Une journée sur laquelle
je porterai un regard assez neutre pour l'effacer... et un départ,
dans le début de nuit (en flânant dans la relative douceur de
l'air, en cueillant un peu de la grâce, un peu de la décrépitude
de la ville)
vers le jardin de Sainte
Claire, le théâtre des Halles
(et les boites de Timàr,
fondateur et directeur dudit théâtre) pour la lecture, par Alain
Timàr et Jean-Yves Picq de L'Atelier d'Alberto Giacometti.
Photo provenant du site
du Théâtre des Halles http://www.theatredeshalles.com
Cette
photo en fond de plateau, une assez belle assistance, tant de têtes
vivantes, intéressantes, inconnues de moi, d'humeur civile, et,
entrant par la droite le crâne et le visage imberbe de Timàr, par
la gauche la chevelure et la belle et sage barbe blanche de Jean-Yves
Picq. Une courte introduction par une des jeunes femmes du Parcours
de l'art auquel est offert cette lecture, et les deux voix, un peu
haut perchée de Timàr, baryton grave de Picq alternant.
Une
attention heureuse et tendue.
Pour
garder une trace, ici, pour moi, de ce texte, puisque je n'ai pas –
et là maintenant je le regrette intensément – le livre, suis
partie en quête et j'ai prélevé deux citations sur
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/LAtelier-dAlberto-Giacometti/ensavoirplus/
pour leur beauté
C’est l’œuvre de
Giacometti qui me rend notre univers encore plus insupportable, tant
il semble que cet artiste ait su écarter ce qui gênait son regard
pour découvrir ce qui restera de l’homme quand les faux-semblants
seront enlevés. Mais à Giacometti aussi peut-être fallait-il cette
inhumaine condition qui nous est imposée, pour que sa nostalgie en
devienne si grande qu’elle lui donnerait la force de réussir dans
sa recherche...... Et quand il a réussi à défaire l’objet ou
l’être choisi, de ses faux-semblants utilitaires, l’image qu’il
nous en donne est magnifique.
….
Il n’est pas à la
beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente
pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il
préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une
solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce
qu’on nomme le misérabilisme. L’art de Giacometti me semble
vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de
toute chose, afin qu’elle les illumine.
Et
cela continue, Giacometti, les rencontres pour le portrait, la nature
de l'oeuvre d'art, le regard sur les oeuvres, le regard du créateur,
la beauté de la solitude de l'oeuvre, la beauté de la solitude des
objets (une belle image de Giacometti, la serviette posée sur une
chaise, si seule, si évidente, qu'il semble qu'elle devrait rester
telle, immobile, si la chaise était enlevée).. la laideur et
l'amour...les matières, plâtre et bronze (tout ceci incitant à des
développements qui me semblaient passionnants).. la main posée sur
le plâtre qui en devient vivante..la grâce de la patte courbée du
chien en plâtre de Giacometti, son corps de plâtre effiloché et
métal, son avancée nez au sol, son évidence solitaire, et ce qu'il
est : Giacometti (d'après ce dernier), des anecdotes, des théories
légèrement évoquées etc...
brouhaha
aimable, séparation lente du public,
Brigetoun
sur le chemin du retour, en grande envie d'un cigare
et la
tour de l'horloge toute bleue dans la nuit, se cachant derrière un
reste de feuillage mais annonçant l'antre, le cigare, la lecture, le
dîner, le sommeil.
12 commentaires:
Comme si la lune bleue s'était posée au sommet de la tour.
Genet, Giacometti... : vous recommencez un alphabet ?
tiens merci - une idée - et puis finalement non je ne pense pas
Grand merci pour cette belle lecture matinale... des mots qui touchent la Vérité...
merci
et de superbes fautes d'orthographe que je viens seulement de traquer (en espérant ne pas en avoir oublié)
Timar toujours oui...Merci.
Et elle est où, la boutique Lola?
Mon livre préféré au monde, figurez-vous :) Merci pour ce compte-rendu, Brigitte
rue Joseph Vernet
Faire abstraction de tout ce qui gêne le regard. Une belle philosophie mais on a du travail sur la planche ! Et que restera-t-il de ce monde à la fin du rouleau ?
Que je n'aime pas ce goudron noir...
Deux sculptures de façades que j'aime bien : l'aigle à la tête voilée et la vierge qui montre ses cuisses et les fesses de son fils.
Merci de rendre compte de cette lecture, l'atelier de Giacometti était sans doute l'un des plus marquants, je n'en n'ai vu que les portions de murs exposées il y a déjà longtemps.
Pierre, l'essence - ceci dit prend sacs et l'en vais faire courses pour enrober
Giacometti..l'unique !
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