J'avais dix-sept ans, je
crois.
J'avais dix-sept ans et
les parents m'avaient offert, des vacances à Alger, chez mon
parrain, l'oncle ainé.. à Alger et bien sûr à La Pérouse (qui
aujourd'hui a retrouvé le nom de l'ancien Bordj, Tamenfoust, mais
alors, en 1959 on disait encore La Pérouse)
C'était le soir, sur la
plage, devant le hangar à bateau, sous la maison.
J'étais seule, le garçon
qui avait de belles mains et qui me lisait, assis sur le sable,
Kaputt de Malaparte, était rentré dans la villa de ses parents.
J'étais seule, je ne sais
pourquoi... ma petite cousine avait, pour une raison ou une autre,
peut-être parce que Malaparte l'ennuyait, préférer remonter vers
la maison, la véranda, au dessus de la plage où je restais, dans le
silence, prête à me replier, puisque le couvre-feu était passé.
Je regardais la mer. Je
rêvassais. Les poissons, les mêmes qu'en face mais plus nombreux
ici... comme les montagnes étaient plus grandes..
Je repensais à ces jours,
depuis que j'étais là,
à l'épicerie du village
où nous étions servies en priorité, et je m'offusquais de ce
privilège, à moins que ce soit pour se débarrasser de nous...
à la toute jeune
adolescente, la fille du fermier, dont les oies me terrorisaient
comme dans mon enfance, qui devait déjà découvrir la gêne,
l'encombrement, du voile et restait sur le bord pendant que nous
pataugions, couteau en main, pour récolter les anémones de mer, qui
se réduiraient, presque jusqu'à ne plus être qu'une bouchée
parfumée, quand nous les ferions frire....
à la réunion des femmes
autour de ma tante, sous le grand eucalyptus du jardin de derrière,
les bavardes, les silencieuses, les rires, les mains peintes, le
coton soyeux...
aux plaisanteries de
l'homme qui venait proposer sa pêche le matin...
aux siestes derrière les
volets entrouverts sur la chaleur qui écrasait la terrasse aux
azulejos...
aux circulations de jardin
en jardin, à travers les haies, pour nos surprise parties quand
l'heure nous interdisait la petite rue...
à toutes ces nervosités,
angoisses tues, ces liens qui se modifiaient en silence, ou non,
comment pouvais-je savoir...
à la colère de mes
cousins ainés, au désarroi de leurs parents me disent mes
souvenirs..
à notre jeunesse, notre
futilité, instinctive et appliquée.
journée un peu à
côté... me borne à reprendre ce texte publié chez les cosaques
http://lescosaquesdesfrontieres.com
9 commentaires:
Toujours agréable à relire !
Pour notre plaisir.
merci - pas grand chose à recycler malheureusement
Un retour en arrière vers la chaleureuse enfance.
merci, je l'avais raté celui-ci, et c'eût été dommage... ainsi qu'un lapsus (?) de lecture: lu "les anémones de mer... une bouche parfumée quand nous les ferions rire..."
Un parfum d'ancien temps... Avoir de belles mains aide à lire bien, l'attention fixée de celle qui écoute.
C'est très beau… J'aimerais avoir des souvenirs d'Algérie pour en parler ainsi…
Vous avez connu Constantine ? Et Oum Teboul ??? La Calle peut-être ????
non et je le regrette parce que je sais que c'est beau - la famille de mon père est d'Alger moi je n'y ai vécu que deux fois dans mn enfance et à Alger seulement, et la région proche
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