Ce serait une envie
d'abri, abri magnifique et symbolique, légèrement illusoire car
abri sans mur, sans retombées, abri ouvert à tous entrants, mais
abri contre soleil et pluie, un toit superbe.
Ce serait, ce pourrait
être, un magnifique chapeau pour un mariage, ombrageant souplement
un chignon, frangeant le regard... ce serait l'amusement des baisers
polis entre dames grandement chapeautées.
Ce serait lever les yeux,
nicher ses pensées dans l'ombre noire au creux d'une large branche,
près du tronc.
Ce serait un cèdre, évadé
de la belle forêt du Ventoux, venu se coincer là, tordu un peu par
le vent et la recherche de la lumière, entre mon vieux quartier et
la Balance, ce serait mon cèdre baroque, point de mire pour la
grimpette finale, au bout de la rue Saint Etienne, en longeant, un
pied devant l'autre, épaule frôlant ce pan de muraille antique,
incorporé aux maisons, si vieux et massif qu'il semble roche, en
longeant la Petite Pêche, ce restaurant de poissons aux sympathiques
patrons que j'aimerais découvrir, retenue simplement par la navrance
des dîners solitaires au restaurant.
Ce serait sortir de ma
rêverie avec le mot cèdre rodant dans l'esprit, ce serait ouvrir
Wikipedia...
Ce serait refuser ce que
dit le messager d'Allah, Abou Hourayra : Le
croyant est comme une plante cultivée qui croit et que le vent fait
pencher, car le Croyant aussi ne cesse de subir des épreuves.
L’hypocrite, quant à lui est comme le cèdre que rien ne peut
secouer jusqu’à sa chute.
Ce
serait l'odeur de l'erez – ce serait un magnifique et gigantesque
coffret à huiles pleines de vertus – ce serait un bois précieux
et fragile – ce serait un beau port.
Ce
serait penser au Liban, bien entendu, sans douleur, rêver de sa
beauté.
9 commentaires:
Conjuguer au conditionnel procède d'une grande sagesse car de certitude rien n'est moins sûr.
Le cèdre est beau, on cède devant son ramage.
J'aime beaucoup l'utilisation que, souvent, vous faîtes de "ce serait", vous en avez saisi la musique, vous savez l'employer avec une vraie légèreté, au point que, lorsque je le vois apparaître sous mes doigts, au clavier de l'ordinateur, je pense à vous.
Pauvre Liban dévasté par les vents de l'Histoire.
il a été construit comme ça, pour être faible et ne pas risquer de gêner un voisin ?
Il n'y en a malheureusement plus beaucoup, des cèdres, au Liban...
Un Liban "décédré".
Mais il y a effectivement une forêt de cèdres dans le Ventoux.
Le cèdre est un bel arbre son âge se lit à sa ramure
Sa senteur enivrante d'un coffret de la nuit des temps qui embaume toujours
J'aime tes grands chapeaux et les baisers compliqués et polis des Belles Dames
cadeau...à une lieue de chez moi .
http://krapooarboricole.wordpress.com/2008/11/02/cedre-du-liban-tours-indre-et-loire/
"Mercredi dans les Alpes"...
visible sur http://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2012/02/05/mercredi-dans-les-alpes/
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Pourquoi j’ai choisi ce titre ?
Hein, -sans doute parce que
Cà sonne comme un jour changeant ,
Et les sonnailles du bétail dispersé.
Le lendemain, transforme le monde,
Les murailles gris bleu sont maintenant orange
En tournant la tête, je déchire quelques nuages
Cavalcade de quelques bouquetins en éboulis
Le lendemain est aussi tout à l’heure
L’épaule suspendue de la montagne
Se teinte d’éclairages d’hiver et la fantaisie
d’oiseaux de Magritte englués dans le roc
Sages tracés de remontées mécaniques
striant les pentes de lignes mobiles
Ruches bourdonnantes d’immeubles agglutinés
Comme d’excroissances vénéneuses.
Le lendemain changeant me dit le pays voisin
Transformant la parole, en langage étranger
Mon père disait " mâcher de la paille"
En absence – Prévert -de passage- muraille
Et de tunnels routiers audacieux
Et les spirales des voies ferrées d’antan
Forant des kilomètres rocheux
Et jouant des ponts si improbables
C’est vers Tende, je me souviens
Me rappeler pourquoi, avant la mer
Les pentes sont encore les Alpes
Les replis gardant de petits lacs miroirs
Autant de joyaux liquides
Aux balcons des pentes velours
Le lendemain qui transforme le monde
Attend en silence le départ de l’ombre
Le rideau de lumière, combattant la nuit
Après avoir happé les crêtes,
Peu à peu lui grignote une part de jour
En allégeant son triangle- c’était en rosé
Le lendemain est aujourd’hui, posé
L’aube a relégué mercredi
D’un éclairage nouveau le haut fantasme
de glaces construit le jeudi.
—-
RC
5 fev 2012
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