Brigetoun, lâche, trop
lâche, si lasse, ou le croyant
a sorti un jean propre,
changé de tee-shirt, regardé son billet pour le dernier des sujets
à vif, regardé de quoi il s'agissait, trouvé cela assez séduisant
dans la mesure où elle pouvais deviner quelque chose,
s'en est allée sous le
beau reste de vent qui brassait les nuages et la lumière
et rejetait la côte de
veau.
Mais je, Brigetoun, au
bout de cent mètres, ai senti mes membres retrouver pesanteur trop
grande, ai repensé avec honte à l'énergie de la salle de la Fabrica
à quatre heures du matin et à mon incapacité à puiser force pour
y tenir part audible...
ai rencontré un pauvre
seul musicien qui attendait ses compagnons dans la foule
indifférente, semble-t-il, au festival, simplement heureuse de ce
jour de vacance..
me suis sentie aussi
vaillante momentanément que le violoncelle gisant,
me suis souvenue
que dans la file d'attente l'autre soir devant les Célestins mes
voisins (ne voulais pas me souvenir que ne semblaient pas partager
avec moi même vue du monde) avaient détesté l'une des deux
propositions des sujets...
et j'ai décidé de ne pas
lutter, ai tourné au bout de la place, suis redescendue vers l'antre
sans que leur invite à
les suivre me détourne de mon chemin.
Me suis rencognée dans
mon absence à tout, ai attendu la fin de journée pour enfiler une
robe et m'en aller, à côté, dans le vent tombé, vers l'opéra et
les trois heures de o kyklismos tou tetragonou mots
qui avaient séduit mon ignorance (mes regrets de ne pas avoir fait
de grec...) plus que la ronde du carré
en tout petit comité, qui n'arrivait pas à remplir le parterre et le centre du balcon - et avec des sorties en cours (surtout la première heure) assez nombreuses.
en tout petit comité, qui n'arrivait pas à remplir le parterre et le centre du balcon - et avec des sorties en cours (surtout la première heure) assez nombreuses.
photo
Vassilis Makris
et,
non moins paresseusement, je reprends ce qu'en dit le site du
festival, qui me laissait interrogative, vaguement..
La Ronde du carré,
pièce ample et terrifiante, est basée sur un principe de répétition
et de combinaison de quatre scènes initiales, quatre situations
amoureuses en apparence banales. Il y a d'abord Verte qui veut
revenir vivre avec Vert, à n'importe quel prix ; Vert fixe un prix
impossible à payer. Il y a ensuite Jaune et Rouge, qui se demandent
lequel des deux est le plus aimé par Bleu, et qui vont trancher.
Puis il y a Violette, qui a quitté Violet après des années de
mariage pour pouvoir vivre avec Gris, lequel n'est pas prêt à
franchir le pas de la vie en commun. Enfin il y a Noir, qui veut
percer, à son profit, le secret de Ciel, qui n'arrive pas à faire
jouir Cielle. Les variations à l'infini de ces événements
conduisent peu à peu à un effet de concentration et de
précipitation et provoquent l'effroi. Chaque personnage ne peut
résoudre les problèmes auxquels il est confontré. Les paroles ne
peuvent se taire et finissent par se muer en un cri qui reflète la
lutte menée par chacun pour répondre de son existence et de ses
actes. En provoquant, puis en acceptant la catastrophe, chacun donne
à sa voix la possibilité même de continuer à s'exprimer ; chacun
touche la mort, chacun la dépasse en annulant la banalité. Dimitris
Karantzas exige de ses acteurs une conscience aiguë des situations
de jeu qu'ils développent avant d'être face au public. …
Alors,
surprenant... un plateau très
nu sur lequel flottent des sièges, l'entrée progressive de huit
hommes et trois femmes, qui tournent un peu en rond, se regardent
furtivement, prennent un air dégagé, un peu comme un groupe
d'invités qui ne se connaissent pas et que personne n'accueille,
l'amphitryon les ayant abandonnés. Et puis un premier dialogue qui se
noue, et les prises de paroles successives auront lieu entre des gens
éparpillés sur la scène. Dialogues prononcés avec une certaine
réserve alors que se disent des choses importantes, une femme qui
revient chez son mari et ses enfants après avoir loupé de façon
sordide son désir d'aventure, un couple venu consulter un sexologue,
une femme et son mari après la découverte de l'aventure qu'elle a avec leur meilleur ami, et un couple d'hommes amoureux tout deux d'un
troisième se disputant son amour exclusif, et dans chaque cas les
réactions assez terribles
On
suit cela avec un intérêt assez distrait... et puis cela
recommence, mêmes mots, autre disposition, ton et gestes plus
virulents.. et puis cela recommence avec une partie des phrases,
l'inversion de la situation du premier couple, des phrases qui sont
reprises par d'autres acteurs, en coeur ou en les incorporant à leur
propre échange... et puis cela recommence...
on
se tue aussi, et les corps s'allongent avec componction, lenteur et
soin de leur apparence..
décroché
parfois, curiosité qui retient, acteurs également, et de plus en
plus d'intérêt pour ce qui est une prouesse de composition, qui est
plus encore, une galerie des possibles, et très cruel.
Saluts
relativement fervents du petit public, un rien perplexe tout de même
de Brigetoun
perplexité
partagée par mon vieil ami Molière.
5 commentaires:
Revenir aux classiques ?...
utiliser billets achetés et forcer mon désengagement pour rogner un eu le tas d'envies inassouvies- ça sent très fort la fin et on croise des valises
Comme un mauvais rêve en situations bloquées...
Déjà les valises? avec lassitude alors?
..tu connais Molière ..c'est fabuleux !!
nous sommes très familiers, je l'encourage à tenir sous la lanterne qui le menace
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