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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, septembre 08, 2014

Sur notre bord de l'eau

lavage de cheveux, petites corvées, petite forme, matin dans l'antre, après avoir posé un pied hors des volets bleus pour saluer la cour et le jour...
gros déjeuner, petite sieste, envie de lecture au calme, sur l'île, la rive, au bord de l'eau, même sans canotier ni rameur...
m'en suis allée, avec le Ravi et un livre, deux lectures à finir tout doux...

ai ignoré les touristes et autres, juste assez nombreux mais pas trop. 
Marchais les yeux levés vers le rocher, les murs qui me dominaient, ai traversé dans un trou de la lancée des voitures, ai regardé enfin le Rhône, ai pensé zut, me suis souvenue que, oui je le savais, l'avais oublié, c'était là qu'avait lieu, cette année, le samedi et le dimanche, le forum des associations, et que j'avais trouvé l'idée très bonne.
Avancer, dans la paix fouettée sans trop de violence par les voitures qui filaient à côté de moi - hésiter parce que c'était très bien ces tentes, ces mises en évidence, mais là, moi, ce que je voulais, c'était lire...
Et puis j'ai vu le groupe des attendants, et j'ai renoncé à me forcer à patienter avec eux, à prendre la navette, pour flâner avec un intérêt artificiel devant les stands.
Hésitant encore un peu, me retournant pour suivre son approche, je suis revenue de quelques pas vers le pont, jusqu'à un petit escalier qui descendait vers la rive,
me suis assise sur la dernière marche, ai fini le journal - levais les yeux de temps en temps pour le plaisir-de-l'eau-qui-coule - l'entourage n'était pas trop sale, ai repris quelques pages de mon livre, et soudain il m'a semblé absurde d'être là, sur une fesse précautionneuse, et je suis rentrée
retrouver l'ombre de la cour, la fin de vie de la rose née samedi, les premières heures de sa petite soeur, et finir, tranquillement, assise sur la table, le livre acheté parce que signalé, recommandé par petite soeur, Les mots qu'on ne me dit pas de Véronique Poulain, chez Stock http://www.editions-stock.fr/les-mots-quon-ne-me-dit-pas-9782234078000, petites notes, souvenirs d'enfance, de jeunesse, de la fille entendante de deux sourds (l'obligation, chaque fois, de préciser... et je comprends son agacement)
j'avance en vacillant jusqu'à la cuisine et je perds l'équilibre. Ma mère se retourne instantanément et me rattrape de justesse.
Elle n'a rien entendu pourtant.
Elle sent toujours quand il m'arrive quelque chose.
Il y a l'histoire des parents, du père devenu sourd à six ans, de la mère sourde de naissance (et l'on dit absurdement sourde et muette, les sourds sont, surtout en leur enfance, tout sauf muets, simplement ils n'ont pas les mots) comme son frère - désarroi des parents, la différence entre le frère qui s'exprime par le dessin, la soeur qui veut le langage oral. La rencontre à l'école (et tout ce qui est blessure, puis l'amitié entre eux)...d'ailleurs les sourds se marient entre eux etc... et ils ont souvent, pas toujours, mais assez souvent, on ne peut pas deviner, des enfants entendants.
Et j'ai envie de tout relever, que je crois reconnaître, de cette relation d'amour et de différence.
Ce qui est spécifique, (où il y a fierté de cette singularité mais aussi souvent gêne vis à vis des autres, la dépendance filiale et le besoin de protéger aussi, de faire front) et puis ce qui ne l'est pas, qui appartient au fond de la transmission entre parents et enfants
J'oscille entre fierté, honte et colère.
A longueur de temps.
Et puis l'ennui aussi, né des longues phases de silence. Et le grand père (ce peut être, n'est ce pas ? la grand mère, dans autre famille, cela ne change rien), confident et soutien, si heureux de cette petite fille qui, en plus, entend, avec lequel la passation est possible, et le plaisir.
Les niches faites aux parents. La mère, ses inquiétudes, et la fille à l'âge du passage - la gêne parfois, devant une certaine crudité (cela je le découvre) parce que les sourds abordent le monde sans le frein des mots.
Une centaine de pages que découvrirez si le coeur vous en dit.
Style simple (peut être un peu trop ostensiblement par moments) mais qui va droit au but, expressif avec économie de moyen, franc et pudique par sa franchise.

8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Du Rhône en stock...

Brigetoun a dit…

avec toutes ses pollutions

Fardoise a dit…

Tout à fait Brigitte. Nous aurions pu nous croiser car j'y étais pour la MAC'A, pour la première fois, les associations d'art contemporain ont participé...

jeandler a dit…

Quel fleuve, aujourd'hui, n'est pas pollué ? Le temps sali.

Brigetoun a dit…

en fait je ne me sentais pas très bien, et j'ai fini par vérifier le soir et découvrir que j'avais un bon 39° (et comme suis créature à sang froid c'était vraie fièvre, reste cool cool aujourd'hui-)

jeandler a dit…

39° à l'ombre ? Une force de la nature, Paumée.
Repos obligé.

Brigetoun a dit…

un peu plus de 30° à l'ombre et 39° intérieurs

Gérard a dit…

Un bon 39° genre fièvre du samedi soir