Chant sourd et violent du
vent sur la cour, chant tournant dans l'antre.
Bien lestée par poids du
linge, m'en suis allée dans les rues où les vents nous sculptait et
me rendait oblique, penchée à sa rencontre, à chaque débouché de
rue le canalisant. Je pense que tous les avignonnais sont fadas ce
soir. Moi je le suis...
et je reprends (pensant
avec plaisir et appréhension à l'échange de mai) ma contribution
aux vases communicants d'avril que Marlen Sauvage avait gentiment
publiée
http://les-ateliers-du-deluge.com/2014/04/04/il-y-avait-donc-quarante-ans-echange-avec-brigitte-celerier/
Il y avait
donc quarante ans
Il revenait.
Dans le train il n'avait
pas d'âge.
Il était heureux, oui
assez heureux, de renouer...
Il y avait quarante ans
que les avait quittés.... le savait. Il n'y pensait pas.
Il revenait.
Il n'y avait plus de voix,
aillée ou non, annonçant son train, sous la verrière...
Mais il a reconnu la gare,
les différences étaient de détails, de propreté, d'un peu de
clinquant surajouté, comme partout... Il ne les a pas vues.
Mais il a vu l'homme qui
lui faisait signe, qui avançait, et il a cru que le temps avait fait
volte face... il a eu, un instant, dix-huit ans.
Et puis non, il
revenait... l'homme a pris sa valise en l'appelant oncle.
Il l'a suivi.
Les immeubles du front de
mer avaient vieilli, avaient été rénovés, les peintures des
volets se dégradaient lentement à nouveau.
La voiture est passée le
long du stade, a tourné vers le quartier des villas, il regardait...
comme partout le trou entre la ville et cette banlieue résidentielle
avait disparu, les terrains vagues étaient traversés d'immeubles en
épi..
il regardait, indifférent,
ce nouvel aspect du vide neutre.
Ils ont retrouvé la mer.
Il a senti qu'un sourire lui venait, visible ou non.
Après le petit port,
après le fort, après la première bande de sable naissante, la
plage s'élargissait sous la rue, ou le boulevard comme on
l'appelait, devenait terre-plein, espace, avec quelques palmiers, de
petites constructions, des jeux, du sable, de vraies plages, de
fausses criques séparées par des petites jetées avançant dans
l'eau.
Il regardait avec une
approbation un peu distraite, une curiosité. Il était prévenu.
Il savait qu'il ne
reconnaîtrait rien.
Il s'est étonné, plutôt,
de reconnaître, justement, les courbes, les virages que suivait la
voiture, ou du moins il le lui semblait, et des villas, encore,
beaucoup des villas qu'il avait connues.. et il cherchait les noms de
leurs habitants.
Le neveu l'a regardé, lui
a demandé s'il avait suffisamment salué la mer, a tourné
brusquement, au coin de la maison framboise passée - juste le temps
que sa mémoire murmure un nom - pour grimper vers le ciel au dessus
des pins.
Il s'est redressé, les
immeubles blancs étaient toujours là, les dominant.
Il rentrait.
Et puis, sur le plat, la
voiture a continué, au delà de son ancien monde, est entrée dans
un quartier de villas, petits immeubles, lauriers roses, avenues
sinuant entre portails, et déjà certaines peintures écaillées
parlaient de vétusté... là où étaient, derrière un grillage, un
terrain vague, une garrigue, épineux, fleurs d'ail, terre éboulée,
poussière, le petit blockhaus où ils avaient eu tant de chance le
jour où un des petits avait voulu jouer avec une grenade, le saut de
loup qui séparait des chambres d'enfants, et d'adolescentes
surprises en jupons, ce grand terrain de jeux interdits et tolérés
...
et il a senti que les ans
se ruaient sur lui, l'attaquaient, le ravinaient, l'usaient, jusqu'à
le dissoudre.
A vrai dire, le vent
s'est calmé vers midi, mais j'étais trop plongée dans tout ce que
François Bon nous livre autour de «paysage fer» dont
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3936....
et puis les photos
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3934
d'autres liens, et avec attention ou parfois oeil survolant un
picorage dans les facsimilés de cahiers qu'il propose (prendre
abonnement à l'espace WIP
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3608
)
8 commentaires:
Je ne connaissais pas "fadate" pourtant, je le suis souvent, quand le vent d'autan se met à souffler ici aussi...
Vos panoramiques en rappellent d'autres...
Tanette, chez toi si j'en crois Victor Hugo il rend fou !
Dominique, je m'interroge..
Je dirais "fadade" moi... :)
Fadade je crois.......... et le tour de la Corniche est toujours là et les premiers baigneurs sont les mêmes avec les mêmes gestes sur la même mer et le même soleil , tu vois rien ne change en somme
Pas de vent ...il ne passe plus vraiment aussi fort
oui Michel, tu as raison, et on me l'a déjà dit sur twitter (en caché) ce matin... mais j'y peux rien avec ma manie des à peu près pour moi c'est fadate
pourquoi pas Fadasse ! !
parce que ça sonne pas gentil
Enregistrer un commentaire