Air du temps, radio qui
actualise ma désespérance de ce sacré résultat de cette stupide
primaire socialiste, agacement devant ceux qui voient un changement
alors que les lois qui se succèdent étaient déjà de même
inspiration, petite fièvre ou manque de fer, de magnésium ou de
sommeil, léger grommellement de carcasse.... ai mis un bonnet sur ma
tristesse pesante, qui me faisait ressentir chaque sourire comme une
lâcheté, et m'en suis allée dans la ville, sous un ciel ravissant,
dans un froid qui nous revient, yeux brouillés de larmes comme
chaque fois qu'un petit vent les frappe d'un air de moins de huit ou
neuf degrés.
Petite bataille pour
obtenir ce que je voulais de ma banque (et zut j'ai été trop
timorée et modeste, ça va être juste) malgré les quatre coups de
téléphone de la veille... succès tout de même, qui n'aura d'effet
que dans près d'un mois..
regagner l'antre, se
frayer passage entre les camions d'une entreprise de ravalement qui profitent de l'absence des terrasses
et capturer le ciel pour
en jouir, après, yeux au sec.
Essayer de penser, essayer
d'écrire, me déconnecter parce qu'humeur trop sombre, tenter de
dormir vraiment pour profiter du concert du soir sans la petite
barrière de somnolence combattue qui a teinté de lutte mon plaisir
mercredi, tout en me poussant à une attention plus aiguë (et j'ai
noté une foultitude de choses que j'ai le plus grand mal à relire,
intervention des différents instruments, césures, thèmes, leurs
modifications, climats...)
hésiter un peu à céder
à ce morose abandon, au mal-être sournois, persistant, envasant,
sortir robe d'un vert franc puisqu'on dit qu'il est espoir, et m'en
aller rejoindre le petit club d'amateurs (comme trop souvent pour la
musique de chambre la salle était presque à moitié vide mardi)
pour le second des concerts qui programmait quatre quatuors, les
trois (7, 8 et 9) dédiés par Beethoven au comte Razumovski en 1806-1807, à
l'époque de la symphonie n°4, du 4ème concerto pour piano, du
concerto pour violon, et de la grande fierté, et le n°10 postérieur
de trois ans, celui que l'on a baptisé «les harpes» pour ses
nombreux pizzicati
ces quatuors considérés
comme surprenants et difficiles lors de leur création
Alors que ma place est au
centre, et compte tenu des places libres, m'étais installée mardi
face aux deux violons, ai choisi cette fois de regarder le
violoncelle, et après la réserve, la musique intérieure des
premiers, eu le plaisir de son expressivité extrême qui laissait la
musique courir sur son visage, son corps.
débuter par le 7, le plus
long (presque le double des premiers) et, dès l'attaque de l'allegro
initial, d'une grande douceur, une sensation de familiarité (sans
doute est-ce un des quatuors les plus joués, je n'ai aucune mémoire
des noms et numéros des pièces que j'aime comme la suite le
prouvera), le charme de la chaleur de la voix du violoncelle, les
commentaires du second violon et de l'alto et, dansant dessus, la
dentelle lumineuse du premier violon – j'entrais en plaisir (et
n'ai rien noté, ayant oublié crayon carnet et programme), juste le
plaisir.. comme dans le début joliment hésitant du second
mouvement.
Et pour le quatuor numéro
8, vais, avec grande honte, vous suggérer si vous voulez en
connaître la beauté de vous reporter au billet précédent,
puisque, à moitié endormie, sans écouter, j'ai mis les quatre (le
nombre m'a tout de même surpris, les premiers quatuors n'ayant que
trois mouvements, certains très longs il est vrai) vidéos du
quatuor n°2 de l'opus 59 c'est à dire du quatuor n°8. Sachez que
je me couvre (métaphoriquement, je viens de laver mes cheveux) la tête de
cendre.
Tout de même, malgré le
plaisir, le sommeil me faisait la guerre, et je me tordais les mains
pour rester en surface. Tenté quelques bouffées de cigare à
l'entracte pour me réveiller. Vu passer un gars avec matelas
sommaire et couvertures sous le bras, ses trois chiens trottant le
nez baissé... senti petite douleur, écrasé le cigare, suis
remontée au balcon en me demandant si je restais ou non, juste assez
longtemps pour que les musiciens reviennent.
La grande langueur du
début du quatuor numéro 9.. et me suis installée dans la musique,
avec quelques furtives absences très brèves, ballottée, secouée,
bercée, heurtée, en arrêt, repartant, souriant avec malice, ironie
ou béatitude comme le disait cette musique qui n'est que
merveilleuse invention, avec le goût des accords ou oppositions de
voix, de tempi, de couleurs.
Et, au moment de tenter de saisir une photo du salut, j'ai constaté que toutes les superbement loupées précédentes étaient coincées dans l'appareil, indisponible avant que la batterie se meure, alors une photo rejetée d'une sortie de scène mardi, un truc raté de ma robe comme ponctuation et deux vieilles récupérées.
J'ai un peu moins sommeil
parce que j'ai faim.
7 commentaires:
Merci pour la soirée, brige.
J'ai aussi beaucoup aimé le bonnet sur ta tristesse ! Belle initiative, je devrais l'essayer moi aussi. ;-)
Les mélomanes auront trouvé, les curieux aussi. Mais savez-vous (sauf erreur) que le nom de ce pauvre Ludwig van... n'apparaît pas dans ce billet? ;))
Pour le reste c'est vrai que la musique symphonique l'emporte souvent aux yeux du (grand) public au dépens de la musique de chambre. Pourtant ces quatuors.....
oh zut ! vais le rajouter
Curieux cette grande faim : qui dort, dîne, non ? J'ai entendu dire qu'après ses concerts parisiens prochains, le Quatuor Ysaye se retirait.
Il restera les enregistrements oui , jeandler entendu itou
Une photo n'est jamais ratée !! c'est autre chose avec un "je ne sais quoi" en plus
t'as d'beaux cieux tu sais
!a dépend - aujourd'hui morne plaque grisâtre
Enregistrer un commentaire