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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juillet 16, 2014

Avignon – jour 11 – la parenthèse pour danses - Intérieur, Régy et le japon à Montfavet - et concert à l'Ajmi


partir aux heures où la ville finit de s'ébrouer, 
dans les rues calmes encore et la lumière vive
jusqu'à la Parenthèse, qui est, le temps du festival, le domicile de «la belle scène de Saint Denis»
regarder le jardin, les maisons et leurs terrasses et balcons pendant que s'installe le public, avant les trois courtes pièces
en attente avec Marion Alzieu et Ousseni Dabare
Tout au long de notre échange, l’attente est devenue un état d’entre-deux, comme un fil qui relie nos deux cultures et nos deux danses.
Questionnant cet état, qui va de l’impatience au manque, nous puisons dans nos situations géographiques et sociales faites de distance, d’incertitude et de différence.
Deux chaises, le couple de danseurs, parallèles, miroir, conjonction, évitement, immobilité, sauts, course, danse au sol.. 
ce que j'ai préféré : Man Rec (photo Jef Rabillon) Amala Dianor
« Man Rec » signifie « seulement moi » en wolof, langue la plus parlée au Sénégal dont est originaire Amala Dianor. Ce solo propose un dialogue entre ses origines multiples, des danses urbaines à la danse contemporaine en passant par les danses africaines, qu’il conjugue au singulier.
Tendu, tenu, contrôlé, souple, sensuel, lent, accélérations freinées, violence calculée et grâce
et puis, le plus court, cantando sulle ossa (photo Paolo Porto) Francesca Foscarini
Que se passe-t-il quand la volonté abdique et que le corps se laisse guider par le mouvement ? Des mains qui n’arrivent pas à s’extirper de poches, des pieds rentrés, des étirements qui semblent être là pour s’assurer que le corps est en possession de lui-même, des mouvements soudain heurtés, un corps qui joue de la cassure, du cliquetis des os, qui se jette au sol
retenue qui semble douloureuse tant le corps paraît freiné, ligoté et libération qui évoque une crise...
à vrai dire pour ce troisième morceau, sans que la danse y soit pour rien, une vague de somnolence montant à l'assaut de Brigetoun...
dernier salut, une vague envie d'habiter un des bâtiments donnant sur ce petit jardin
et retour par petites rues, en saluant un macaron ami, les murs de Saint Didier sur le ciel..
déjeuner, lourde sieste, faire du thé, y tremper lèvres et partir 
vers la navette pour Montfavet
parce que Régy, parait-il, aime cette salle, parce que je tenais à voir son spectacle : Intérieur de Maeterlink, dans la nouvelle mise en scène de Claude Regy, après celle que n'ai pas vue de 1985 (m'étonne), nouvelle mise en scène pour répondre à la demande de Satoshi Miyagi et avec le Shizuoka Performing Arts Center.
Cette pièce, fondatrice d'un théâtre nouveau, s'organise autour de deux espaces qui se font face : une maison à l'intérieur de laquelle on voit, sans rien entendre de ce qui se dit, une famille réunie dans le quotidien d'une veillée, et, devant, un jardin où arrive un cortège funèbre mené par deux hommes, le Vieillard et l'Étranger, apportant le corps d'une petite fille noyée. Ces deux personnages, comme des messagers de la tragédie grecque, viennent pour dire ce qui s'est passé, puis, très vite, ce qui se passe dans la maison qu'ils ne cessent d'observer et ce qui va sans doute se passer quand ils ouvriront la porte pour annoncer la terrible nouvelle. Ils deviennent intercesseurs entre les spectateurs et la maison. Claude Régy, en choisissant des acteurs japonais, veut poursuivre et approfondir son travail de recherche sur le jeu. Il cherche à faire entendre la force du silence, qui pour lui est aussi un langage, et les dialogues parallèles, « les sillons du texte », pour aller au-delà de l'intelligible, au-delà de la compréhension immédiate, trouver ce qui se cache sous les mots et fuir le réalisme et la déclamation pour révéler cet invisible, pour voir « l'existence elle-même ».

(photo Koichi Miur, mais en réalité, ici, on ne distinguait pas les visages des jeunes femmes au premier plan, pas plus que ceux de la famille à l'arrière du plateau, dans ce qui est l'intérieur de la maison)
Donc il y avait ceci sur le programme, il y avait Régy, la beauté des premières images le premier plan obscur, la seconde moitié, au fond, de la scène dans une indécision légèrement bleutée, creusée par la lumière qui n'en finira pas de venir, deux silhouettes une adulte sombre, une petite silhouette claire, que l'adulte, la mère, couche... la venue d'une pénombre naissante au premier plan ; des silhouettes qui arrivent avec la lenteur, l'imperceptibilité habituelle chez lui, et toujours, tout au long du spectacle ces deux bandes baignant dans une lumière également naissante, mais différente, qui sont l'extérieur et au fond l'intérieur, lequel se teinte parfois de mauve.
Il y a cette phrase de Maeterlink qui s'applique si bien au jeu des acteurs il semble que lorsque l'un d'eux (membres de la famille) se lève, marche ou fait un geste, ces mouvements soient graves, lents, rares et comme spiritualisés par la distance, la lumière et le voile indécis des fenêtres.
Il y a donc eu chez moi des moments de communion, de plaisir devant la beauté, mais, il y a eu aussi, pour la première fois devant un spectacle de Regy, un NON frustré, rancunieux, qui s'effaçait devant la justesse des gestes ébauchés, et revenait me rejeter.
Parce que, dans l'entretien qui figure sur le site, parmi de belles choses sur la pièce, ses intentions, il dit à propos du texte :
j’ai pensé que c’était un très bon exemple de poésie dramatique. Maurice Maeterlinck est vraiment un auteur à part, que l’on a un peu noyé dans le mouvement du symbolisme alors qu’il a une démarche révolutionnaire, toute personnelle, dans le théâtre. C’est un très grand précurseur qui, avant Antonin Artaud, avant Edward Gordon Craig, est le premier à faire la guerre à un théâtre démonstratif dominé par des acteurs «monstres sacrés» qui étaient en antinomie avec l’exigence propre à chaque écriture
et bien entendu il parle de l'importance du silence, du sens du silence, mais dit aussi que parmi les qualités qu'il trouve à l'écriture de Maeterlinck il y a le mélange d'alexandrins et de vers décasyllabiques, le rythme..
Alors, on comprend, on s'habitue à ce que la traduction des vers - prononcés syllabes par syllabes, aussi lentement que les gestes, comme d'habitude, pour que l'on reste dans cet autre part, que joue notre imaginaire - vienne en décalage, quelques minutes après que l'acteur se soit tu, mais il est très frustrant que des échanges entiers ne soient pas traduits... parfois la signification de ces mots japonais, mais avec la pauvreté des phrases qui s'écrivent en nous, est évident, mais pas toujours, et si le sens général demeure je me sentais (suis je sur une mauvaise pente avec cet an de plus) repoussée, refusée, à l'écart.... d'autant que ce qui était traduit était très beau.
Dans le car, d'ailleurs, mes voisins, avec plus ou moins de virulence, avaient tous éprouvés la même gêne.
Retour, remettre pieds dans la foire de la ville... passer dans l'antre juste pour arroser, préparer la cuisson du dîner et repartir
vers l'escalier Saint Anne, l'attente qu'un spectacle se termine à la Manutention pour accéder à l'étage supérieur à l'Ajmi 
et le plaisir pur, instinctif, doucement jubilatoire de la musique de Dominique Pifarely et de A. Rayon (pas compris le prénom) au piano, Bruno Chevillon (beaucoup aimé) à la contrebasse et François Merville à la batterie.
Suis rentrée, rassérénée, par le jardin de la Manutention, l'ambiance détendue, deux musiciens,
et après le verger d'Urbain V, sur la place de la Mirande, à côté du Rouge-Gorge, un guitariste (la photo est très mauvaise, la musique très bonne et il a agglutiné autour de lui un public ravi le temps de deux morceaux en ce qui me concerne)
effleurer la fête de la place de l'horloge, et rentrer, trouver un cadeau encore une fois de quelqu'un que je ne sais comment remercier, autrement qu'ici, faire cuire patates et filets de loup pendant que je tentais de dire Regy.

9 commentaires:

lanlanhue a dit…

j'adore cette promenade matinale dans Avignon, entre chaises sur le trottoir et mythes et danses

Dominique Hasselmann a dit…

La musique, en fin de compte, se passe, elle, de mots...

Brigetoun a dit…

merci
Dominique : sourire

Marie-christine Grimard a dit…

Si la musique est bonne, les photos le sont aussi et on croit l'entendre. Un grand merci pour ce magnifique partage

jeandler a dit…

Une journée toute en douceur.Merci pour l'avoir rapportée.

arlette a dit…

Le mélange est salutaire pour en apprécier les différences
Merci tu es unique ...............

Michel Benoit a dit…

Beau coup de zoom sur les dents du diable du 6 rue des Trois-Faucons !

Brigetoun a dit…

merci Michel, l'aime ce bon diable

Gérard a dit…

..encore une belle prise ce clown au nez rouge et cheveux verts.