suis donc sortie hier,
marchant dans les plages d'ombre, mais j'ai dû quitter mon compagnon
parce que voulais exercer mes jambes en de grands pas, et parce
qu'ombre y en avait guère en dehors de certains trottoirs et des
puits des petites rues bien orientées
ombre y en avait surtout
pas sur l'arène du verger d'Urbain V, et encore moins en montant le
petit escalier à côté des musiciens, en me faisant ouvrir la
grille pour voir «le jardin extraordinaire» des enfants de quelques
classes, admirer leur créativité, rêver d'avoir été enfant un peu
moins tôt – nous étions laissés à nous mêmes, et nos créations
étaient sans doute moins exubérantes, peut-être aussi moins
marquées par l'imaginaire des maîtresses, qui donnait là à chaque
groupe une certaine unité.
Enfants n'y avait pas non
plus (ni guère d'adultes), il y avait trois petites filles plantées
devant les musiciens, en bas, graves et attentives... il y avait un
petit corps qui jouait avec le chèche de son père sur un banc à
l'ombre au fond du verger, en attendant qu'il occupe la scène, il y
en aurait un peu partout dans mon trajet, et deux bébés qui
insisteront pour rejoindre leur frère ou soeur aîné sur la scène
de l'opéra, mais là ils n'étaient plus là, étaient repartis avec
leurs parents après l'inauguration jeudi ou vendredi, de
l'exposition de leur travail à l'occasion de la re-ouverture du
jardin du pape, Benoit, le douzième, celui du palais vieux, de cette ouverture et de la
publication du livre Jardins pontificaux du
Palais des Papes de Renée Lefranc et
Christine Goisbault (le chercher ? quand serai sortie de
l'incertitude, puisque, si le festival in est annulé, vais me
retrouver, le temps d'un remboursement, avec une bourse ultraplate
face au menu pantagruélique du off)
Il y avait de drôles de
fleurs, un visage aux grands yeux intimidants, une conversation d'odalisques, et une que n'ai pas prise en
image, coupe rose comme des lèvres pâles, ouvertes avec avidité
comme d'un visage tourné vers le ciel pour boire une pluie absente,
de drôles de fleurs perchées sur des tiges maigres, écartées,
petite troupe unie mais égaillée sur le sol cuit de soleil (et j'ai
pensé aux maisons de Royaumont, à Claude Ponti et François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique87
)
Il y avait de grands
dessins dressés au fond, d'étranges poireaux, des fleurs soleils bien
classiquement, des tiges dignes des rinceaux le plus extravagants,
posés dans l'ombre du palais, et une frise qui jouait dans le
délicieux petit vent.
Il y avait
d'extraordinaires jardins, en mosaïque de carreaux décorés par des
classes – réunion d'univers différents
Il y avait de tortueux
totems d'oiseaux, et j'y ai retrouvé mon pigeon de compagnie en
tenue d'apparat
Il y avait des silhouettes
dorées qui doivent faire partie du décor du jardin, tel qu'on le
recrée, ce jardin de méditation du pape (qui était semble-t-il
cerné de murs) et jardin potager, avec ses carrés d'épinards, de
salades, de choux, de légumes, ses plantes médicinales, origan,
persil, sauge, fenouil, autres, et les vignes en treillis, et les
rosiers, et même (je doute qu'on la rétablisse) la ménagerie ou
auraient été retenus des lions (peut être un seul, peut être
aucun sauf de légende), biches et cerfs, et les oiseaux, bien
entendu, les oiseaux...
6 commentaires:
Un jardin évolutif donc de vie, inventif, récréatif.
grand merci à toi
La création à l'état pure ...
Les enfants ont le sens inné des harmonies que les adultes mettent si longtemps a retrouver
Beau lieu il est vrai
Pensées AA
l'enfance de l'art...
comme dit Pierre inventif, récréatif, j'ajouterais naïf.
Merci Brigitte pour ce reportage, ai raté ça pour ne pas avoir eu le courage d'affronter la chaleur...
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