Lassitude grande et
découragement au réveil, et puis peu à peu, en me cocotant, en
oeuvrant doucement, une envie renaissante devant la vie, malgré le
ciel gris.... et découverte tardive des petits concerts donnés à
12 heures 45 au théâtre Notre Dame par UMS ‘n JIP,
ensemble suisse de haute tenue, spécialisé dans la
musique contemporaine, composé de Ulrike Mayer-Spohn (flûtes à bec
et électronique) et Javier Hagen (ténor, contre-ténor et
compositeur)
J'ai épluché mes légumes,
remplacé le jean à tout faire par une petite robe sous un chemisier
(pas si chaud que ça l'air) et m'en suis allée clopin pas trop
clopant par les rues, sous ciel gris sur gris, entre touristes et
parades, vers le théâtre
plaisir de retrouver l'un
des personnages qui ont quitté leur ancien balcon place de
l'horloge, avec le changement du propriétaire
plaisir de la jolie toute
petite salle
Il y a trois programmes
(malheureusement le premier qui comportait Feldman et Stockhausen ne
se donne plus) et aujourd'hui c'était pour mon plus grand plaisir
Cage/Kagel/Berio/Aperghis (et plus)
c'est à dire : des
extraits de Redeübungen fûr Hand and Mund
(exercice de
la parole pour la main et la bouche) de Dieter Schnebel
Gesti pour flûte à
bec alto (en
fait plusieurs flutes de toutes tailles, parfois simultanément) de
Bério joué simultanément à lecture
on nothing conférence
donnée par John Cage en 1950 à New-York
Atem de
Mauricio Kagel
récitation pour une
voix seule d'Aperghis.
J'avais trouvé une vidéo
d'un fragment sur You Tube , mais malheureusement d'assez mauvaise
qualité, accentuant le silence, aplatissant les sons fragiles ou les
gommant (difficile d'enregistrer le souffle retenu dans une flute)
retour rapide
pour faire cuisine, manger longuement et lentement, dormir, laisser
couler le temps en petites activités, lectures avec grande crainte
d'une averse ou d'un orage pour la nuit, grand désir que cela ait
lieu Avant... et ce fut le cas un peu avant 18 heures.
J'ai mis une
jupe à grosses fronces et beaucoup de tissu pour me tenir chaud,
pris petit blouson de soie et accroché un parapluie à mon panier et
m'en suis allée dans les rues humides,
vers le Lycée
Saint Joseph, l'attente,
la cour, et le
mariage de Maria Braun, mis
en scène par Thomas Ostermeier, sur un scénario de
Peter Märthesheimer et Pea Fröhlich,
d'après Fassbinder.
(photo
Christophe Raynaud de Lage)
programme
sur le site
Durant la Seconde
Guerre mondiale, Maria et Hermann se marient dans une mairie
fraîchement bombardée. Le lendemain, Hermann doit retourner au
front. La guerre finie, Maria qui attend son retour reçoit la
nouvelle de sa mort. Parallèlement à sa découverte des règles du
marché noir, Maria Braun apprend celles du commerce amoureux.
Serveuse dans un bar, elle entame une liaison avec Bill, un G.I.
noir. Un soir qu'ils rentrent ensemble, Hermann les attend. Dans la
confusion qui s'ensuit, Maria frappe Bill qui en meurt. Endossant le
crime, Hermann se laisse mener en prison. Après les grandes figures
féminines des pièces d'Henrik Ibsen, Thomas Ostermeier trouve dans
la Maria Braun de Fassbinder une autre victime des règles sociales
et économiques. Cette fois, le cadre est l'Allemagne d'après-guerre,
en pleine transition vers la République fédérale
Dans
l'entretien qui figure sur le petit programme de salle, Ostermeier
dit Je n’ai pas vu le film avant
d’avoir monté la pièce sur le plateau. Je me suis familiarisé
avec le sujet avec une amie qui m’a raconté le film, et je me suis
procuré le manuscrit. Il s’agit donc évidemment d’une réflexion
par rapport au texte et non sur le film
et
On en vient à la
question du pouvoir dans notre société, qui, dans la réalité de
notre monde capitaliste, est toujours lié au pouvoir économique. En
effet, la majorité de la richesse économique dans toute l’Europe
est toujours aux mains des hommes. C’est pour cela que cette pièce
est encore importante…. Maria essaie de manipuler les hommes qui
l’entourent, mais elle ne remarque pas que les hommes la manipulent
elle aussi.
Et,
j'ai aimé ce que j'avais vu jusque là de lui, mais rarement à ce
point.
Il y a
toutes ces intentions, il y a aussi un formidable spectacle et des
acteurs excellents – une économie de moyen et une efficacité
étonnante, qui fait qu'avec une perruque, un bout de costume changé,
des talons et une expression un homme devient tout d'un coup la mère
ou l'amie de Maria, avant de se retrouver médecin ou époux, qu'il
suffit de poser un masque carnavalesque noir quelques minutes sur un
visage pour qu'ensuite l'acteur, à visage nu, soit un GI noir, de
quelques gestes et quelques regards pour dire ce qui demanderait dix
pages.. ils se sont aussi offert le luxe, dans le cours de l'action,
lors d'un conflit dans l'entreprise où Maria devient femme
d'affaires, de lire, en français, un texte parfait sur la lutte
actuelle des intermittents..
salut,
et re-salut, et re-salut, public applaudissant debout (sans se
précipiter vers la sortie)
et
retour dans les rues qui s'endorment déjà à minuit (même la rue
des teinturiers)
avec,
sur la place, une manifestation chaleureuse (j'ai acheté une crèpe
à un stand de gâteaux orientaux) des quartiers en soutien à Gaza,
entre gravité et sourires amicaux.
6 commentaires:
Admire l'inventivité pour se faire connaître tout au long des rues et de tes images
Me souviens du film ..tj au fait
grand merci à toi
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas; à chacun, de menus plaisirs.
Merci à notre élégante festivalière.
en me cocotant ? j'ai cherché je ne vois pas de forme pronominale...aie aie !! tu as quand même des fans au salon de thé.
pas de forme pronominale ? mon ego ne s'arrête pas à ces considérations
Ah, comme j'aurais aime voir ce spectacle! Et a la fin, la bonbonne de gaz explose, Comme dans le film? C'EST DEMAIN LA FIN, J'ESPERE QUE VOUS N'ETES PAS TROP TRISTE...
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