lumière revenue sur le mur
voisin, à l'heure de la confiture d'orange – petit entrain de la veille retombé – se
laver les cheveux – se perdre en projets sans suite et renoncer au désir velléitaire qui m'était venu d'aller en tout tout début d'après
midi jusqu'à l'avenue des Taillades, au bar culturel de l'Angle, pour voir et entendre Marseille Rouge Sangs le spectacle tiré
de nouvelles d'Eric Schulthess
et pourtant la
présentation sur le programme du off était un poème
Treize nouvelles noires
il a écrit ce minot métissé de Marseille.
Comme un gabian lucide
porté par le mistral, il regarde sa ville, espinche ses recoins.
En poète qu'il est, il
peint de son ciel bleu des destins esquichés au fond d'une traviole,
à l'ombre d'un navire ou au pied d'une tombe.
Nous, ces histoires
elles nous ont chavirés, en voilà trois pour Avignon :
Celle d'Oscar, pianiste
trop charmeur, victime de ses conquêtes (Du miel au bout des doigts)
Celle de Léa, en quête
de reconnaissance, ignorée par son père (Andoni et Léa)
Celle de Pierrot,
puisant sa force de vie grâce à la mort des autres (L'affaire de ma
vie)
au
lieu de quoi ai déjeuné tard, lentement, me suis fait de la chair,
me suis estourdie dans la chaleur de la cour, ai dormi
et
puis, comme je me sentais presque en forme, ai réalisé que n'avais
pas rendu visite aux taïwanais cette année, ai regardé, vu que la
Condition des soies programmait un spectacle de danse à 18 heures et
suis partie, trop tôt
dans
les rues où l'on circule maintenant aisément, sous un ciel pur, un
petit vent naissant, rencontrant une Précieuse ridicule pour un
adieu au festival, une vierge que n'avais jamais remarquée
jusqu'à
la Condition des soies, saluer la façade de l'immeuble voisin et sa
végétation éternellement défraichie, vu les adieux des troupes
qui partent, les départs pour la parade de ceux qui restent, le
partage des dernières affiches de Mr. R. que venais voi
pris
mon billet une demie heure avant le spectacle, attendu en compagnie
d'André Benedetto, assise sur le bas flanc pendant que le public
s'étoffait lentement, suivi la venelle, le petit escalier de fer qui
conduisent à la petite salle carrée.
Mr. R
ou Mr. Rabitt, Lapin est ici un personnage allégorique et
virtuel. Conçu autour du thème de la transformation du Moi, il
révèle les différentes facettes de l'individu, le reflet d'un
visage changeant dans la fluidité des temps. Une chorégraphie
de Ming Cheng Lee -
Pas
tellement vu les différentes facettes d'une personnalité (malgré
quelques mimiques que n'ai pas comprises), mais bien et bellement les
modifications que le temps apporte.. avec une alternance entre la
danse inspirée des danses classiques chinoises pour Monsieur R avec
son bonnet à oreilles de lapin, son complet blanc, ses grandes robes
imitant, en fibres modernes et clinquantes, les robes de mandarin, la
grâce de la danse de son éventail, les origamis et les projections,
l'éclairage qui se limite parfois à la lampe de poche qu'il tient
dans une main ou entre ses dents, la musique chinoise qui
l'accompagne et, mais certains éléments comme l'éclairage dardé
par une lampe de pochent se retrouvent, la danse hip-hop ou
combattante, les rythmes contemporains des trois autres danseurs.
Retour
avec quelques inquiétudes en voyant des nuages gris au dessus du
palais, mais le vent les a emmenés.
préparer
souper, ne pas arroser, enregistrer photos, remplacer chemise rouge
par veston de même couleur, prendre foulard à porter en chèche si
le vent se fait méchand
et
repartir, dans la petite effervescence, vers le palais..
se
trouver dans un nouveau public, ou plutôt retrouver un public plus
habituel, perdue au coeur du retour des avignonnais
assise
devant les pupitres, les instruments encore sans vie, je voyais passer têtes connues, entendais voix
plus ou moins aillées (plutôt moins nous étions surtout entre
bourgeois) et j'avais un peu la même sensation qur dans le métro
parisien, les premiers jours de septembre, quand je me disais :
il est temps de partir (sauf que là c'étaient voix joyeuses et non
gueules mal résignées)
et
se préparer à découvrir quelles musiques seront jouées par notre
orchestre pour accompagner la lecture par Guillaume Gallienne de «la
chaste vie de Jean Genet», titre du
long poème que Lydie Dattas consacre à son ami est une nuance
espiègle apportée à l'image que l'on prête facilement à l'auteur
du Miracle de la rose. Plaquée en bloc par certains commentateurs
sur l'oeuvre et sur la vie de Jean Genet, une réputation trop
simpliste réduit le personnage. La poétesse Lydie Dattas choisit de
montrer la richesse, donc la beauté complexe, de l'homme qu'elle a
connu. Sous le nom de Rosalie, elle apparaît doucement à la fin
d'une vie qu'elle raconte avec force lumière et grande poésie. Les
débuts dans la neige, les fuites par les champs, les cailloux de la
colonie de Mettray, les roses aussi partout ; tout est revisité par
l'oeil de celle qui sait comment marque une mère, combien compte un
enfant. Si ce livre comporte la précision et l'exactitude propres à
une biographie, l'amitié qui a lié Jean Genet et Lydie Dattas
transparaît non par la complaisance, ni par la nostalgie, mais par
le secret. Les faux amis disent tout, utilisent tout ce qu'ils savent
pour prouver qu'ils aimèrent ou qu'ils furent présents. Les vrais
amis n'ont, eux, rien à prétendre. Aussi Lydie Dattas, en plus de
se dissimuler derrière un prénom, évite l'affection pour la garder
pour elle, et libère Jean Genet de tout regard pesant (selon
le programme lu sur le site du festival) adapté pour la scène par
Samuel Jean.
Le
spectacle commençait, inhabituellement, de jour, à 21 heures, et je
regardais le ciel pâlir, devenir d'une douceur extrême, en accord
avec le prélude de Pelléas et
Mélisande de
Fauré, précédant la tranquille voix douce, soigneusement égale et
sensible, sans effets, de Guillaume Gallienne, sa première
intervention, la naissance, les jeunes années, et, quand dans le
texte vient une allusion aux colonies, l'orchestre prend le relai
avec – splendide dans l'espace et le vent – la petite suite pour
orchestre «mascarade» de Roussel..
et,
magnifiés par le lieu, pendant que les robes longues des violonistes
claquaient doucement, que des bras stoppaient brusquement les idées
d'évasion des partitions malgré les pinces à linge (un musicien
devra, pour le dernier morceau, se tenir à croupetons devant le
pupitre du chef pour retenir, par ses deux mains au dessus de sa
tête, les feuilles) viendront s'interposer dans le poème, le
déroulement de la vie de Genet, la «Fileuse» et la «sicilienne»
du Pelléas et Mélisande de Fauré, la «pavane pour une infante
défunte» de Ravel, «la mort de Mélissande» toujours de Fauré,
le premier mouvement «en bateau» de la Petite suite de Debussy,
«aux étoiles» de Duparc, et de Messiaen «prière du Christ
montant vers son père»
applaudissements,
mérités, et puis parce que les avignonnais étaient contents de se
retrouver,
2 commentaires:
Ton mur est en images changeantes...
Comme "les instruments
sans vie"( J'adore ces instants )laissent présager un plaisir
gratitude grande..
je lasse - et encore un jour
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