météo
second
réveil, ciel bleu, air frais
épaules
frissonnantes dans le tournant de l'été, retour pelotonnée entre
draps pour écouter, grâce à un lien de François Bon, Dominique A - aveu, c'était pour moi surtout un nom)
http://www.youtube.com/watch?v=h_rnfkjklIM
et puis tout de même, comme cela dure une heure environ, se lever,
café, vaquer.
Pendant
que je tourne un tantinet en rond, dans ma nervosité de timide
inguérissable à l'idée de prendre un café avec deux brillantes
jeunes femmes qui ne me sont connues que par de légères rencontres
tweeter, de grandes nappes blanches s'installent, repartent,
s'effrangent, mais le vent attendu s'est rendormi.
Place
du Palais, devant l'escalier, parce qu'elles vont visiter les
Papesses (leur ai dit : penser Lambert, intelligentes l'avaient déjà fait), après leur brunch, avant
mon déjeuner, rencontre et, bien sûr, un très agréable moment
dans la douceur ensoleillée. Mais la Brigetoun très touchée de la
gentillesse de cette attention, a réagi, désespérément, par un
petit flot de mots.
Puis
jour de soleil et sommeil profonds.
Lecture
eu
envie d'une pause dans une lecture intéressante mais que trouvais,
dans la nuit descendante, un peu trop austère pour mon humeur et
pris le Tollé, un «petit»
James que j'aime bien, petit roman tiré d'une tentative théâtrale
– les américains amateurs d'art et armés de belles fortunes et
les aristocrates anglais à la tête de superbes collections,
désargentés, très relativement, l'orgueil et la tentation de céder
à une basse rapacité – vue par eux – le besoin personnel et le
patriotisme, le romanesque de la résistance d'une belle et noble
jeune lady à un mariage-dévouement-à-la-prospérité-familiale, le
raffinement des phrases de James poussé parfois jusqu'à une
obscurité caricaturale – plaisir d'en sourire comme des défauts
d'un proche. Me suis endormie sur la clarté, tout de même, de la
réaction de Lord Theign à une lettre qu'il juge offensante de ce
terrible Mr. Bender
«Parce
que c'était un tissu d'expressions qui peuvent sans doute
couramment passer dans son curieux univers et dans son étonnant
pays – dans leurs affreux journaux ou par-dessus les comptoirs -,
mais que je refuse de prendre le temps de déchiffrer ici.»
alphabet
jour des O que pensais réduit, assorti à l'oisiveté
qui sied au dimanche, mais pendant que tournais en rond légère
enflure de la liste. Or donc :
O
bouche en rond, lèvres qui avancent, invocation,
louange (mais il faut le chapeauter dignement) - ajouter un h comme
une reprise de souffle et s'ébaubir.
Et ô indulgents que vous êtes, acceptez que cette
boule feuillue prenne place de la lettre.
oasis
auxquels je ne pensais pas, qui est un des deux mots qui
se sont imposés à ma volonté défendante en lisant, savourant -
entre le plaisir jubilatoire que me donnait le texte et la crispation
de mon désir de goûter tous ces mots en o sans leur laisser
possibilité de se fixer dans ma conscience - le billet paru aux
toutes premières minutes de ce dimanche sur le blog de Giovanni
Merloni, dans le cadre de son alphabet renversé, perle de malice,
virtuosité, intelligence o ou oloé
http://leportraitinconscient.com/2013/08/25/o-ou-oloe-alphabet-renverse-de-lete-2013-n-13/
mais je le boude, ne veux y penser, rêver des
palmeraies, de l'irrigation, des notables et artisans, de la
fraîcheur des nuits et du ciel immense, ni du sort ces temps ci de
cette civilisation – juste, pour ne pas en rester là, pour les
sons, un peu pour mon ignorance et mon envie un temps de connaître
mieux, chantonner les oasis mozabites Ghardaïa, Bounoura, El
Guerrara, Melika, Berriane, El Atteuf, Beni-Isguen.
obscur
le goûter, un peu, quand il est douceur après la trop
grande lumière.
Aimer que les mots creusent le sens, le cernent,
tâtonnent un peu et frôlent l'obscurité dans leur recherche du
réel, mais qu'ils restent sur la crête, et suis fatiguée de ceux
qui semblent la rechercher, cette obscurité, pour elle-même et pour
tenir lieu de profondeur.
Et puis il y ce risque auquel je succombe parfois, pas
trop souvent je voudrais le croire, d'y tomber, quand je me laisse
aller à la prétention et que s'y joint ma maladresse.
obstination
un de mes défauts majeurs, que j'habille du nom
d'endurance ou loyal entêtement, à moins que ce soit une qualité ?
un peu dévoyée
oignon
jouir de leurs couleurs, leurs variétés, les
photographier inlassablement, en souvenir de ce temps où les aimais
tant, eux qui me sont maintenant interdits, sauf en traces...
oiseux
le risque que court cet alphabet
olive
l'arbre aimé, la civilisation de notre mer, cette
satanée mer bordée des terres où il est né, où sont nés la
plupart des mythes, des philosophies qu'exploitent nos seigneurs du
nord, cette satanée mer bordée de peuples qui ont tant en commun
que se sont toujours combattus..
la beauté royale et tourmentée des arbres centenaires,
la beauté des vergers.. mon amour des huiles et curieusement mon peu
de goût pour les fruits, sauf quand les regarde, avec un espoir
incrédule (avec raison), tenter d'arriver à maturité sur mon
olivier fou...
Athéna, les oliviers de Jaén, et puis les pages où
Giono parle de la cueillette dans le froid glacial et du poids du
fruit dans la main.... la force horrible de l'odeur des pressoirs
aussi – et la plasticité sombre de la pâte.
oloé
l'autre mot qui m'a sauté aux yeux en lisant Giovanni
Merloni, et, lui, l'ai salué humblement, navrée de l'avoir omis
dans ma cueillette
le mot, forgé par Anne Savelli, qui s'est imposé –
et tous les endroits qui peuvent le porter, coin de jardin, chambre
paisible, table de café où le brouhaha aide à s'isoler, rocher au
bord de la mer ou près d'un sommet, trottoir où l'on fait une
interminable queue pour un spectacle, etc... tous ces endroits où
lire ou écrire.
ombre
la lumineuse fraîcheur sous un arbre (ah le gigantesque
tilleul de Solliès-Pont!), sous un parasol, dans cet abri où nicher
un oloé ou une paresse, un déjeuner, une conversation
le jeu des ombres sculptant les plis du parasol replié
les touches qui font tourner un visage, une épaule...
sur un dessin
la tendresse d'une nuque sous un chignon, d'une aisselle
le trottoir bienheureux dans les rues bien orientées
(qui est venu dans notre conversation sous un parasol devant le
palais)
les doubles, si grands en fin de journée, qui
s'attachent à nos pieds – et la navrante histoire de l'homme qui
avait vendu la sienne
mon plaisir toujours renouvelé
opération
de rudes instants, le plaisir de se confier, d'être
objet irresponsable, avant le travail qui nous incombera ensuite, mon
regret de n'avoir pas trouvé, après l'une, sur ma table de nuit,
une côte, comme on le fait pour un appendice, pour m'en faire une
arme très chic (auto plaisanterie récurante à laquelle n'ai pas
résisté, pardon demandé)
optimisme
ce qui m'habitait en pensant à la rareté relative des
mots en o
or
le plus commun des luxes, qui a perduré comme réserve
de richesse pour les femmes à son détrônement comme monnaie
le dédain où l'ont tient, dans nos discours, les
ors.... et leur beauté, leur sensualité, le reste de fascination
involontaire.
Or donc, ne le recherchons pas, ne le dédaignons pas.
ordre – organisation
nécessaire sans doute, mais point trop ne faut.
L'horreur de ces gens qui font de son maintien (menacé
par les autres) le but suprême au prix de n'importe quel
bouleversement brutal
les barrières, files, canalisations des flux humains
qui me donnent une irrésistible envie de les enfreindre (mon plaisir
en arrivant à faire une visite de salles du Vatican à
contre-courant)
l'éternel, impuni, arrogant désordre des inégalités
Mon incapacité totale à le respecter dans l'antre,
dans mon bureau, là où je passe, sauf les chambres étrangères (me
borne à laisser traîner un livre, un foulard pour l'amadouer)
L'organisation cachée sous une apparente anarchie de
mon travail, assez présente pour que le résultat cherché arrive le
plus souvent comme un bienheureux miracle.
original
préférable à la copie, Messieurs, tout le monde le
dit, et c'est vrai, alors arrêtez vos dérives
les originaux, ces gens délicieux si ne le sont pas
trop... rejetés dès qu'ils lassent.
Boudiou que suis longue et verbeuse,
alors juste, très brièvement, deux lettres, un son,
deux mots
ou
l'ouverture vers tous les possibles, vers l'impossible
parfois, et la nécessité navrante du choix
où
...es-tu ? disent les téléphones croisés dans les
rues,
où faut-il aller ? question qui change de tonalité
selon la nature du but
où suis-je ? vertige de réveils
Bon, là où suis arrivée, j'arrête, ne sais que dire,
mais tant pis : je l'avais noté, il est là.
10 commentaires:
L'opéra aurait-il déserté inconsciemment votre abécédaire ?
Mais tout est chOix...
L'olive y est, par contre, et me rend jaloux !
ah tous les oubliés !
Une belle page d'humour. Ô combien.
Que d'O ! Que d'O ! (À l'eau, quoi.)
Toute une histoire... :D)
Et des ph☺t☺s...
O pressé ce matin ! ! !
Amos Oz :
- "Mais que m'a-t-il réellement appris ?
Peut-être ceci : à ne pas projeter qu'une ombre..."
Et tu dis "rareté relative des O "!!!
Ô Ô OH!!
Dominique A : une découverte bouleversante. Une voix, une voix venue d'un univers que je ne connaissais pas.
Bonjour Brigitte,j'ai copié votre alphabet à la lettre -Vie- sur ma page Facebook UN jour UN tableau : En avais-je le droit? j'adore vos mots "rieurs" qui roulent,s'enroulent et s'envolent...
très flattée
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