lavage de cheveux, petites
corvées, petite forme, matin dans l'antre, après avoir posé un
pied hors des volets bleus pour saluer la cour et le jour...
gros déjeuner, petite
sieste, envie de lecture au calme, sur l'île, la rive, au bord de
l'eau, même sans canotier ni rameur...
m'en suis allée, avec le
Ravi et un livre, deux lectures à finir tout doux...
ai ignoré les touristes
et autres, juste assez nombreux mais pas trop.
Marchais les yeux levés
vers le rocher, les murs qui me dominaient, ai traversé dans un trou
de la lancée des voitures, ai regardé enfin le Rhône, ai pensé
zut, me suis souvenue que, oui je le savais, l'avais oublié, c'était
là qu'avait lieu, cette année, le samedi et le dimanche, le forum
des associations, et que j'avais trouvé l'idée très bonne.
Avancer, dans la paix
fouettée sans trop de violence par les voitures qui filaient à côté
de moi - hésiter parce que c'était très bien ces tentes, ces mises
en évidence, mais là, moi, ce que je voulais, c'était lire...
Et puis j'ai vu le groupe
des attendants, et j'ai renoncé à me forcer à patienter avec eux,
à prendre la navette, pour flâner avec un intérêt artificiel
devant les stands.
Hésitant encore un peu,
me retournant pour suivre son approche, je suis revenue de quelques
pas vers le pont, jusqu'à un petit escalier qui descendait vers la
rive,
me suis assise sur la
dernière marche, ai fini le journal - levais les yeux de temps en
temps pour le plaisir-de-l'eau-qui-coule - l'entourage n'était pas
trop sale, ai repris quelques pages de mon livre, et soudain il m'a
semblé absurde d'être là, sur une fesse précautionneuse, et je
suis rentrée
retrouver l'ombre de la
cour, la fin de vie de la rose née samedi, les premières heures de
sa petite soeur, et finir, tranquillement, assise sur la table, le
livre acheté parce que signalé,
recommandé par petite soeur, Les mots qu'on ne me dit pas
de Véronique Poulain, chez
Stock
http://www.editions-stock.fr/les-mots-quon-ne-me-dit-pas-9782234078000,
petites notes, souvenirs d'enfance, de jeunesse, de la fille
entendante de deux sourds (l'obligation, chaque fois, de préciser...
et je comprends son agacement)
… j'avance en
vacillant jusqu'à la cuisine et je perds l'équilibre. Ma mère se
retourne instantanément et me rattrape de justesse.
Elle n'a rien entendu
pourtant.
Elle sent toujours
quand il m'arrive quelque chose.
Il y a
l'histoire des parents, du père devenu sourd à six ans, de la mère
sourde de naissance (et l'on dit absurdement sourde et muette, les
sourds sont, surtout en leur enfance, tout sauf muets, simplement ils
n'ont pas les mots) comme son frère - désarroi des parents, la
différence entre le frère qui s'exprime par le dessin, la soeur qui
veut le langage oral. La rencontre à l'école (et tout ce qui est
blessure, puis l'amitié entre eux)...d'ailleurs les sourds se
marient entre eux etc... et ils ont souvent, pas toujours, mais
assez souvent, on ne peut pas deviner, des enfants entendants.
Et
j'ai envie de tout relever, que je crois reconnaître, de cette
relation d'amour et de différence.
Ce qui
est spécifique, (où il y a fierté de cette singularité mais aussi
souvent gêne vis à vis des autres, la dépendance filiale et le
besoin de protéger aussi, de faire front) et puis ce qui ne l'est
pas, qui appartient au fond de la transmission entre parents et
enfants
J'oscille entre fierté,
honte et colère.
A longueur de temps.
Et
puis l'ennui aussi, né des longues phases de silence. Et le grand
père (ce peut être, n'est ce pas ? la grand mère, dans autre
famille, cela ne change rien), confident et soutien, si heureux de
cette petite fille qui, en plus, entend, avec lequel la passation est
possible, et le plaisir.
Les
niches faites aux parents. La mère, ses inquiétudes, et la fille à
l'âge du passage - la gêne parfois, devant une certaine crudité
(cela je le découvre) parce que les sourds abordent le monde sans le
frein des mots.
Une
centaine de pages que découvrirez si le coeur vous en dit.
Style
simple (peut être un peu trop ostensiblement par moments) mais qui
va droit au but, expressif avec économie de moyen, franc et pudique
par sa franchise.
8 commentaires:
Du Rhône en stock...
avec toutes ses pollutions
Tout à fait Brigitte. Nous aurions pu nous croiser car j'y étais pour la MAC'A, pour la première fois, les associations d'art contemporain ont participé...
Quel fleuve, aujourd'hui, n'est pas pollué ? Le temps sali.
en fait je ne me sentais pas très bien, et j'ai fini par vérifier le soir et découvrir que j'avais un bon 39° (et comme suis créature à sang froid c'était vraie fièvre, reste cool cool aujourd'hui-)
39° à l'ombre ? Une force de la nature, Paumée.
Repos obligé.
un peu plus de 30° à l'ombre et 39° intérieurs
Un bon 39° genre fièvre du samedi soir
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