Je suis partie jeudi, en
début de soirée, léger frais, crépuscule s'évanouissant
vers le théâtre du Chêne
noir, pour assister à Parole d'honneur spectacle
sous-titré un voyage au coeur de l'une des plus anciennes
et secrètes organisations : la Mafia
spectacle,
créé au Teatro Eliseo à Rome en 2009 et qui depuis tourne en
Italie et Europe, tiré de son livre, publié l'année précédente, par Attilio Bolzoni, journaliste, écrivain et auteur de
documentaires sur le Mezzogiorno et la mafia
Ce sont des voix qui
viennent d'un autre monde. Je les ai écoutées pendant trente ans
dans ma Sicile natale et je les ai notées. «Parole d'honneur»
c'est la mafia qui se raconte, ce sont des hommes d'honneur qui se
révèlent en nous dévoilant leurs pensées et leurs sentiments.
Ils nous parlent de la
famille et de l'amitié, de Dieu et du péché. Une nature de
criminels qui se révèle à travers un langage qui n'est pas
uniquement un code mais aussi un exercice permanent du pouvoir.
spectacle
monté par Manuela Ruggiero avec un acteur, Marco Gambino, sec,
pantalon et chemise noire, et des transparences, des vidéos de visages
de mafieux derrière des barreaux qui se muent en animaux, des images
en noir et blanc que traverse l'acteur... un travail recherché qui
garde un côté un peu usé, un peu fauché, sympathique.
Mais
spectacle peut-être trop agréable, d'abord pour le plaisir des
sonorités des bribes d'italien ou des seuls noms des mafieux dont
les propos sont cités, ou qui parlent de leurs cousins, leurs ennemis, des
juges, ou aux juges. Et leur rouerie arrogante, leur religiosité et austérité
dévoyées (l'histoire du fils qui renonce à être homme d'honneur
en entendant son père - tendre père voulant trouver une solution à
ce dilemme : il est parfaitement impossible de lui permettre
d'épouser la jeune fille de son choix puisqu'elle est fille de
parents séparés - proposer tranquillement de se débarrasser de ces
derniers), leur jouissance froide du pouvoir, leur fausse humilité
ont, passant par l'acteur, un peu trop de charme pour déclencher le
frisson de peur horrifiée qu'ils méritent (parce que, tout de même,
ils font un sacré dégât ces bonshommes, et la perversion de ces mots posés sur ces actes est vertigineuse)
retour
en écoutant ce que disaient les groupes qui me dépassaient.
Quant
à ce samedi matin, sous ciel gris,
dans
petite bruine qui peu à peu s'est évanouie, pendant que le plafond
s'élevait un peu
laissant
passer de brusques lumières frisantes, vers l'ancienne caserne des
pompiers, pour la présentation de la liste de Cécile Helle pour les
prochaines municipales.
Surprise
de me voir abordée à l'entrée par mon marchand
d'olives-huiles-morue-miel... lui ai dit que j'étais contente de le
voir là, un peu avec un sentiment de propriétaire (fut un temps où
j'étais socialiste, et j'ai assisté au départ, il y a un an, de la
candidature de Cécile Helle et, très brièvement, honte à moi, des
ateliers pour préparer le programme – elle a fait un gros travail,
que j'ai suivi à distance, avec des gens de tous horizons, et des
rencontres avec des municipalités des environs), il avait, lui, un
air de maître de maison, et j'ai compris pourquoi en le voyant venir
rejoindre, en qualité de représentant de la société civile, les
autres membres, socialistes, écologistes, radicaux de la liste.
Me
suis fait toute petite sur une marche de l'escalier des gradins, et
j'ai pris une foultitude de photos, tout en écoutant et
applaudissant comme le devais... la plupart vraiment très très
mauvaises, et j'en ai gardé beaucoup trop, tant pis, comme une
punition pour ma non-militance...
Pas eu
vraiment envie de rester pour buffet, musique, échanges, et un peu
peur des regards me gommant avec réprobation...
suis
rentrée, tout doux, tout doux vers l'antre.
Et
vous présente mes plus plates excuses.
10 commentaires:
On écoute votre voix et on est saisi des couleurs que vous saisissez dans le monde, même un sac-à-dos devient intéressant, et attire le regard, et vous nous montrez le monde, ainsi, sous un angle qui est celui de votre regard.
Espérons qu'Helle y arrivera (car il y aussi des mafias en politique) !
oh que oui (et sans doute dans son équipe, je pense à un) mais nous sommes débarrassés des deux terribles dames
Tu fais des photos superbes.
OH Michel ! vais éclater là... de suffisance
Tes plates excuses de partager ta culture jusqu'au bled américain ???
Alors, ma chère, tu es tout à fait pardonnée !!!
de vous submerger sous des photos d'inconnus
Une journée à la "campagne " si je comprends bien
Ce regard qui t'efface de réprobation !!! bien vu tu déranges Chère , avec ton troisième oeil!!
ce serait plutôt ma dé-militance
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