Dis-moi, c'est encore loin le Paradis ?

Brigetoun a dit…

je n'ai aucune lumière sur le Paradis

Michel Benoit a dit…

Lui, le L, luit.

Bonne journée !

:D

JEA a dit…

lacryma christi : spatristi, c'est pas triste (du moins avec modération)

joye a dit…

Que le monde est petit, nous avons les Loess Hills ici en Iowa !!!

http://en.wikipedia.org/wiki/Loess_Hills

Gérard Méry a dit…

Il féminisé...Israël !(il sera L )