Matin, découvrir la
minuscule rose qu'a pu enfin donner le dernier rosier, après toutes
les grosses mortes avant leur heure,
tenter de détendre
muscles sans qu'ils s'effondrent
penser il y a tas de
repassage, il y a un paquet depuis une semaine en attente à la
grande poste là bas au bout marche et longue file dans le vertige de
la grande salle, il y a lectures... ne désirer que sommeil
laisser passer temps, dire
mañana, avec petite honte, toute petite
et partir, tout de même
avec deux robes trop précieuses pour que m'en charge, une jupe, deux
draps dans les rues
où rencontrer des
affiches de spectacles que même avec temps et force je n'irais pas
voir
où rencontrer de rares murs
d'affiches encore presque fraîches
où rencontrer de rares et
courageux comédiens distributeurs de tracts
où rencontrer des traces
des manifestations passées
où rencontrer encore de
petites effervescences devant des théâtres
et, rue Joseph Vernet,
entrer, par caprice, dans toutes les boutiques, sauf les deux qui
soldent leurs vêtements à plusieurs centaines d'euros, pour
vérifier que plus rien dans les soldes des soldes n'est à ma
taille, à l'exception d'une robe qui faisait de moi un cadavre de
bonne famille, regagner l'antre, d'un pas redevenu de plus en plus
ferme, croiser des départs
faire cuisine, regarder
avec respect la montagne de repassage, décrocher une vieille et bien
aimée tunique pour le soir... laisser couler temps en paresse
et partir, me sentant sure
de moi, avec l'envie réelle d'assister au gymnase du Lycée Saint
Joseph (avec petite atmosphère des Teinturiers en prime) aux Pauvres
gens parce que Victor Hugo,
parce que monté par Denis Guénoun avec les régisseurs et chefs
machinistes formés en 2013 et 2014 par l'Institut Supérieur des
Techniques du Spectacle, et qu'ils me fascinent, parce que j'aimais
ce que dit Denis Guénoun du travail avec eux, et du poème, et de la
bonté, et de l'éthique, dans l'entretien à télécharger
http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2014/les-pauvres-gens
…
seulement,
un peu après m'être arrêtée devant ce beau vélo (ce sont les
sacoches qui me séduisaient), en débouchant au bas de la place de
l'horloge, j'ai été prise dans un petit remous, bousculée, et
carcasse s'est souvenue qu'elle était faible.
Décidée,
j'ai continué, trouvant cependant que le sol était un peu flou, que
ma vue l'était non moins, que l'air puait...
ai
souri aux repasseuses (pensé aux malheureuses qui doivent se livrer
à cette occupation dans notre cagna)
mais
juste après ces deux jeunes femmes conquérantes, est-ce le
contraste, je n'étais plus que panique... me suis appuyée au mur,
aspergée, ai pris un menthos, regardé, vu une jeune femme plongée
dans la bible du off, lui ai proposé mon billet, et toute contente
qu'elle l'ai accepté sans faire d'histoire, suis rentrée,
lentement, très lentement....
sans
renoncer au concert du soir… pour
dire adieu à mes chers Célestins.. et parce que c'était cela
AlefBa, créé au
Festival d'Aix-en-Provence en 2013, est un « oratorio de la rue »
imaginé par Fabrizio Cassol. Cette rencontre transculturelle réunit
onze musiciens d'Europe, d'Égypte, de Syrie, du Liban, de Turquie,
d'Irak et des États-Unis. Véritable recherche musicale collective,
elle aboutit à un nouvel alliage sonore, qui combine les
micro-intervalles des maqâms avec ceux de la musique européenne,
les rythmes du jazz et du rock avec ceux des musiques
proche-orientales. À Royaumont, AlefBa a fonctionné comme une
membrane vibrant de toutes les ondes émises par la place Tahrir au
Caire : lors des répétitions les musiciens égyptiens recevaient
les échos des manifestations sur leur téléphone
mais
effondrement c'était, et vrai effondrement.. et lâchement je ne me
suis pas forcée à passer outre, ai rependu la tunique et le
pantalon, remis la robe légère que portais depuis le matin,
d'autant que j'avais découvert sur You Tube, cet enregistrement
réalisé en juillet 2013, à Aix, par les mêmes musiciens
l'ensemble Aka Moon :
Fabrizio Cassol (saxophone), Stéphane Galland (batterie), Michel
Hatzigeorgiou (fender bass)
Et Khaled Aljaramani (oud, voix),
Emmanuel Baily (guitare), Cheikh Ehab Younes (voix), Amir El Saffar
(trompette, santur, voix), Tcha Limberger (violon, voix), Magic Malik
(flûte, voix), Ahmet Misirli (derbuka), Mustapha Saïd (voix et ouf)
alors,
honteuse, navrée, mais résignée et finalement résolument
benoîtement, me suis installée devant, essayant de m'imaginer que
j'étais dans la magie des Célestins, les platanes restant
silencieux dans le manque d'air...
Me
souhaite meilleure forme demain, et vais m'économiser au maximum
pour tout, hors le spectacle d'Ostermeier le soir dans la cour du
Lycée Saint Joseph.
Et
de trois billets non utilisés (enfin pour les pauvres gens ce n'est
pas tout à fait vrai)
7 commentaires:
Merci à vous d'être là avec tant de sensibilité et d'intelligence.
On est découragé de lire ces blogs d'Avignon un peu (beaucoup) réac où seul, le passé compte ; un passé sublimé.
Merci pour toute cette émotion que vous nous donnez.
Vous semblez vibrer à toute sollicitude.
Vous êtes là à Avignon, maintenant, et vous en rendez l'âme
On brade, on marche, bientôt au but.
et surtout ne vous épuisez pas on a besoin de votre regard!
Excusez-moi, je ne vais pas souvent lire votre blog. C'est dommage car il est formidable. Merci de retracer aussi minutieusement votre parcours au sein du festival, jour après jour. Merci de ce travail colossal. Grâce à vous, on découvre sans cesse tout ce qu'on aurait pu voir et qu'on n'a pas vu (pour diverses raisons: éloignement, paresse...). J'aime bien votre relation entre autres du Mahabharata (que j'ai aussi vu, mais... de plus loin!). Une lacune: vous n'avez pas vu Hypérion? ceci dit en riant, car vous en avez bien assez vu comme ça!
Tu as bien fait de sécher le bal des couillons, c'est pas pour toi, en tout cas.
Moi, je ne suis pas fragile comme toi, mais je ne tiendrais pas le pas de tes rythmes !
Alors, pas de honte, hein ? Tu es une guerrière pour les arts !
Repos, guerrière.
il faut faire des choix.. en se trompant parfois, et j'ai toujours une hésitation pour Benoit XII où les spectacles sont souvent très bons mais où il m'est arrivé d'avoir des débuts de malaise (fatigue, trotte aux heures chaudes et clim )
ai regretté
J'aime bien tes photos de rue..même les couillons.
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