Or doncques, jeudi en fin
de matinée, yeux dans l'éblouissement du ciel, coeur content, m'en
suis allée vers la gare
pour constater que, si
décidée étais, que j'avais mal regardé ma montre, pour me traiter
d'imbécile, et attendre bien benoîtement, et fort longuement, devant un café qui se
refroidissait lentement.
Et puis presque deux
jours, où n'ai rien fait que suivre, en parfaite harmonie, mais sans
guère d'effort, ma brillante, responsable, chaleureuse cadette d'un
peu plus d'un an, qui conduisait, se réunissait, etc...
et une Brigetoun qui n'a
commencé à se sentir et dire lasse qu'en arrivant en gare d'Avignon
vendredi soir et en commençant à suivre la rue Vernet, qui était
fatiguée, mais sans plus, et joyeuse, en partant aux halles samedi
matin, et qui, depuis son retour desdites Halles, chargée bien
inutilement comme une vieille ânesse, n'est plus bonne à rien, en
panne devant les mots, retapant quatre fois chacun de ceux qu'elle
copie, pêchant infructueusement dans ce qu'on appelle son crâne, en
quête de mots à mettre sur les photos, photos prises en roulant,
conservées quand n'étaient pas des petites merveilles d'abstraction
sans nerf ni ossature.
Donc, simplement, en
localisant quand le peux, train jusqu'à la voiture à Pierrelate (juste pour avoir, moi aussi, ma photo de centrale - enfin non pas juste pour ça)
monter vers la Lozère à
travers paysages que j'aime, que n'ai pas tenté de saisir, trop
occupée à entendre parler du nord Vietnam et d'un superbe voyage,
d'une nombreuse descendance, de la beauté de Mons, et à échanger
petites choses de la vie, commenter la beauté des nuages dans
lesquels nous nous enfoncions, la résignation qu'il faut avoir pour
suivre les camions d'un lacet à l'autre, la saleté qui envahissait
le ciel, la beauté de la marqueterie des essences dorées, rousses
sombres – et disions que c'était presque digne de l'Amérique du
nord mais je ne tentais pas de les prendre - la nuit qui tombe si
vite de nos jours..
une nuit dans le simple,
impeccable, hôtel qui est notre préféré à Marvejols (avec
l'amabilité efficace et non envahissante des tenanciers, et la
simplicité sans mauvais goût du cadre), un gros dîner, Gailly
préféré à la recherche de mots pour le vase de décembre...
le plaisir d'un ciel
furtivement radieux pour le petit déjeuner, et le cigare fumé dans
le courant d'air entre bâtiments...
et puis la zone
commerciale de Marvejols pour petits cadeaux, monter à Saint
Germain,
et avant le déjeuner,
pour la plus grande joie de celui que visitions, route, et route,
route, un peu au hasard, avec, en allant vers Séverac le château,
neige fondue, puis neige non fondue – me contenter de regarder,
heureuse de cette beauté, un pré où elle avait tenu, dans un fond,
et où paissaient quatre chevaux, l'important était la main avec
laquelle je jouais et de parler des chevaux avec celle qui conduisait -
passer, sans descendre de
voiture, sous le château, repartir vers le déjeuner, juste au
moment où la neige a cessé de tomber -
ce moment où au dessus
d'un plateau, au loin, entre un nuage si gris qu'il semblait bleu et
les nuages rampant sur le sol, le soleil filtrait, et semblait jeter
ses derniers rayons – le salut de la neige près des sommets.
Un déjeuner avec des gens
biens, et Brigetoun, pendant que les autres se réunissaient,
passant, heureuse, l'après midi avec le groupe de compagnons de
notre frère – tendresse pure et parfois amusement
Et puis le retour vers la
nuit et le Rhône, les gares fermées et ma soeur insistant pour ne
pas me laisser sur le quai désert et froid de Pierrelate et me
déposer à Montélimar ...
Samedi, les halles, être
servie gentiment et rapidement, sortir, aimer le ciel, rentrer avec
bras de plus en plus douloureux et rencontrer, en haut de la rue
Saint Etienne ma voisine, refuser son aide, sauf pour l'escalier.
Et voilà que les mots me
sont venus, nombreux, peut-être trop.
11 commentaires:
Mons et Marvejols réunis dans le même billet de votre main, c'est un triple bonheur. Merci.
Vous avez ramené de la neige...
voilà, j'ai ce qu'il me faut pour aujourd'hui : " l'important était la main avec laquelle je jouais"
(et c'est bien :-))
gratitude grande ô amis persistants
les mots sont venus et peut-être, j'espère, l'épaule douloureuse s'est-elle tue
Marvejols était avant l'autoroute giscardienne sur la route de nos vacances... Souvenir d'un pique-nique improvisé assis sur les marches de l'église au milieu d'une troupe de jeunes pour nos plus grand plaisir.
quel beau voyage. Les photos de la route sont très belles et j'ai vu dernièrement un ciel de nuages bleus comme les vôtres. A bientôt.
C'est beau l'arrivée de l'hiver dans les couleurs encore de l'automne. Comme ça respire !
"passant heureuse, l'après-midi.. tendresse pure et parfois amusement...." doux moments engrangés pour les jours plus tristes...
souvent une petite place pour un étalage de poisson
Vous partiez vers vers la Lozère, je quittais vers Charlevoix. Avec votre appareil photo. Avec le mien. Et vos chroniques de voyage nous offrent un monde à découvrir avec une poésie qui vous est si particulière. Du charme à revendre.
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