météo
ciel
indécis pour saluer mon tardif réveil à sept heures, propulsée
sans étapes hors du profond puits du sommeil – petit flottement –
café médiocre, mini toast pour trois cuillères de confiture au
gingembre en colline instable, pied dans cour et bleu radieux.
S'arracher
à twitter, encore un rien dépeuplé, où je me réfugie dans
l'indécision devant le jour à peupler d'actions.
Les
derniers petits-déjeuners sur la place de l'horloge baignaient dans
la quiétude douce, la ville se vide de plus en plus de ses
visiteurs, se repeuple de vauclusiens, les boutiques, elles, sont
fermées dans mon quartier, du moins les quelques qui proposent autre chose
que des vêtements, et les vitrines de ces dernières se partagent
entre soldes désespérées et manteaux et vestes pour grand froid.
Lecture
Dans
le calme détachement de la nuit les leçons de solfège et de
piano de Pascal Quignard, avec
la belle, claire, touchante évocation de la tante, et la défense de
l'esprit et l'art humiliés, et la reprise des deux autres textes sur
Gérard Bobillier, l'amitié ce miracle : l'autre
surgissant en première personne du singulier dans l'espace des
interlocuteurs et à propos de
Paul Celan jusqu'aux dernières lignes, cette version
géniale de la cigale et de la fourmi
- Pourquoi n'as-tu pas fait, de provisions durant l'été ? demande la fourmi dans Babrios de Syrie
- Par manque de temps, répond la cigale de Babrios, car j'ai été contrainte de chanter le dieu afin que tu survives.
alphabet
La
liste des M restants est là, avec ou sans intérêt, trop longue...
je commence par penser : sois brève... et je grimace, parce qu'il y
a ce premier mot, et le long détournement que j'ai écrit dans la
nuit, que, à tort ou à raison (si ce n'est ce détournement) je
n'ai pas envie de jeter
Alors,
tant pis, on verra, au fil de ce qui viendra, et donc d'abord :
moissonneuse
par amour ignorant des
machines, pour l'idée aussi, et pour le souvenir très lointain - si
lointain qu'essayer de m'en souvenir c'est presque comme écouter un
conte - un souvenir qui est venu là par association inconsciente,
puisque ce n'était pas une moissonneuse (d'elles j'ai des souvenirs
ensoleillées, et du corps tressautant dessus), ni même je crois une
moissonneuse-batteuse, mais une batteuse, énorme - l'une des
premières me disait un des gars, mes amis de cet été là, que ce
soit vrai ou non, même que son père l'avait loué, et qu'elle
faisait le tour des villages - tant pis mon souvenir l'a baptisée
moissonneuse, et il y a un lien tout de même, non ? donc : une nuit,
bien noire comme il y en a encore à la campagne, un bâtiment de
ferme en bordure d'un chemin où nous arrivons en traversant,
chevilles tordues, pieds glissants, petits rires, un pré - des dos,
du bruit, et derrière les dos une lumière de forge, de purgatoire,
de différent - s'approcher, des plaisanteries à la gamine, on me
fait place, et cet énorme chose noire et illuminée, des hommes sur
une charrette, tout le hameau là, regardant, aidant, les gerbes
passant devant la lumière, les courroies qui filent, une pluie dorée
- j'invente sans doute ou mon souvenir s'invente, plutôt, mais mon
éblouissement, sa force, est réel - et elle est là pour les
moissonneuses, les vraies, et les tracteurs, toutes ces machines que
j'ai vu arriver peu à peu dans les villages où nous partions pour
changer d'air (quitter la mer, cela semblait à l'époque souhaitable
pour notre santé)
monogramme
permet
aux familles sans blason de poser leur marque, d'afficher leur
possession – change à chaque génération, gardant le souvenir des
ancêtres – à moins que, comme ma grand-mère et ma mère, on
choisisse de s'unir à un patronyme qui permet la transmission
inchangée - même si je suppose (sourire) que ce fut inconscient...
et partant du droit des célibataires à garder leurs deux initiales,
j'aurais pu, avec petite soeur, revendiquer toute l'argenterie, les
beaux draps de lin ou de lourd métis...
Ne
peut s'évoquer qu'avec un peu d'ironie, mais aussi de tendresse et,
avec plus ou moins de difficulté, sollicite le goût et l'habileté
de dessinateurs pour obtenir, parfois, de très beaux motifs dont
tout le monde a oublié, au bout d'une centaine d'années, le sens –
permet alors des recherches – au fond c'est très utile.
montagne
un
monde sublime, impressionnant, très attachant et riche pour la
plupart des gens, terrifiant aux temps anciens ...
Le
cadre de vacances d'ennui profond en mon adolescence (ah la
contemplation du Pelvoux chaque matin, dans le cadre de la fenêtre,
pendant deux mois, quand on voudrait tant que ce soit la mer qui
vienne s'y encadrer, vivante !... et les promenades, avec petit sac,
chandail autour de la taille, provision de tartines et de pruneaux,
avec toute la marmaille, à la suite du grand-père et de sa
canne....)
morue
indiscutable,
indétrônable, mon indispensable... et mon ignorance décidée de
toutes les recettes inventées pour la consommer (me contente d'un
pochage si bref que presque inexistant) – plaisir, ici, de
l'acheter en détail et sans empaquetage plastique, le goût plus
savoureux et riche des lingots ou blocs et les jurons en prélevant
la portion du jour, à la rencontre des os ou grosses arrêtes, des
éventails des nageoires, de la peau résistant au meilleur
couteau...
mort
la
saluer avec amitié, la garder comme un but plus ou moins désiré...
mais
esquiver celle des humains (trop déchirante est celle des proches,
des aimés, trop douloureuse celle des autres), garder les branches,
les feuilles, leur splendeur, la variété presque infinie des
jaunes, bruns et rouges, du rose presque transparent, de l'incarnat
au sombre grenat, et le petit goût de regret que l'on déguste avec
ce plaisir que nous accorde la nature au virage de l'année.
moto
si
belles, et si détestables quand elles roulent sur les trottoirs
exigus du deuxième arrondissement, chevauchées par des gens qui
travaillent, eux, et poussent nos fesses avec leur roue avant (et
nous piétons émergeant des bureaux pour chercher pitance ?), ou
quand elles prennent le bout de trottoir devant ma porte, en période
de festival, pour un parking et que je dois me faufiler pour entrer
ou sortir, ou même demander aide pour en déplacer une (j'étais
heureusement à l'extérieur).
Maintenant
que j'ai sacrifié à ma mauvaise humeur rituelle, reste la
fascination devant certaines superbes machines, et l'amusement devant
le monde des motards – et puis mon petit triomphe, être celle qui
obligeait mon premier flirt à marcher à pied, refusant de parader
derrière lui sur sa grosse moto de l'armée allemande (disait-il)
mousse
douceur
du mot, plaisir, mêlé d'un léger dégoût, de la tendresse ferme
des petites masses agrippées aux pierres ou aux troncs, et de leurs
teintes fuyantes – j'aime les jardins au bord de l'abandon ou les
fonds de parcs..
Agacement
amical d'abstinente, que le foot ennuie de surcroît, quand le salon
familial était investi par des mâles réclamant une petite bière,
se la servant, s'installant devant l'écran... sortir.
mousseline
aime
le mot, aime rêver de beaux saris, légers, solides, à peine
translucides, comme un soupir... n'aime guère ce que l'on trouve
souvent sous ce nom.
moustache
pour
toutes les photos d'ancêtres... pour le souvenir de baisers
et
pour celui d'une femme et de filles réagissant avec horreur aux
photos d'un père s'inventant une tête de pirate turc, grandes
moustaches et crâne rasé, parce que la mer, une longue campagne,
lui avaient donné la liberté.
mouvement
est
la beauté, si grande que l'immobilité est belle du mouvement
qu'elle contient en suspens.
mur
ici
beauté un peu trop officielle et omniprésente de celui qui a
conquis le droit d'être Le mur.
et les murs
mes amis, de pierre, nus ou crépis, de béton, ou, moins familiers,
de briques avec leur variété de formes, de couleur.. leur peau,
leurs percements, le terrain de jeu qu'ils offrent à la lumière et
la protection qu'ils nous accordent (avec le toit).
Les
murs de pierre sèche cette merveille de science populaire.
Et
tous les murs détestables qui séparent...
Un
peu n'importe quoi tout ceci ma fille... tant pis.
Restent,
méprisés, le malheur, la méchanceté, la méfiance et même les
miracles...
11 commentaires:
Des images que j' M.
Occasion rêvée de régler leur sort aux Motos.
"MMMMagnifiquesque"les M sont en MMMajesté chez toi
J'aime le jour à peupler d'actions!!!!!
Mon dernier M sera Merdre !
Corneguidouille !
:D)
Votre alphabet est un bocal de friandises... Merci.
j'aie les contributions de Michel
J'M
Tristan Tzara :
- "Derrière le mur
des mémoires
la meute
des brumes dissipées..."
beau, merci.. et voilà qui va flatter ma trop grande tendance à la rêverie ce jour
Qui m'M te suive !!
commentaire effacé par la stupide Brigetoun ensommeillée à l'aube de dimanche
de Pierre Chantelois
Un mur avec suffisamment d'ouvertures pour voir OU rêver de découvrir cet autre côté qui nous est totalement inconnu.
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