Brigetoun en vieille femme
lâche, avant même de voir l'état du ciel, dans un éclair de lucidité
entre deux assoupissements (carcasse ne désirait qu'absence
voluptueuse) a renoncé à utiliser le premier billet du jour
parce que, bien entendu
désir venant des mots : chapelle des pénitents blancs, et Novarina,
mais Falstafe est bien indiqué partout comme spectacle jeune
public... et carcasse disait que, quoique j'en pense, je n'entrais
pas dans cette catégorie
parce que lassitude déjà
et près d'un kilo semé en trois jours, alors que point trop n'en
ai, parce que battement de temps entre le retour et le départ en
début d'après midi vers le lycée Mistral ne me permettait pas
déjeuner tranquillement dégusté...
et puis en sortant dans la
rue pour teinturier et pharmacien, ce ciel
et les petites ondées qui
faisait fuir les rares passants dans les rues vides où jouait un
ventelet bien frais,
et par chance
choisissaient les moments où j'étais dans une boutique…
grondements au dessus
de la place
avancer à grands pas en
admirant le courage de la seule parade réfugiée sur le perron de la
mairie.
Avec ou sans intermittents
(les interventions dans les spectacles se bornent à la diffusion
d'un enregistrement, peut être la coordination est-elle partie vers
d'autres lieux) cela va être une triste année pour les commerçants
et les troupes (mon agoraphobie du coup se tient tranquille)
et bon gros orage
déclenché dès mon retour, s'abattant sur la cour noyée
d'obscurité presque inquiétante..
écouter Xavier de La
Porte qui explique comment l'orage le prive de courant et de platane
pour son émission sur France Culture, et, courant revenu, tonnerre
parti nous laissant la pluie, pendant qu'il parle avec Anne Alvaro
(appris que la représentation du Prince, qui semble-t-il avait la
grâce d'un public fervent, a été interrompue par le déluge dru,
de très belle façon, au court du quatrième acte qui ne fut pas),
faire cuisine en regardant l'eau tenter de s'infiltrer sous la porte,
et le minuscule ruisseau qui y parvient...
déjeuner anormalement
tôt...
sermonner carcasse, garder
pantalon de coutil avec lequel je vaque, enfiler tee-shirt neuf,
saharienne de toile, entortiller dernier foulard créé par ma nièce,
prendre parapluie, vieilles tatanes et courage,.. l'envie, elle, était
là après avoir lu ce que je trouvais sur le site du festival....
sous
la pluie obsédante, dans la fraîcheur, enfiler la déserte – mais
elle l'est toujours passablement, passées les boutiques de mode –
rue Joseph Vernet – une pensée nostalgique pour les expositions,
les rencontres avec metteurs en scène de l'école d'art déportées
maintenant vers la FabriKa ou l'Université - pour aller,
dans
le gymnase du Lycée Mistral, assister à le sorelle
Macaluso, le spectacle d'Emma
Dante et de sa troupe palermitaine.
Photos Clarissa Cappellani
Gina,
Cetty, Maria, Katia, Lia, Pinuccia et Antonella.,
sept soeurs, suspendues
entre la vie et la mort, se chamaillent et se souviennent. Fantômes
de vieilles filles siciliennes ou pléiades contemporaines, elles
semblent rejouer sans cesse les mêmes histoires. Une en particulier,
pivot tragique de leur vie. Un jour, à la mer, deux soeurs jouent :
une mourra noyée, l'autre sera considérée coupable et, à ce
titre, excommuniée. Le drame fait dérailler l'histoire de cette
famille condamnée à errer, à tourner en boucle au rythme des
enterrements et des souvenirs rabâchés. Comme toutes les anecdotes
que les sept soeurs narrent, miment ou vocifèrent, cette scène
inaugurale est farce et tragédie. Alternant légèreté,
fureur et ironie, les soeurs
mettent leur corps en jeu. Elles disent autant qu'elles vivent la
solidarité et la rancoeur qui les lient. Coincées dans une jeunesse
à la fois ingénue et perverse, elles peinent à incarner les femmes
que leur mère leur demande de devenir. (sur
le site du festival)
noir –
des écus de fer blanc martelé au sol en bordure de scène – entre
une fille cheveux défaits, pantalon et chemise noire qui se met à
danser (on découvrira plus tard que c'est Maria, celle que l'on
enterre ce jour là, qui a toujours rêvé d'être danseuse).. entre un
groupe de danseurs, même tenue, déplacement en choeur, marche
martelée, quatre s'en détachent pour un combat dansé avec les
écus et des épées qui étaient posées à terre, comme les marionnettes, avant que
les sept filles restent seules en scène, debout, en file face à
nous, enlèvent en plaisantant, riant, leurs pantalons et chemises
pour se retrouver en petite robe et que peu à peu les souvenirs
viennent.
Un
moment où l'on hésite un peu à entrer dans leur jeu comme quant on
tombe par hasard face à un groupe qui parle, échange, et que l'on
se sent exclus... et puis ça vient, le texte sait peu à peu nous
englober, il y a leur jeu, la Katia qui est si moche, la vieille
fille, Gina (et son fils mort qui voulait ou qu'elle voulait être
champion de foot) et l'handicapée Lia, sa gouaille, ses grands
rires, et sa voix qui est celle de Gelsemina, ou presque.
Pauvreté
ou presque misère, tradition (et dialecte sicilien, ce qui m'a
autorisé à ne pas tenter de comprendre sans traduction, et
constater qu'en étais incapable, ou d'être en certitude de ce que
j'entendais), fratrie et deuil, humour, férocité, joie explosive et
sanglots, souvenirs enfouis et tristesse – et puis les parents bien
entendu, leurs spectres.. le père, le ramasseur de merde humilié, la
mère morte jeune, belle et pleine d'attention quand elle était là,
quand elle revient consoler, faire l'amour avec son mari et
conseiller ses filles
noté
dans l'entretien avec Emma Dante
La famille, c’est le
vide et leur maison est plus un état d’âme qu’une maison
authentique.
Et
puis la Méditerranée .
La mort fait partie de la vie
domestique, elle est présente dans toutes les maisons où sont
placés de petits autels - ce prolétariat et la poésie qui en
émerge etc...
applaudissements
et
sortie devant un ciel qui se souvient que la lumière existe
et,
après avoir admiré la dernière oeuvre exposée chez Lambert, pour
un temps, retour par la rue de la République en train de sécher, en
ayant fortement l'impression d'être ramenée à la fin des vacances
d'enfant, en août, dans les rues d'Evian...
navrance
pour les troupes… ai pensé que devrais aller voir quelque chose,
mais comme n'avais noté aucun horaire, suis descendue vers l'antre, pendant que des
trous bleus s'amorçaient dans le ciel
et j'ai trouvé un rayon de soleil sur mon coin de rue.
Préparer
ceci, faire cuire patate et morue, prendre mes notes sur le off,
décider d'aller voir à 18 heures 20 l'enfant
de demain, adapté par Serge Amisi d'après
son livre, ancien enfant soldat au Congo, joué par lui et par
Mathieu Genet qui met en scène..
et
suis partie, d'un pas moins flâneur que ne l'avais décidé parce
que le ciel s'était refermé, que l'air était humide et frisquet
dans
les rues dépouillées d'affiches, marchant sur leur retour vers la
pâte à papier
suis
arrivée avec un quart d'heure d'avance à la Condition des soies et
me suis immobilisée une minute, entre rire et juron, me souvenant
soudain que le spectacle se joue à la Chapelle du Verbe Incarnée.
Fière
de moi parce que, grâce au plan qui commence à être dessiné dans
un coin de mon crâne, ai taillé la route, un peu essoufflée parce
que j'ai renseigné un bonhomme perdu tout en maintenant le rythme,
et qu'il insistait pour philosopher
ai
tourné triomphalement le coin des teinturiers en version automnale à
18 heures 16,
suis
arrivée à 18 heures 18 devant le guichet pour apprendre que la
troupe faisait grève. Un petit moment d'échanges enjoués avec les
gens du théâtre et des spectateurs éconduits.... j'avais prévu un
choix de trois spectacles aux alentours de 20 heures 30, à distance
raisonnable pour la suite, mais ma cervelle ne me proposait rien
avant cette heure ou 19 heures 30 pour Césaire à la Maison de
Poésie... ai lâchement renoncé, suis rentrée, me suis fait un
second thé, ai décidé que, tant pis pour les troupes (eu quelques
échanges navrés), la vieille Brigetoun se rencognait, dormait,
rêvait, vivait tranquilo cette fin de jour.
Ce soir je vais à
Boulbon, je veux ciel bleu s'évanouissant dans la nuit, cigales et
pierres relâchant la chaleur du jour...
5 commentaires:
La Cour d'honneur est souvent soumise aux caprices de la météo (après ceux de Marianne).
C'est souvent un acte imprévu ou intermittent.
y a pas que la cour
et, égoïstement (parce que je me demande surtout si la ville et les compagnies se remettront de ce festival - un tiers de gens en moins en gros)
aimerais défaillir de chaleur et voir visages plus joyeux
et moins égoïstement aimerais marcher moins facilement dans les rues
Mistalou frais arrive et l'espoir avec ...
Bien aimé les soeurs et la famille exubérante
Courage Amie
Tout irait-il à vau-l'eau en ce festival ?
Brigetoun bétassou..tu me fais rire...les sept sœurs sont pas mal non plus.
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