matin soins pour l'antre
et carcasse à tenter de dompter, lavage cheveux, linge maison,
aspirateur, passionnant et cool, sur fond de vieux jazz
partir, un peu après
quinze heures vers le théâtre des halles à nouveau, saluant le
retour du potier de miniatures, la rencontre de deux parades, le
plaisir simple de ma chemise légère, fraîche et très sage, la
bigogne qui déborde en face du théâtre (peu fleurie)
et comme suis
inguérissable, j'avais une demi-heure d'avance... me suis assise
dans le jardin, avec les autres futurs spectateurs, dans la langueur
du mitan de l'après-midi, la tiédeur des ombres, partageant mon
attention entre Quignard et un groupe assis près de moi
que j'ai retrouvé en
faisant la queue devant les petits cadres de Timar, qui venaient
écouter, regarder l'un des leurs, Gilbert Laumord, et m'ont loué le
spectacle dans lequel il joue également (il est aussi un des
deux adaptateurs), avec eux, au Collège de la Salle l'épreuve de
Virjilan, les épreuves imposées
à Virjilan, donc, dieu du Léwoz, maître des tambours, pour prendre
la succession de la très lasse Vyé Madamm-la, la Soufrière, déesse
du feu...
Comme
ils étaient très sympathiques, que le thème séduit en moi
l'amatrice de légendes, et comme, ensuite, ce que je ne savais pas
encore, j'ai beaucoup aimé la voix, la finesse de Gilbert Laumord...
ai presque promis, mais à vrai dire pense que je n'irai pas… (temps et clim)
photo trouvée sur
http://www.sceneweb.fr/2014/03/o-vous-freres-humains-dalbert-cohen-adapte-par-alain-timar/
Nous
venions assister à l'adaptation par Danielle Paume de ô
vous frères humains d'Albert
Cohen, écrit à partir du souvenir qui
le hanta toute sa vie : un enfant de dix ans découvre, un jour du
mois d’août, la haine et le rejet dans les paroles et le regard
d’un camelot, occupé à vendre dans une rue de Marseille, des
bâtons de détacheur : cet enfant juif, c’était lui…
Trois acteurs, «
hurluberlus grandioses », éperdus d’amour et de désir,
témoignent de cette toujours brûlante actualité : trois êtres,
trois pays, à jamais bercés ou secoués mais imprégnés par la
même culture française.
Ces « étrangers d’ici » apportent
par leur origine et leur différence, par leur présence et leur
voix, leur âme aussi, la dimension universelle, d’ailleurs
inhérente au récit, sans apitoiement, sans lamentation.
Et
cette conclusion que je ne peux que ressentir comme une évidence,
dont j'ai toujours été persuadée : Pardonner
le véritable pardon, c’est savoir que l’offenseur est mon frère
en la mort, un futur agonisant qui connaîtra les horreurs de la
vallée des épouvantements, et déjà il mérite pitié et tendresse
de pitié... d'autant
que c'est une façon de limer les dents arrogantes et menaçantes de
son sourire de rejet.
Un
texte fort et poétique, une belle langue.
Trois
âges, trois provenances, trois acteurs, donc, qui sont Cohen, qui
n'incarnent pas strictement mais prennent en charge : le caribéen
Gilbert Laumord, avec son autorité calme, sa tendresse sans
faiblesse et ses cheveux gris, l'auteur vieillissant, se retournant
sur sa vie, Paul Camus l'homme dans la force de l'âge, et Issam
Tachyq-Ahrad l'enfant confronté brusquement à la méchanceté de
ceux vers qui il avance avec amour...
retour,
en passant à la chapelle du Verbe Incarnée, pour prendre un billet
pour assister, lundi soir, à la vie
sans fard de
Maryse Condé, mais elle ne se jouera finalement qu'à partir du 9...
tourner
au coin de la rue des teinturiers qui commence à se remplir de
passants, suivre la rue Bonnetterie, rencontrer une équipe en débat
souriant avec Diogène
et des
distribueuses de tracts adeptes du farniente.
Noter
ceci, faire cuisine, un petit tour sur internet, arroser, se plonger
un peu dans la Terrasse que j'ai fini par accepter au coin de la
place de l'horloge, ne sais pourquoi, mettre une robe que j'aime,
prendre mon petit veston rouge et partir vers le cloître des
Carmes,
en
amarrant à mon sac un parapluie au dernier moment, le ciel s'étant
brusquement chargé de grosses boursouflures grises...
la rue
Carnot avec un semblant d'animation, les tables de la place des
Carmes occupées, surtout celles sous l'auvent,
et
une file d'attente ridiculement courte par apport aux années
précédentes (le cloître n'a finalement pas été complètement
plein)
inquiétude,
puis parapluie, contre goûtes de moins en moins modérées, ce qui a
induit l'équipe du festival
à
nous ouvrir le cloître, pour une attente d'une petite demi-heure,
pendant laquelle piapiater assez agréablement, avant que la décision
soit prise de jouer, la pluie ayant cessé, avec l'espoir que cela
dure le temps, assez bref, de la représentation.
regarder
le balayage de l'eau, regarder les sièges et s'assoir résolument
dans l'humide, et se préparer à voir Lied
Ballet le
spectacle de Thomas Lebrunet du centre chorégraphique de Tours
deux photos de Frédéric
Lovino trouvées sur le web
en
trois parties qui s'enchaînaient mais se distinguaient nettement
une
première partie, sur une musique de Mélodie Souquet, en pantomime
basée sur des lieds, danseurs en noir, figés en tableaux muets
successifs, qui parfois s'animent, chant monosyllabique, visages
tordus de peine ou d'horreur, calme ou expressionnisme extrême des
attitudes, par deux fois récitation en choeur de vers d'un lied...
je ne me demandais pas si j'aimais, étais dans ce que je voyais
puis
arrivée du pianiste Thomas Besnard et du ténor (superbe voix dans
la nuit des carmes) Benjamin Alluni, pour des lieds d'Alban Berg,
Malher, Scelsi et Schönberg... danse, en solo, duo, pas de deux,
ensembles, suivant les cas des danseurs, mélange de noir, d'ivoire,
de gris, d'or terni, de blanc, danse épousant la musique presque
jusqu'au pléonasme chaque fois.. et les quelques départs que
j'entendais derrière et au dessus de moi ont cessé.
Et
pour la troisième partie, après un court passage au noir, musique
enregistré, et l'ensemble des danseurs en maillots une pièce bleu
vert, se mouvant en bloc, lentement d'abord, de plus en plus
rapidement, martelant, l'ensemble se défaisant, repartant à
l'unisson, comme un choeur.
Applaudissements
sortie,
retour dans les rues passablement désertées, dans les bourrasques
de vent, et un bel orage qui a attendu pour se déchaîner que je
sois rentrée depuis dix minutes.
Un
festival malmené, qui avance pourtant (rencontré une spectatrice de
The Humans qui était partie en cours de route, mais avait rétrospectivement une impression pas totalement négative)
8 commentaires:
Le déluge était donc bien présent (même dans les photos !)...
et ça a été pire vers une heure du matin !
là n'arrive pas à me réveiller… tiens à déjeuner en paix, renonce au spectacle pour jeune public pour lequel j'avais un billet
Pour le déluge, de quoi sera fait ce jour ?
D'un pas alerte, la ville s'anime...
La "bigone " à peine fleurie ? La bignone faut-il lire ?
Merci Brigitte !
Moi qui n'étais pas à Avignon ces deux dernières semaines, je m'y suis promené encore grâce à toi !
...et de réjouissantes photos !
Pierre OUI merci (me demande combien d'autres fautes - pas relu ce matin, je n'arrive pas à démarrer)
Les cigales vont revenir chez toi je comprends mieux ... et les commentaires croisés FC FM et les tiens sont brillants, une préférence pour tes impressions imagées et mouillées
Que de choses un vrai parcours du combattant artistique
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