A l'heure de l'éveil lent
de ma conscience du jour, trombes d'eau sur la cour.
M'asseoir, me consacrer
avec autant de soin que le pouvais à des paperasses, petites
formalités ennuyeuses mais importantes,
et sortir, lors d'une
éclaircie pour poster une lettre recommandée
avec un retour sous une
pluie solidement installée.
Après le déjeuner,
sortir dans la cour, dans chaleur tendre, sous ciel bleu layette,
lire en quiétude..
et puis tenter d'ajouter
une petite station au voyage imaginaire, aux «ce serait» pour les
Cosaques des frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com
– lui trouver un côté un tantinet scolaire, laisser reposer pour
écouter ce que dit Cazeneuve présentant sa loi qui veut lutter
contre le terrorisme et risque d'en profiter, comme partout, pour
nous limiter... au moment où le ciel, changeant brutalement commence
à tonner, avant déchaînement du vent - bambou se balançant,
gouttières glougloutant, lumière fasseillant, Brigetoun se
recroquevillant et petits grêlons venant heurter la vitre de ma
chambre..
sortir en courant pour
ouvrir en grand l'évacuation de la cour, regarder, en sursautant à
chaque éclair, l'eau boueuse (et pleine du détergent utilisé pour
la cour supérieure, mes mains le découvriront plus tard) monter
inexorablement, la voir brusquement s'infiltrer, lentement,
insidieusement d'abord, puis avec de plus en plus de rapidité,
et ne pas arriver à la
bloquer avant qu'elle descende la marche de ma chambre, me précipiter
pour enlever tout ce qui est au sol, sauf la natte qui est maintenant
bien imbibée, passer ensuite une heure trois quart accroupie avec
une grosse éponge et un grand saladier (limite de ce que j'avais la
force de porter une fois plein) pour évacuer ce mélange d'eau et
d'un peu de mousse qui me fait les mains rugueuses... pendant que la
cour et la salle sèchent lentement.. fermer les volets comme
barrière supplémentaire en entendant un tonnerre lointain.. et
tenter de récupérer.
En rester là, mais
terminer en reprenant un des précédents «ce serait» paru chez les
cosaques.
Ce serait - 2
Nous nous serions perdu,
ou je le croyais, en flânant dans les rues d'Amsterdam cet
après-midi là.
Nous parlions un peu de
tout et de rien, comme on le fait quand la rencontre est désirée,
se révèle agréable, mais que l'excitation de la découverte se
calme, se mue en un plaisir confortable, diffus, sans que l'on en
soit parvenu à la complicité silencieuse ou au compagnonnage
serein, quand l'on tâtonne un peu pour trouver les sujets qui
peuvent amener un échange, sans confrontation dangereuse mais sans
unisson ennuyeuse et stérile.
Nous avancions, je
regardais, yeux furetant, glissant, s'arrêtant sur un détail un peu
caché, une joliesse furtive, en m'intéressant plus ou moins aux
explications qui m'étaient données sur ce que nous traversions, sur
ce qu'elle aimait et voulait me montrer, me faire voir mieux qu'en
passant.
J'étais lasse, un peu
soule de cette excursion hors de mon petit monde clos sur ma
solitude.
Et au coin de cette petite
rue, de ce petit canal, filant tout droit vers une barre de maisons
très éloignée, pas exactement une fine tranchée d'eau, mais si
étroit qu'il semblait invraisemblable que puisse s'y glisser quelque
embarcation que ce soit, le long des quelques péniches amarrées, je
me suis arrêtée, me suis appuyée contre la rambarde, les yeux
ravis par les grandes surfaces vitrées qui se succédaient d'une
façade sombre à une façade colorée, fenêtres légèrement
différentes dans leurs formes et dimensions, mais où couraient, de
l'une à l'autre, comme pour alléger les bâtisses, en faire simple
support pour cette vie, le ciel, les arbres, les pignons des maisons
que nous longions.
Longue ligne de façades
devenues transparentes, ou plutôt irréelles, à force de renvoyer,
opaques et solides, le reflet de la réalité.
10 commentaires:
Quand les forces de la nature se déchaînent, on est bien peu de chose... J'espère que vous n'avez pas eu de dégât irrémédiable ! La rose à du avoir bien peur ....
merci - il semble que non, suis intervenue à temps - quant à la rose elle est morte depuis longtemps
L'eau, comme un apprentissage des Pays-Bas...
souvenir il y a très longtemps, en mon enfance, d'un débordement autrement grave aux Pays Bas
écrire le quotidien... il pleut :-) bonne journée brigitte
Et tes débordements intempestifs paraissent la suite de ton voyage imaginaire...
Tu enchaînes avec bonheur
heureusement que ce n'est pas le quotidien - vivre avec sol en eau je n'adore pas
De la pluie ? Vous avez dit de la pluie ? Comme c'est bizarre.
En ce qui concerne les rez-de-chaussée, les égouts débordant, la qualité de l'eau inondant était nettement moins "détergente"... !
:D
et je viens de me trouver devant la porte bloquée de ma banque (besoin de virer argent de compte à compte et avait eu du mal à avoir un rendez-vous, il va falloir que j'attende la semaine prochaine) parce que la commande électrique kaput
retour, numéricable Avignon kaput itou;..
bon c'est rétabli, mais quand nous avons un orage, nous nous faisons choses en grand
désolée pour ton eau non détergente (ma cour dégueulasse mais j'attends que ça sèche)
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