second réveil un peu
avant six heures – pousser doucement, sans bruit, les volets bleus
- la cour comme un jardin frais et frémissant dans la lumière rare
du petit jour – ciel candide.
Sortir vers dix heures, en
prenant dans les yeux le choc des yeux noirs de l'hôtel d'Europe
et voir devant le portail
latéral un semblant d'affairement autour du matériel
se faire badaud une ou
trois minutes, regarder le mélange de clients dorés, de vaisselle
raffinée, de câbles que l'on installe
et s'en aller dans la
ville baignée de tiédeur, de bleu, de vert frisant dans légère
brise.
Revenir avec yaourts, une
robe simplissime quasi donnée, une casserole, des toasts grillés,
un flacon de petit marseillais mandarine
et abricot, deux débardeurs pour jouer les modesties, des serviettes
en papier, des pâtes et du café,
et
entrer dans l'antre à la lisière du champ de prise de vue... (d'un
épisode d'une série selon la jeune très gracieuse cerbère)
lecture
économie et politique pour les plus totalement nuls, repassage six
nouvelles vieilles robes.... pencher tête navrée pour accompagner
les pauvres roses etc...
et
reprendre paresseusement un oloé paru sur http://relire.net/oloe/
Un oloé encaissé (au
Pelvoux)
C'était un mois d'août.
C'était le retour dans la
famille après un échec... c'était l'abandon des études, et les
dernières vacances familiales.
C'était une vallée
encaissée où la seule issue pour les yeux et l'esprit était, dans
l'axe, la masse du Pelvoux, comme un dieu, une bienveillance
déclarée, une oppression permanente.
C'était, comme principale
ressource, guetter les modifications de la montagne sous la lumière.
C'était le vieil homme
qui, chaque matin, sortait sur le balcon d'un chalet voisin, se
plantait face au soleil naissant, le saluait d'un chant étrange et
incompréhensible.
C'était le tome un des
mémoires de Saint Simon pour des plongées-absence du lieu et du
temps.
Mais c'était aussi le
regard redevenu tendre sur la mère, c'était cette surprise,
l'enfant à venir – oh le jour où avec gêne le père était venu
m'en parler – c'était cette surprise, cette naissance balayant
toute la lassitude que j'avais devant la marmaille, la masse des
soeurs, frères, cousins qui me suivaient.
C'était
une attente joyeuse, ça a été des petits vers ébauchés en secret
et détruits, ça a été le goût du réel, du féminin, ça a été
se rappeler l'apprentissage négligé, ça a été, en alternance
avec les querelles de préséance entre les ducs, les campagnes au
delà du Rhin, deux aiguilles, une pelote de laine, ce fut
triomphalement venir en un mois au bout d'une brassière, si
délicieusement petite qu'elle servit le jour de la naissance.
10 commentaires:
tendresse de la mémoire
chance d(y trouver des bouts de tendre
Avignon s'affaire : ça va rouler comme sur des rails...
Avignon vend son image - elle a au moins ça (quoique là je pense que c'est l'hôtel et je crois qu'il est rentable)
Du fond d'une poche
déplié lentement
un mouchoir de fil blanc
On tourne. Paumée au script.
J'aime tant comme vos mots accompagnent vos images.
C'est magnifique, ce retour en famille "après un échec", avec la montagne comme une bienveillance, et déjà cette naissance/renaissance... Merci !
merveille..ta dernière photo
ouin
l'est pas de moi bien sûr
Enregistrer un commentaire