météo
grande
lumière sur la ville, ciel durement curé par le petit mistral
jambes
frissonnantes dans la légère jupe courte qui dansait, plaquée,
froissée, retroussée dans le vent, petit tour quartier
sommeil
rodant tout le jour, penser aux cosaques, tenter participation,
penser vaguement, roder autour du thème qui vient d'être décidé
pour l'échange légèrement terrifiant ou intimidant pour les vases
d'octobre, et reprendre les terrasses échangées en septembre avec
la charmante cour-intérieure-terrasse new-yorkaise d'Olivier Hodasa
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/09/vases-communicants-brigitte-celerier.html
les
terrasses
Moi, tu sais, finalement,
je le réalise, je n'ai pas tant de souvenirs de terrasses de café,
ou ils sont très anciens, ou incertains, ou peut-être inventés.
disait-elle.
Moi, je suis de la race
des comptoirs, des cafés bus debout, le matin avant de commencer la
journée de travail... ou comme une pause, une compensation au
déjeuner que les rendez-vous ont fait sauter... ou dans une banlieue
inconnue, pour me détendre un peu et payer le renseignement demandé,
quel est l'autobus à prendre pour aller à telle adresse... ou, de
temps en temps, trop brièvement, ce qui interdit de s'asseoir –
mais je n'ai pas envie de m'attarder, je ne sais pas faire, inventer
une complicité quelconque, ne suis pas un homme - avec un chef de
chantier ou les représentants des entreprises devant se coordonner,
en redescendant d'un toit, après une visite d'appartement en cours
de réfection...
et prenant un air très
assuré, et passablement exaspérant
Oui je suis bien trop
active pour les terrasses de café.
Un temps – un regard
qui part dans vague de ce qui lui sert de réflexion et
Quoique, au fond, oui, le
repos, parfois.
comme les derniers temps
de Paris, avant de remonter chez moi, à une des tables du café, à
côté de ma porte, en haut de la rue de la Roquette... mais c'était
le matin, et il y avait moins de monde que là, quand les gens de
Google sont passés, j'avais une table isolée, et je regardais la
vie tranquille.. les femmes qui traversaient pour aller faire leur
course au Carrefour, les voitures qui tournaient et filaient,
descendaient vers la place, une classe, les enfants qui se tiennent
par la main, deux adultes - lequel est le chien de berger ? - les
voix du garçon et de la patronne derrière moi, dans le café, le
groupe de jeunes qui discutaient tranquillement chez le tunisien,
devant la boutique ouverte à cette heure là, entre les toiles bleus
remontées.... jusqu'à ce que je vois sortir de mon immeuble le
bonhomme qui venait de monter en portant, contre deux ou trois
pièces, mes paquets pour les déposer sur mon paillasson, ce
bonhomme familier de tout le quartier, celui qui, tous les jours,
vendait son journal à la porte de Carrefour... moi je n'avais pas la
force en ce temps là.
un silence, et le flot
de mots repart, inexorable, avec des pauses imperceptibles, des
hésitations
ah c'est vrai ! je me
souviens peu à peu, il y avait aussi les heures passées devant une
coupe Ras-le-bol – drôle que je me souvienne du nom - à la
terrasse du Publicis Saint Germain, la regarder de temps en temps,
en prendre une cuillère après avoir bien choisi, rêver sur un
livre, regarder la queue devant le cinéma, les passants, le soleil
sur le carrefour, les autobus, les voitures, les tables voisines où
on chuchotait, mais il n'existe plus depuis longtemps et les coupes
Ras-le-bol non plus... alors disons Bandol, et Poupoune, avec un café
liégeois, vers la mi-septembre, quand la foule de l'été part,
quand je quittais Paris en voyant les aoûtiens rentrer et repeupler
maussadement le métro.
Une fin d'après-midi,
deux ou trois couples, des silhouettes isolées devant un café, un
verre, ou une glace comme moi, quelques conversations à voix
mesurées, des adolescents qui descendent du car, passent devant
nous, plaisantent en claironant, parlent des têtes encore inconnues,
du prof, de leur nouvelle classe, une voiture qui roule lentement,
avec un énorme poste de radio à plein volume, le silence revenu,
les pouf-pouf des pointus qui rentrent... j'attends un peu, et puis
je vais me lever, longer les caisses débarquées, les balances, les
gens avec des cabas, regarder, ne rien acheter, je préfère les
poissons de roche trouvés le matin chez le poissonnier.
ou ce jour à Florence où
je me serais, contrairement à mon habitude, assise à une terrasse
bondée sans regarder la carte et je serais là, me penchant de temps
en temps pour masser mes jambes, devant ma tasse de café vide – un
stretto si fort qu'on ne sait plus s'il est bon - que j'aurais
commandée alors que je voulais un granité qu'ils n'auraient pas...
mais je m'en moquerais, j'écouterais toutes ces voix, les criardes,
les discrètes, l'américain nasal, les grands rires, le chant rapide
de l'italien, les mères, et les cicerones en toutes langues, et je
me persuaderais que je suis à part, comme le penseraient d'eux-mêmes
tous ceux qui seraient là, avec ou sans guide et appareil photos, et
quand je serais reposée, je me lèverais, je quitterais la piazza
della Signoria, je rentrerais lentement, parce que tant à voir, vers
la pension de famille au premier étage, la minuscule chambre
blanche, ma petite terrasse presque contre le Dôme... mais je ne
sais plus très bien, c'est si vieux.
Ou...
un ton de voix en
dessous Au fond c'est vrai,
j'aimais bien les terrasses de café.
Elle
se tait enfin, se prépare à écouter.
9 commentaires:
Je retiens qu'on a le droit d'inventer les souvenirs, que les souvenirs sont parfois, souvent, inventés, et soudain cela allège le pas, et j'irai aujourd'hui, par la grâce de ce billet, rêver de mes souvenirs inventés et de tous ceux que je n'ai pas à la terrasse d'un café.
Une sorte de retour "alphabétique" qui vous a gentiment terrassée...
À la terrasse, le monde vient à vous et, aussi, au fond d'une tasse de café, les souvenirs se télescopent.
AH!! Poupoune à Bandol quand il y avait un orchestre et je dansais dans une robe rouge dos nu et bronzé
Mince, je ne reconnais pas Avignon...
o_O
Michel, les deux premières ?
Si, si les deux premières !
Le campanile de St-Louis ?
Le trottoir de la rue des Lices ?
J'ai bon ?
o_O
faux (oh je suis fière, je t'ai trompé)
l'Oratoire
la rue de la petite Fustrerie (je crois, presque certaine, pas les Lices en tout cas)
Il est encore temps de t'en créer des souvenirs ..ce ne sont pas les terrasses qui manquent.
Enregistrer un commentaire