une fois encore, me sentir
un peu illégitime au milieu de ces connaisseurs, doués, etc...
m'interroger
décider une fois encore
de déserter les bidules «sociaux», de ne pas infliger mes j'aime,
de ne pas, non plus,
persuadée de l'insignifiance de mon jugement, citer tous les billets
de ceux que j'ai apprécié, et finalement devoir citer que
j'apprécie, mais pas toujours, de pratiquer la politesse au risque
de la courtisanerie
décider surtout de ne pas
pour ma part me glorifier ou navrer de ce qui n'est sans doute
qu'automatisme, gentillesse, ou politesse en retour
couper, me satisfaire de
mon égoïsme
mais... ne pouvoir
abandonner paumée ou des envies de participation,
ne pas théâtralement
fermer comptes, les laisser mourir (et puis ça peut toujours servir
dit ma petite voix intérieure)
oeuvrer, un peu,
engraisser, très lentement,
revenir à discipline
cigares un peu négligée depuis trois jours
et espérer que la pluie
de la nuit dernière s'en est allée durablement, regarder les nuages
fins comme tulle ou plus affirmés qui passent
attendre nuit, la descente
vers la nuit,
marcher en regardant avec
inquiétude les boursouflures blanches du ciel
et arriver un peu après
vingt heures aux Carmes, pour l'un des concerts de notre Tremplin
jazz, … attendre
être prévenus par un des
organisateurs, insistant bien pour qu'éventuellement nous
renoncions, que, compte tenu des prévisions météorologiques, nous
serons debout, les groupes jouant à l'intersection de deux des
galeries du cloître,
traverser le cloître pour
griller les autres, tenter d'avoir une place sur les marches montant
au fond de la galerie face à l'entrée vers la zone technique,
arriver trop tard, hésiter et m'asseoir avec des jeunes charmants,
en enroulant mon chèche en coussin pour plus de confort...
malheureusement des plus
grands plus forts que moi se sont installés devant moi, tenter
d'apercevoir, et entendre fort bien, le groupe qui fait la première
partie, après avoir été sélectionné lors du concours (concerts
gratuits auxquels n'assiste pas par crainte bousculade) de l'année
dernière, groupe de quatre musiciens Orioxy www.orioxy.net
parce que j'avais été attirée/intriguée par ces mots dans la
présentation onirique, grinçant, s'amuse, folk-song,
douceur, intimité, énergies sauvages et organiques
aimer
plus ou moins selon les morceaux (juste un peu moins parfois la
chanteuse) –
penser
que si les platanes des Célestins jouent leur partie par temps de
mistral, l'eau giclant en belles cascades des gargouilles des Carmes
a parfois une participation à l'autorité un peu excessive – voir
ceux qui se tiennent sous les arcs se retourner pour regarde avec
inquiétude le niveau de l'eau dans le cloître, au dessus de nous
me
fatiguer d'être assise et me tenir debout sur le plan incliné
descendant du cloître dans la galerie, aimer de plus en plus,
mais
au moment où après avoir traversé le cloître sous une pluie
raréfiée, mais en pataugeant dans plusieurs centimètres d'eau,
pour être dans les premières dans la queue pipi, je me disais que
je devrais renoncer, fatigue, à ce que je venais vraiment écouter,
la seconde partie, avec, vedette de la soirée, Christian
Scott qu'on disait dans
la lignée de King Oliver, Louis Amstrong, Wynton Marsalis, Nicholas
Payton par moins
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Scott,
(pour
un échantillon de sa musique
(il
intervient à 3.35, mais il y a aussi, outre la tendresse de la
trompette, le jeu du bassiste))
le
cloître a commencé à se déverser, inonder tranquillement les
galeries et le concert a été annulé (je n'essaierai pas de me
faire rembourser comme ils ont dit qu'ils allaient essayer de le
faire au moins en partie, parce que j'imagine la catastrophe de cette
organisation, d'autant que le buffet qui doit faire une bonne part de
la recette a été abandonné)
refuser
cinq cent euros qui m'étaient offerts pour mon petit, léger, moche,
parapluie - attendre un peu que l'averse perde de sa dureté dense,
et
m'en aller, bas de pantalon trempé, sous une pluie qui se faisait
rare, qui avait cessé quand j'ai atteint l'antre, qui se
re-déchaîne, avec l'appui du tonnerre..
7 commentaires:
Sait-on jamais, ça peut toujours servir. Les greniers de la mémoire encombrés.
Roulement de tonnerre en écho et trombes d'eau ici aussi dans la Drôme des collines
Appréciée la deuxième partie que... tu proposes sans pluie Dommage
et encore et toujours ma gratitude grande à vous deux
merci de ne pas "abandonner paumée et des envies de participation,
ne pas fermer théâtralement comptes"
on vous suit, on vous lit, on vous apprécie : on ne le dit pas, se sentant encore plus illégitime que vous.
au-delà du compliment, soyez sûre (rassurée ?) du plaisir éprouvé à vous retrouver chaque matin, et de la reconnaissance de votre goût, qui m'a poussée, par exemple, à commencer à creuser davantage dans les dossiers du généreux François Bon.
j'espère que, tout en approuvant ce commentaire, vous le modèrerez :-)...
Anne
merci - l'illégitimité est dans mes avis omniprésents sur tweeter
il n'y a pas que de la politesse dans les appréciations, il y a de l'admiration sincère, aussi!
Chaque matin, tous les matins...
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