photo loupée, mais que
j'aimais, d'une des statues d'Alain Timàr
Un jour qui me fut peu
sympathique dès le premier réveil à quatre heures, et l'est
redevenu lentement, peu à peu, comme ça, pour rien, au bout d'une
petite demie-heure d'échanges en entrant dans la vie vers sept
heures.
Corps et crâne en vie
réduite, sans raison, ennui, languide morosité, marasme, flottent
des remontées, venues de je ne sais où (si, de l'évocation d'une
époque, de ce trou où j'étais jeune fauchée seule sténo-dactylo)
flottent des petites humiliations, prises avec rage, violente ou
intérieure et donc plus puissante, d'autant que j'ai toujours su que
c'était moi qui n'avais pas fait l'effort de surmonter cet état
(mais d'en sortir lentement, patiemment, silencieusement, chanceuse
que j'étais finalement), sensation stupide d'engraisser corps et
esprit, dégoût de soi, Brigetoun en version paumée, avec petite
auto-ironie souriante.
Ne suis pas généreuse,
je n'oublie, malgré ma volonté, désapprobatrice et sage, rien –
sans ressentiment, en faisant part à ma responsabilité ce qui
n'arrange guère les choses.
Petit coup de pied, lire,
passer aspirateur, manger, dormir, lire, écouter, coupée, et
laisser monter désir de faire mon miel du programme de ma soirée.
Partir, un peu après 20
heures, à l'Opéra, pour un concert du choeur «Arsys en Bourgogne».
Aucune vidéo disponible ne correspond à ce que j'ai entendu, mais
juste pour les donner à entendre, en formations différentes, et
parce que cela m'avait mo-ti-vée.
de Praetorius
de Bach
Bon, là, ce
soir, ils étaient 16 et surtout le programme était passablement
différent de leur répertoire enregistré.
Et, comme, je
l'avoue, mes yeux avaient glissé sur le programme, ne notant que
Praetorius et Debussy j'ai été assez surprise, mais ce fut un petit
cours passablement ludique et souvent tout à fait satisfaisant sur
les musiques pour choeur (sauf baroque et antérieur), en oubliant la
passagère et un peu agaçante impression devant certaines phrases
que l'ensemble était conçu pour se mettre à notre portée...
Cela s'appelait
Fantaisies vocales, cela
comportait de courtes pièces, majoritairement modernes ou
contemporaines..
et
ça a commencé par la simple et belle mélodie de Viva la
musica dans la version d'Ivan
Fröd et celle de Praetorius, qu'ils chantaient en traversant la
salle et montant sur scène et que le
directeur-musical-chef-de-choeur-meneur-de-jeu a voulu nous faire
chanter en canon, arrivant même, devant la timidité d'une bonne
partie du public, à faire chanter la
Brigetoun-qui-ne-chante-pas-parce-qu'elle-sait-qu'elle-chante-faux,
quasi correctement, appuyée sur le beau baryton exercé de mon
voisin.
Suivait
pour la voix parlée et la fugue la geographica fugue
d'Ernst Toch (mort en 1964)
et
puis (beau, complexe, Brigetoun en plaisir confortable) les animaux,
un chien, un chat, un coucou, et une musique colorée avec
capriciatta e contrappunto bestiale alle mente d'Adriano
Banchieri (1568-1634)
entre
une partie du choeur en coulisse et les chanteurs restés sur scène,
le plaisir de Che bon eccho d'Orlando
di Lasso (1532-1594) – fin de la musique ancienne...
continuant
les imitations, une joyeuse et parfaite interprétation d'I'm
a train d'Albert Hammond (né en
1944) (enfin les qualificatifs valent surtout pour leur reprise en bis
final)
Ice de
Bruce Sled pendant lequel je regardais la coupole dans la pénombre
en baillant
deux
courtes pièces burlesques et enlevées de Matyas Seiber (1905-1960)
dont il nous avait soigneusement traduits les quelques mots (contines
malicieuses sur une musique inventive)
Pour
montrer l'osmose texte-musique, ils ont commencé par un air sans
parole, mountain nights II pour
voix de femmes de Kodaly (1882-1967) qui m'a semblé invertébré et
désagréablement ennuyeux (pourtant j'ai entendu de belles pièces
de lui)
et
puis, différentes, mais également belles, deux réussites
Yver, vous
n'êtes qu'un villain de
Debussy, gai, riche etc...
et
Nicolette de Ravel -
l'alternance entre le sautillement de la marche de la jeune fille et
la gravité lente du loup et du vieillard, et la joie charmante et
claire du jeune homme
pour
les arrangements
il court, il
court le furet de la très bonne
musique pour choeur plus tout à fait amateur, de Marc de Ranse
sumertime de
Gerschwin qui a davantage plu à mes voisins qu'à moi, qui m'a
convaincu quand ils l'ont repris en premier bis à la demande de la
salle, la voix de la soliste ayant pris aisance, plus de rondeur, un
rien de raucité...
un
bon canon d'après Yesterday de
McCartney
très
réussies des variations de Franz Schrögell sur la truite
de Schubert (sur l'air de
Papageno de Mozart, le choeur des chasseurs du Freischütz, une
musique populaire russe....) qu'il nous avait fait chanter en
lalalalala auparavant
et
parfois jubilatoire, parfois lassante, la salade italienne
(parodie d'air d'opéra) de
Richard Gence (1823-1895)
applaudissements
et les deux bis (ils tenaient à leur train qui leur permettait la
sortie de scène répétée)... une Brigetoun, un peu déçue de ne
pas s'être envolée, pâmée, mais qui s'est gentiment amusée
repartant, dans le vent frais qui justifiait largement le léger manteau,
retrouver le vélo-abandon sous la garde d'une grande soeur, la porte
derrière, l'escalier, l'antre.
9 commentaires:
la photo est magnifique en effet.
Beau concert.
Qui mettra en musique les vélos désossés dans la nuit ?
Alors , tu chantes? BRAVO
tu n'étais pas à côté de moi ! j chante irrécupérablement faux, et d'autant plus que je le sais et freine ma voix
Comme pour le chant contemporain, en musique ancienne on ne distingue pas toujours ce qui juste de ce qui est faux.
Un soir de consécration : chanter à l'Opéra. bravo ! et appuyée sur le " beau baryton exercé de (s)on voisin "
ça aide
J'aime bien la photo floue.
Il n'y a pas de photo ratée, on considère un flou artistique et j'aime.
ben je trouve justement que la photo loupée ne l'est pas du tout... magnifique... quand je parle du hasard en photographie ;) amitiés F
Enregistrer un commentaire