météo
réveils
successifs, de moins en moins nocturnes, et départ yeux flous
affrontant l'éblouissement du soleil frisant la rue.
Passer
à la banque pour vérification, acheter cigares et canard et marche
qui se voulait lente dans le soleil et le vent qui forcissait, mais
ne l'était pas tout à fait - je suis arrivée très en avance à
l'opéra – un café à la terrasse de la Civette, dans le petit
mistral débouchant de la place – résolution de penser chandails -
et attente sur les marches, à l'abri de Corneille, en méditant avec
Molière.
Retour
vers l'antre avec les billets «opéra» en calculant comme pouvais
un budget dans un esprit décidément en mode paresse – ce qui a
été une constante du jour, les idées qui avaient survécu à la
nuit s'en étant allées je ne sais où, avec le vent.
lecture
dans
la nuit des quelques pages de la manifeste du saumon sauvage,
joli petit livre de Rodolphe Christin qui était joint à une
commande aux Éditions de la Revue des ressources
http://www.larevuedesressources.org/-sur-err-editions-de-la-revue-des-ressources,141-.html,
l'histoire d'une conversion violente par l'écologie (en gros) d'un
conseiller en management à une vie libre d'écrivain
Ce
sera l'occasion de donner du sens à cet acte de libération des
saumons. J'y ajouterai des cavales philosophiques, des récits
réalistes et dingues, satiriques, sans illusions, avec malgré tout
un soupçon d'histoire entre les lignes. Le tout porté par une
orgueilleuse vitalité. J'emprunterai des identités fictives qui
deviendront réelles. Je sèmerai la confusion, bousculerai l'ordre
des choses et personne ne parviendra à me suivre. Impossible de
remonter ma trace ! Personne ne croira qu'on puisse écrire un livre
pareil, post-exotique en diable, si loin sous les tropiques, pas vrai
?
alphabet
restent les dernières lettres, ces pauvres lettres que
la langue dédaigne... et mon crâne en a fait autant, se refusant...
j'en ai extirpé, pour leur rendre hommage
wagons
des TGV, ces endroits que l'on améliore, rend plus
confortables, et que j'aime de moins en moins - réactionnaire suis
et je supporte avec impatience les sièges qui décident pour moi de
la position de mon corps au repos, leurs couleurs qui se veulent
gaies, et surtout l'obligation de s'y asseoir (nostalgie idiote des
couloirs encombrés des départs en vacances vers Toulon, où nous
dormions debout comme pouvions ? ou pire, de la poussière de charbon
dans les yeux quand, le buste penché à la fenêtre, j'avalais avec
délice l'air fouetté des campagnes traversées ? et le charme des
banquettes de bois plutôt que le contact des tissus)
du métro qui étaient trop familiers pour que j'ai
l'ombre d'un jugement sur eux (sauf le mal de mer que je m'imaginais
devoir ressentir dans les longs serpents de la ligne 1 ou de la plus
récente)
les ridicules wagons (au fond, oui, s'en sont) du petit
train de touristes qui étaient les seuls disponibles sur mon chemin
ce matin.
X
l'inconnu, dont je ne saurais donc que dire, et puisque
cette image, dont j'ignore ce qu'elle pouvait bien représenter, est
passablement ingrate, je l'inflige au mot qui m'était venu à
l'esprit :
xénophobie,
cette étrange et misérable maladie, à dédaigner sauf quand la
rencontrons et que nous sommes contraints de lutter contre elle, sans
grand espoir, puisqu'aucune raison ne saurait l'entamer.
yacht
pour certains ponts de bois, pour leurs longues lignes
coulées sur l'eau, et le rêve qui m'envahit, sur le quai, un peu à
côté, les caressant des yeux par moments, timidement, discrètement,
ou quand, rarement, j'en voyais un s'approcher toutes voiles dehors –
et les ordres qui courraient sur l'eau pendant qu'on affalait la
toile
pour le souvenir du bateau, légendaire dans la famille,
qui a été celui de mon grand-père, bien avant ma naissance, la
Thétis, au beau nom, un peu sous-voilée dit mon frère sur
la plaquette où je l'ai captée, mais bien belle, pour le souvenir
de la photo sepia que j'ai longtemps traînée avec moi, pour le
souvenir des histoires racontées par mon père et ses frères, du
bateau, des passagers, des invités, des deux chiens de chasse au
sanglier.
pour les odeurs de toile et de cordes.
yeux
une porte de l'image du monde, et cette façon qu'ils
ont, sans que nous en ayons conscience, d'interpréter cette image,
de voir une auto garée entre arbres et buissons, là où l'appareil
photo, qui a la grâce de ne pas être lié à un cerveau, nous
invite en un monde étrange.
Les regards et ce qu'ils disent, tendresse, arrogance,
colère, sourire, quand on n'y pense pas.
Et mon étonnement, toujours, devant les gens qui
portent foi à ce qui est dit «les yeux dans les yeux», alors que
cette insistance, cette volonté raidie pour persuader, éveillent ma
méfiance.
zélote
qui est venu instinctivement, parce que je l'aime, pour
le son.
Et au fond aussi pour ce qu'il désigne, une révolte,
une résistance, appellent toujours notre approbation.
zéro
espoir – ce que me répétais hier en descendant vers
l'antre, laissant derrière moi les manifestants qui, je pense, n'en
avaient pas beaucoup, mais qui, eux, ne s'arrêtaient pas à cela.
zeste
pour le plaisir de l'odeur qui s'est dégagée quand
l'ai prélevé grossièrement.
Et
pour zébu et
zoulou, je les salue, ne sais
qu'en faire, les laisse là pour clore.
11 commentaires:
Vous avez su donner du caractère à l'alphabet. Merci pour cette belle promenade littérale.
Terminer sur ce zeste est un beau geste.
Ce qui est rassurant c'est que vous pourriez écrire un autre alphabet avec les mots qui ne sont pas venus spontanément...
Je vous double, vé,
Félix
Ami grec
Je vous aide.
o_O
Zut ! c'est déjà fini. Restent les pages roses...
pour le z, je salue pour vous l'église dédiée à San Zaccharia et les Zattere et les fondamenta del Zitelle sur la Guidecca...
un zeste, un sourire.
L'alphabet ! Quelle source toujours fraîche d'émerveillements ! Merci de nous avoir conduits par la main sur ses berges enchantées.
Michel, Pierre et les autres vais regretter vos trouvailles
Extra ta première photo en contre jour. ...et la dernière un zeste de nature morte.
X Y Z et la page est finie
XYZ avec tout ce qui reste à dire...
un beau parcours
MERCI
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