Regarder, éberluée par
ma chance imméritée, les pensionnaires reçues en cadeau en fin de
matinée jeudi
se demander, un peu dans
le flou, comme mon regard (retour des yeux rouges et rétifs) comment
remercier, faire petite liste de besoins, et partir, inaugurant avec
succès les bottes qui cette fois semblent accepter mes pieds
trouver un petit bidule –
j'espère que ne tarderai pas trop avant de le poster – trouver
médicaments, un thermomètre dont je saurai enfin me servir, trouver
un remplaçant pour mes très antiques portefeuille et
porte-chéquier, petites provisions, cigares...
en cherchant une place
pour eux dans mon sac, une envie : capter le vélo perché, le tas de
tables, le tronc, les objets, ce que je voyais, mais sans le garçon
qui, lui, venait obstinément se placer devant l'objectif
renoncer, rentrer, tout
doux dans l'antre,
petite chose, petite chair
rétractée en longeant l'image du métal en gloire.
Sommeil profond au lieu de
chercher, vérifier, repasser, jupes et pantalons de lainage,
préférer mettre nez dans le Canzionere, faire
petites recherches, se brûler avec un thé avant le départ,
en début de nuit
vers le théâtre du Chêne
noir, pour écouter la cinquième conférence (ignore tout des quatre
premières) de Paul Payan, Maître de conférences en histoire
médiévale à l’Université d’Avignon, intitulée «Prophètes,
visionnaires et mystiques à l’ombre des papes d’Avignon»
Avignon fut au XIVe
siècle une capitale brillante, un centre politique et administratif
de grande ampleur. Elle a aussi perturbé tous ceux qui espéraient
une réforme spirituelle de l’Eglise. Nous irons à la rencontre de
personnages singuliers qui ont vécu à Avignon, et qui ont laissé
les traces d’une autre histoire, celle d’esprits tourmentés par
les mutations de leur temps et la quête de Dieu.
Et
Brigetoun cheminait, essayant de ne pas se tordre les chevilles sur
ses talons neufs heurtant la calade, se disant suis en avance, aurais
dû prendre un parapluie, repensant à sa petite recherche, pendant
la cuisson des pâtes, sur Paul Payan, alléchée par la description
de ses recherches sur
http://ciham.ish-lyon.cnrs.fr/membres/paul-payan
- Recherches sur l’utilisation et la transformation des références chrétiennes par les sociétés et les pouvoirs en Occident à la fin du Moyen Age (XIIIe – XVe s.). Dans ce cadre, intérêt particulier pour les vies du Christ du XIVe s. (Meditations sur la vie du Christ, Vita Christide Ludolf de Saxe, Pèlerinage de Guillaume de Digulleville...), mais aussi pour les cycles iconographiques de la vie du Christ, par exemple ceux qui apparaissent dans les livres d’heures (d’où la participation à un projet sur les livres d’heures du Midi, en collaboration avec l’UMR Telemme)
- Intérêt pour la période du Grand Schisme d’Occident (1378-1417), perçue comme un moment essentiel des transformations politiques et idéologiques de la fin du Moyen Age (après la rédaction d’une synthèse parue en 2009, projet d’une biographie de Benoît XIII)
Cheminer,
rêver, fugitivement et vaguement, forcément vaguement, à ce que
cela pouvait signifier.
Penser
aux franciscains soutenant, contre le pape, qu'ils n'avaient qu'usage
sans droit des églises, couvents... à Guillaume d'Ockham, le
docteur invincible, contestant la possibilité de prouver l'existence
de Dieu, contestant l'autorité temporelle des papes, penser aux
spirituels et à leur désir de pauvreté, penser à Michele
da Cesena, penser à leur excommunication et à leur départ, lui et
Ockham vers Louis VI de Bavière.
Vouloir
en savoir plus que ces vagues notions sur eux, vouloir découvrir
quels étaient les prophètes, visionnaires et mystiques du titre,
et
trouver porte close.
Chercher
lunettes, regarder billet, voir que les prophètes etc... m'avaient
attendue jeudi soir. Rire. Me promettre de vérifier, avec des
lunettes sur le nez les dates portées à la va comme peut sur mon
agenda...
prendre le chemin du retour, sous la pluie qui se réveillait pour
adoucir ma déconvenue
qui
s'intensifiait, ruisselait sur mon imperméable, poissait les galets,
attendait pourtant, avec clémence, que la porte de l'antre se referme
pour se déchaîner, clapoter sur les dalles de la cour, tonitruer en
cascade dans la descente d'eau.
Ai
repris le Canzionere, y ai cherché Avignon, et le gracieux
regard de Messire François Pétrarque
Fontaine de douleur,
auberge de colère, école d'erreurs, et temple d'hérésie, Rome
autrefois et maintenant Babylone perfide et criminelle, par qui
naissent tant de pleurs et de soupirs ;
Ô atelier de
fourberies, ô prison cruelle où le bien périt, où le mal
s'engraisse et élève la voix ; enfin des vivants, ce sera un grand
miracle si tu n'éveilles à la fin le courroux du CHRIST.
Toi, fondée dans une
chaste et humble pauvreté, tu dresses les cornes contre tes
fondateurs, insolente prostituée.....
lui ai
dit tu attiges, pitié pour cette pauvre ville qui a eu bien du mal à
se survivre..
13 commentaires:
Vous peignez sous la pluie, maintenant ?
Voilà la "mystique "entre les lueurs d'erreurs rosées de la façade impénétrable ou le grand Art de revisiter l'histoire
Bravo Amie aux Belles Bottes
ils sont vaches de n'avoir pas attendu, quand même...
oui, ils n'étaient pus à un jour près
(moi c'est "l'image du métal en gloire" qui me reste, autant la photo que l'assemblage de mots, avec "gloire", je trouve ça tout simplement épatant en plus de la vue au-dessus des mécanismes)
merci à vous tous
n'empêche que suis pas maligne
Ce sont les fleurs qui ont de la chance d'être gardées par vous, merci de nous les partager et les mots aussi et les photos aussi (dis-je sur la pointe des pieds comme si on pouvait dire sur la pointe des pieds). Je voudrais vous écrire un commentaire fleur, un de ceux qui font sourire et qui disparaissent doucement, pas un commentaire pierre gravée dans le marbre du blog, on le relirait plus tard sans vraiment comprendre pourquoi ce commentaire n'a pas eu la politesse de s'en aller, sur la pointe des pieds ou pas... On ne parle pas assez des pieds des commentaires :-) (s'en aller par une pirouette, sans les pieds sans les mains)
c'est aussi joli que les fleurs
Le monde a sous votre regard des couleurs qu'il n'a pas d'habitude … c'est comme se promener dans un rêve …
la qualité toute relative de mes appareils !
"la pluie se réveillait pour adoucir ma déconvenue", c'est beau comme tout ce que tu écris...
trop gentille Tanette
Le flou s'installe
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