Comme c'était un premier
vendredi du mois, me suis préparée, matin, à une vie de nonnette
studieuse en son scriptorium
Bien sûr je me moquais un
tantinet de moi, parce que mon séjour en cette lecture, même
attentive, serait bref
Mais, malgré la décrue
des vases (j'ai dû passer jeudi soir plusieurs années en revue et
j'ai été éblouie par la longueur de certaines listes passées), il
restait une belle grosse poignée de valeureux, parmi les meilleurs
selon moi, pour échanger, bellement, en ce premier jour d'août..
à déguster
tranquillement
Il y a eu :
enfance ?
requin requin voix
chantée d'un enfant
avançant
en courtes phrases ou segments de phrases, comme toujours, de
strophes en strophes, ponctuées par un quasi refrain qui a toujours
comme fin requin requin la voix chantée d'un enfant – une
fenêtre éclairée, la nuit d'un jardin, les rues chaudes, un
terrain blanc, une voix, raconte l'histoire avec des musiciens,
l'histoire d'un homme d'orage... vous laisse découvrir.
Je
ferme les yeux plantes arbustes herbes vivantes envahissent la
fenêtre du train – j’isole une image – le laurier rose fleur
guerrière d’Appolinaire – la répétition de l’obscurité –
je dessine des formes disparues – ici une personne aimée son
sourire ici un passage de pierre des marches ici une ville et ses
lumière – ici un arbre ses fleurs tombées – puis quelques mots.
et
un été 14 de bleuet
coquelicot
un été
14 vu par la petite qui suit sa mère, la famille, le personnel de la
ferme aux champs - la chaleur sur les corps au travail, et soudain le
tocsin – la petite qui découvre le désarroi des adultes –
la
petite une semaine plus tard donnant la main à la moisson en
l'absence des hommes – les lettres, l'avancée de l'été,
Les moissons sont
presque terminées, heureusement car la pluie dégringole, froide,
drue dans le dos de la petite. Elle brave pourtant l’orage,
fièrement, pour donner du fourrage aux chevaux de la cavalerie
française. Ils ont encore fière allure avec leur robe luisante.
Pendant que les soldats bouchonnent leur monture, la mère leur
fournit des œufs et de la paille sèche pour dormir. La petite rit
beaucoup en les écoutant se plaindre des gros rats «au moins un
mètre de la tête à la queue» qui , la nuit, leur tombent sur le
visage dans leur gourbi. Les rats, la petite les croise tous les
jours dans la grange, ils font cache-cache, elle n’a pas peur.
Ceux-là remontent de la rivière, dit maman, car la terre est
bousculée par la guerre, ils se réfugient dans les tranchées, pour
se nourrir. Normal, pense la petite, les rats aiment les tranches
autant que les croûtons.
Etc...
et pour nous aider à vivre (ne peux dire revivre) cet été à
travers ses mots, Eve y joint des photos personnelles de ce temps là.
silence
Cécile Benoist
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2014/08/01/lombre-disparue-par-cecile-benoist-vase-communicant-aout-2014/
l'ombre disparue
de
l'herbe et du sable, un ciel bleu, un petit baobab photographié par
Cécile Benoist, et pas d'ombre
adresse
méditative au petit baobab
Et des images défilent,
je te vois dans quinze, vingt, cinquante ans. Des enfants jouent
autour de toi, une vieille vient chercher tes fruits pour soigner sa
petite-fille, une jument se repose sous tes branches, un cultivateur
déjeune dans ton ombre. Un voyageur écoute ton silence. Comme moi.
et
Franck Queyraud
http://litteraturesauvage.wordpress.com/2014/08/01/vaseco-7-silence-sauvage-de-franck-queyraud/
silence
sauvage
sieste
dans un pré, rêve où la nature se retrouve ensauvagée et réveil
dans un début de tempête, tenter de la fuir, se retrouver corps
seul, proie de la pluie, du vent, voir la foudre
Je crois bien que
j’avais la fièvre. J’ai tout de même bien fait de rester à cet
endroit. L’arbre où je m’étais réfugié un instant auparavant
a été illuminé, enveloppé. J’ai entendu un déchirement
affreux. L’arbre s’est abattu quelques instants plus tard.
L’orage est parti aussi subitement qu’il était venu. Et, il n’y
avait plus de vent.
écrits en cours
François Bon
http://kafkatransports.com/vases-co/
conte de l'homme qui
dort
avoir
son homme qui dort, en soi,.. et non je ne dirai pas ce qui en
découle, allez lire le sage conteur, profiter de déroulement de ce
qui sous-tend le conte, de cet homme qui dort, de nos rapports avec
lui, le nôtre, quand en avons un, etc...
Je progresse dans
l’écoute de mon homme qui dort. J’ai relu les livres qui en
parlent: ils sont peu nombreux. Dans ces moments où le retrait vous
prend vous-même, vous pouvez vous concentrer sur la cessation même
– c’est lui, il est là. Je gagne sur moi-même: c’est de
l’abandon qu’il est question.
et
Philippe Rahmy
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4006
Loop road reloaded
après
une présentation par François Bon de Philippe Rahmy, de son
écriture, de Béton armé, du travail en cours, un passage de
ce livre futur, l'histoire d'un jeune, issu de Bab el Oued, qui
s'installe à Londres et découvre qu'il est possible de vivre, de
vivre mieux qu'en France, qu'un peu partout, quand on est catalogué
musulman – un matin qui se lève sur Londres, donc
Les nouveaux immigrants
sont marocains, libyens, égyptiens, français. Ils marchent, ils
tombent, ils chantent. Leurs chants portent jusqu’aux lointaines
patries. Ils chantent pour leurs familles, pour leurs femmes, pour
leurs enfants et pour leurs morts. Ils chantent aussi pour le pays
qu’ils traversent, pour les arbres, pour les bêtes qui les voient
passer au bord des rails, et pour leurs rêves qui leur filent entre
les doigts. D’un téléphone à l’autre, la plainte des oubliés
de l’histoire monte dans le ciel. Ils se serrent les uns contre les
autres pour ne pas tomber des wagons. Quand ils éteignent leurs
téléphones, ils se refilent une craie. La tôle est leur canevas.
Ils dessinent le portrait de leur ange protecteur, Mama-Diesel,
patronne des vagabonds, une grande vulve de pissotière qui les
enveloppe comme une mère...
et
je lirai ce livre, comme le précédent...
Camille
Philibert-Rossignol
http://nvariations.blogspot.fr/2014/08/vase-communiquant-avec-camille-philibert_1.html
une superbe photo de plage
(quand on l'agrandit) et une femme devant sa page blanche, évacuant
l'idée de repos, cherchant des histoires d'aventures, de navigation
lointaine, ou d'autres, mais qui n'aient pas déjà été écrites
Ne vaudrait-il pas
mieux évacuer explorateurs et sextant...inventer du rien, un monde
abstrait colonisé par du rien...ou des amibes. Des amibes qui
mesureraient la distance des bactéries avec des néo-sextants
riquiquis...La difficulté sera de donner corps à des entités
microscopiques, elles existent dans une temporalité débarrassée de
Pacques, des vacances à la plage et des cadeaux au pied du sapin.
et
suivre un texte fermement
mené où l'on voit un garçon faire la connaissance de deux voisins,
deux vendeurs, les écouter parler en wolof, tenter une approche
grâce à une photo, et avec un appareil merveilleux pouvoir traduire
leurs mots, d'où
Clignotant rouge : fin
de la traduction. Jean-Pierre, Steeve et Parfait se sont évaporés
le temps de ranger mon appareil. Je suis rentré chez moi à l’heure
pour regarder un épisode de ma série préférée. C’était l’été
2054, l’année où je suis devenu un homme qui doute.
contes
Marianne Desroziers
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article176
la marchande de nuit
un
très joli texte (et photos d'une étrange et belle «poupée») sur
la pauvre petite marchande de nuit
Elle accumulait comme
des trésors pattes, ailes, antennes ou abdomens d’insectes et os
provenant de squelettes de petits animaux. Une tête de musaraigne
par ci, une coquille d’escargot par là suffisaient à son bonheur.
Elle assemblait ses trésors, inventait des créatures et leur
insufflait la vie. La marchande de nuit défiait la mort et se
prenait pour Dieu.
et
Angèle Casanova
http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2014/08/vases-communicants-avec-angele-casanova.html
les yeux rouges
ponctué
de belles photos, conte peut-être mais en vers et conte cruel, d'une
porte scellée depuis longtemps sur un secret, une vie derrière
la vie, conte de la curiosité, du désir de savoir si grand que
la porte s’ajoure
dentelle
aérienne
des trous d’obus
apparaissent
laissent entrer
la lumière
dans le réduit
laissent sortir
les ténèbres
les non-dits
l’odeur de cave
humide
de mort peut-être (et
l'on pense en écho à la robe de la marchande de nuit)
et
vous laisse descendre de strophes en strophes vers ce qui est
derrière la porte.
poèmes, sensibilité
et nature
Danielle Masson
http://allerauxessentiels.over-blog.com/2014/08/les-vases-communicants-d-aout-avec-danielle-masson.html
à partir d'un poème de
Martine Cros, faire de la découverte, de la lecture d'Alejandra
Pizarnik, de l'avancée dans ses textes, une prose poétique, à
l'ombre ou plutôt devant son tamaris, vieux de tant de souvenirs
Au fil des jours, ses
fleurs roses ont disparu, remplacées par de tendres pousses vertes.
Elles poussent,
poussent.
Elles me parlent de
toi.
et
à partir d'un texte de
Danielle Masson, et avec une photo de Gordon Hepton
un poème, poème au
plaisir des mots, poème de la nature, de la femme, du soldat d'acier
Mon âme à présent
peut s'étendre-en-toi,
mon coeur bleu comme
peur à mes flancs l'y joindra
Dans le poème tapi les
caresses-nuit iront s'éprendre
des rimes de
rose-source et de silence-drap
Ô sonnets composés de
nos yeux enlacés,
de galets en galets,
faites donc les biches !
The road (et échange
de photos)
Christine Simon
http://hadominique75.wordpress.com/2014/08/01/quelque-chose-nest-pas-alle-comme-ca-devait-mais-quoi/
quelque chose n'est pas
allé comme devait mais quoi
en
superbes longues phrases un road trip (mais si) ou au moins un road
movie, une aventure au courant de la route, d'une jeune femme, dans
une Amérique comme on peut se l'imaginer à cet âge, à lire en se
laissant bousculer par la route jusqu'à
une nuit sans sommeil à
craindre qu’ils reviennent, une nuit en guerre, tout toi, sommée
de lutter, et un petit matin dont tu triompheras, moulue, les muscles
éteints, mais entière, que tu comprends.
Tu sais que c’est là
que ça a explosé, l’enfance.
et
Dominique Hasselmann
http://www.christinesimon.fr/spip.php?article187
road party
non
pas la route mais the road et, avec ce mot, s'ouvrir à un monde, un
rêve d'autre part, d'autre vie, aux films, à la littérature –
belle réflexion de Dominique Hasselmann, où passent des films que
nous avons aimés (il devrait lire éclats d'Amérique d'Olivier
Hodasava, ou Mobil de Butor, au cas improbable où il ne l'aurait
déjà fait, même si le thème est le seul lien)
Fantômes du voyage, du
trip, bruits de chaînes (évidemment), engoulevents rencontrés par
surprise, On The Road Again,
blues écorchés qui grattent sur des 33 tours usés, Bob Dylan
revisite la Highway 61, le guidon trépide, le volant trépigne, ces
engins nous emportent on ne sait plus trop où, vers une dernière
frontière, peut-être un dérapage, une sortie de route,
l’éblouissement final, la mort rôde, elle carbure indéfiniment,
s’alimente à un réservoir caché, camouflé, que l’on ne peut
détruire, nous en sommes ses clients obligés, captés, prisonniers,
comme dans toute entreprise marketing menée d’une poigne de fer.
et puis l'échange de
sons, d'images, de textes entre
Nolwenn
Euzen http://www.sonsdechaquejour.com
ce en
quoi j'ai cru entendre une musique aborigène, qui est en effet celle
d'un dijeridoo enregistré devant le centre Pompidou, accompagnant un
texte poétique, recherche appuyée sur Emily Dickinson et Bachelard
Oui. Mais je continuais
à chercher ces «heures salubres» passant une porte puis une autre,
enchaînant les pièces. Tu aurais pu me dessiner la joie, m’inviter
dans la ronde des plus beaux enfants, leurs jeux les plus familiers,
ces heures salubres étaient ailleurs
et
Eric
Schulthess http://grandemenuiserie.fr/spip.php?article135
Retour à Donostia San
Sebastian, à la recherche d’Alberto,
une bande son qui vous
emmène autre part, en conversations devinées, musique, bruits
divers, à mettre en marche d'entrée pour accompagner la lecture du
retour à la Concha pour retrouver Alberto, rencontré sur la plage,
en janvier, plein de colère et détermination à trouver des
solutions
De
ce voyage, restent ces quatre petites cartes postales sonores collées
ensemble. Les paroles mêlées des passagers du train. Les phrases
d’un saxophoniste de jazz assis au-dessus de la plage. Le bruit de
l’océan qui remonte de la mer jusqu’à la promenade. Et le
vacarme du Bar Bartolo, dans le vieux Donostia, où j’aurais bien
partagé quelques tapas et un verre de tinto avec Alberto.
6 commentaires:
Un voyage inspiré.
À parcourir à l'ombre.
merci.
merci à toi surtout
D'une lecture aux mots qui voyagent
à se sentir bien petit
"? enfance"
en fait au début j'ai lancé un été 14/2014, Eve s'est tournée vers le passé et moi suis restée au présent, grand merci encore de tes lectures
pardon, mais est ce qu'il n'y a pas cela aussi en commun à vos deux textes, deux enfants, même si chez vous il n'est pas central..
ah ces lecteurs, se trompent
oui il y a de l'enfance dans les deux textes - de l'enfance dans la voix du requin :) - et puis non vous ne vous vous trompez pas ( je ne sais pas moi même où je vais avec ce texte)
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