oloé imaginaire ou
presque, dans le passé
On dirait que ce serait
l'été, ou plutôt sa fin, un peu avant la rentrée des classes, il
y a longtemps, à côté d'une maison amie...
on serait monté
sur les pentes du Faron, en suivant l'ânesse chargée de provisions
pour le dîner, puisqu'il n'y avait pas encore de route, juste un
chemin aussi caillouteux qu'un torrent,
on aurait suivi le Colonel
dans les restanques, on l'aurait écouté raconter comment il les
avait construites avec un voisin, et nous expliquer, trop vaguement,
parce qu'il savait que nous ne comprendrions pas, la construction des
murs de pierres sèches,
et après le goûter,
avant que la nuit tombe et qu'on allume les lampes à pétrole,
j'aurais laissé les autres jouer ou discuter et je serais sortie
avec un livre et une machine à lire qui ne serait pas encore
imaginée, pour découvrir, en levant de temps en temps les yeux pour
rêver devant la vue, des textes qui ne seraient pas encore écrits.
Ce serait sur le Faron,
à La Valette
….
Avignon, ce jeudi :
vague au coeur en petites nausées, ciel bleu, ciel blanc, qui vit
comme veut, sur la cour, se lancer un peu trop sans contrôle dans
des souvenirs recréés pour les cosaques, écrire cinq lignes pour
le vase d'avril, se sentir piètre en lisant (devrais sélectionner
nouveaux blogs, sites, «amis» de moindre science, force d'écriture,
fantaisie, etc...)
vaquer un poco
reprendre ce petit oloé
refaçonné et publié sur http://relire.net/oloe/
et la
nuit venant, remettre velours noir et petite redingote grise, bottes,
et monter vers le romantisme tel que l'aime (du moins je le pensais),
vers l'opéra, Mendelssohn, Berlioz, Nora Gubisch et l'orchestre
dirigé par Pascal Rophé
dans
un programme qui comportait
la marche de la belle
Melusine de Mendelssohn, une
musique de scène agréable, ouverture roucoulante, avant un
emportement général, le rythme de grandes vagues de musique, une
mélodieuse marche un rien sinueuse, qui s'intensifie, une atmosphère
de forêt, d'oiseaux dans les arbres etc... (du moins c'est ce que
j'ai cru entendre)
suivie
par le plaisir toujours grand les nuits d'été de
Berlioz – entrée de Nora Gubish, chevelure abondante, fourreau
décolleté en lamé noir, porté avec une simplicité parfaite,
aisance de sa présence en scène, sensibilité sans outrance ni
affectation, et souplesse, expressivité de la voix chaude, douce,
profonde
Quand viendra la saison
nouvelle...,
l'allègre
villanelle, staccatto
des vents, le chant qui se déploie, rejoint par le basson, et puis
le canon entre cordes et voix –
le spectre de la rose
où
intervient (dans ce seul air) la harpe pour dire le parfum de la rose
–
la
tristesse de sur les lagunes, le
cor, la mélancolie, le soupir final
sur moi la nuit immense
s'étend comme un
linceul ;
je chante ma romance
que le ciel entend
seul. -
la
douleur de l'absence et
la dissonance du refrain
reviens, reviens ma
bien-aimée !... -
au cimetière la
mélodie, les cordes qui accompagnent les fantômes, la ponctuation
des violoncelles sur les derniers vers -
avant
le tutti joyeux du début de l'île
inconnue, le
rire des clarinettes
cette rive ma chère
on ne la connaît guère
au pays des amours
saluts,
entracte, flâner avec détachement devant les tableaux d'Eva
Vermeerbergen, attendre
l'orchestre seul, pour la symphonie n°5 de Mendelssohn, que
parait-il il n'aimait pas (mais il s'est donné du mal pourtant pour
qu'elle soit jouée) -
le
très long, varié, riche, premier mouvement, que je renonce à
détailler, dont je renonce à dire quoi que ce soit, d'autant qu'au
milieu, dans une succession d'accords brutaux, j'ai senti monter une
quinte de toux, telle que mon attention s'est détournée de cette
musique où je n'arrivais pas à entrer et s'est fixée sur mes
efforts pour garder cette éruption bien enfermée en moi... bon ma
foi j'ai bien aimé le second mouvement, j'ai aimé certains
passages, trouvé un peu lourds d'autres, mais je n'ai pas accroché
à cette musique. Etait-ce la toux déconcentrante ? Est ce tout
simplement une musique (que je n'avais jamais entendue) pour laquelle
je peux éprouver de l'estime, goûter ce qu'elle garde de références
aux musiques antérieures, qui me laisse passablement indifférente...
se
dire ma foi tant pis, et regagner l'antre que frôlent des musiques
lointaines, ou du moins un peu de boum boum boum, sans trop de
virulence.
9 commentaires:
Ce beau mot de "restanques" et la musique qui le suit...
gratitude pour votre fidélité
et oui j'aime les restanques, le mot, la construction, le paysage qu'elles créent
"Oloe" = où l'eau est, où Léo est, ou là-haut, et aux Halles, et à l'eau, etc.
o_O
C'est dans quel dictionnaire ?
un dictionnaire en formation, encore réservé aux premiers adoptants :
endroit où lire ou écrire
Ah ! au lit ?
J'avais lu "toux déconcertante" ; parfois ce professeur Tryphon que j'ai en moi fait bien les choses.
Gilda :)))
Merci de nous créer tout un dictionnaire. Et la musique vivante, même avec toux, c'est toujours mieux que la conserve. Bon dimanche électoral.
...d'un pas léger sur le pavé tu vas
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