commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 29, 2014

Il m'est très facile de me fatiguer... un dimanche en bien trop de photos et de mots


Dimanche matin, cloches dans un bleu intense ourlé de rose.
La lumière qui vient, les brebis qui ne se cachent plus, la douceur qui s'installe lentement et mon gros chandail et mon pantalon de velours…
une petite heure, avant leur déjeuner, dans le salon du groupe, dansé quelques instants pour eux, avec la fille de la bande, très mal mais ça n'avait aucune importance, avons reçu indifférence ou cris de joie selon les caractères… nous étions légèrement et joyeusement complices.
Après un déjeuner bricolé avec les maigres ressources de la supérette locale.. une envie de bouger, de me fatiguer un chouya, et rapidement la sensation que cela serait trop facilement atteint, peu vaillante étais, alors une marche flâneuse, des arrêts pour tourner sur moi-même de croupes en creux, en croupes, en ombre, en pré étincelant…
passer par l'établissement appelé l'horizon, en regrettant, brièvement, de ne pas pénétrer sur son terrain, et que ses entours soient maintenant construits, en me souvenant de la visite, longues années il y a, au moment du choix de cet emplacement et des vues extraordinaires qu'on en a en tournant sur soi même presque à cent quatre vingt degrés, d'avoir suivi de loin l'élaboration des plans, de ces bâtiments bas étagés selon les courbes, réunis par des coursives pour éviter les sorties aux temps de neige – aimer ce que ne donnent pas les photos – de dépit en détruire celles qui voulaient le montrer, alors que tant d'autres gardées – l'ombre bleutée dans les replis des courbes, cette sensation fausse de précipices adoucis où sombrent les prés... et les lignes au loin, superposées, de plus en plus proches de la tonalité du ciel.
Tâtonner un peu, et puis trouver et m'engager sur la route du col de Trébatut, ressentir par réflexe conditionné un petit déclic dans les oreilles, sourire de moi, photographier la vache qui tenait à poser, hésiter à m'entretenir avec elle du sort de ses soeurs entassées par millier, 
et repartir sous le soleil de ce début d'après midi, dardé pesamment sur le goudron et la grosse laine de mon chandail, me dire que n'irai pas jusqu'au col bien entendu, ne pourrais pas, mais garder un petit élan de désir timide, un entêtement qui me pousse à repartir, cueillir et jeter petites fleurs de bords de route, échanger des bonjours et des oui il fait un temps superbe, chanceler, regarder, me garer pour laisser passer jeunes à motos, continuer…
quitter la route pour suivre, en surplomb sur sa droite, le chemin du petit patrimoine,
pied dans les caillasses, tournant lentement en grimpant doucement sur cette énorme épaule qui n'en finissait pas et qui anéantissait presque les vues, comme n'étant plus que promesses à venir au bout de cette courbe tendue, puis de celle là... jusqu'à croiser jeune vieillard dynamique me disant c'est très beau là bas, un peu plus loin…
rester plantée là un moment, piétinant des noisettes et des glands, après le passage de ce bel entrain, de ce pas de randonneur, secouer ma fatigue, lui dédier humblement mon admiration, et puis me souvenir que randonneuse ne suis pas, que l'idée au temps de ma jeunesse me sapait d'ennui, que ne suis qu'ancienne piétonne infatigable d'une ville qui n'est plus mienne, sur jambes qui ne sont plus miennes, 
et redescendre tout doux, tout doux, saluant un arbre étrange, les ronces, les troncs rouillés des petits chênes, les chardons, des ombelles ou des herbes qu'un rayon de soleil ennoblissait.. avançant de l'ombre d'un poteau à l'autre le long des prés 
quitter la route un peu avant le panneau du village pour prendre sur ma gauche jusqu'à un carrefour de petites routes et remonter vers l'établissement le plus récent, je crois, l'Aubrac à la recherche des ânes dont m'avait parlé avec fierté ma voisine qui est venue, elle, pour visiter l'un de ses résidents – tendre, et retirer, ma main vers des mures, sentir remonter mon enfance et penser en sage vieillarde au chien que je viens de croiser, monter au dessus des bâtiments, échanger des sourires, les ânes ne sont pas là…
revenir, suivie, dépassée, rejointe par le chien, lui expliquant que ne veux pas de lui, jusqu'au village, voir sur un bâtiment proche de l'église que le petit patrimoine est indiqué comme difficile et demandant quatre heures, et rentrer me poser, reprendre souffle et visage quiet, quelques minutes sous les voutes, avant de rentrer m'installer devant Arte et Picasso, jusqu'au crépuscule, un dernier balayage, ménage, tri de ce qu'emportais, léguais à voisine... nuit
j'étais arrivée à me fatiguer aussi totalement que le voulais, m'en faut peu... juste deux heures et demie ou un peu moins de marche musardeuse, et j'étais vacillante, sourire las et crâne vide 
matinée de lundi, lente préparation, contemplation des trainées de nuages, de leurs courbes qui semblait écriture étirée... piapiater avec voisine jusqu'à l'arrivée du taxi pour 
la grande gare de Banassac-la-Canourgue, trouver brave homme pour hisser mes bagages jusqu'au wagon haut perché descendre vers Béziers, en passant sous le pont de Millau et le trouvant bien plus beau, assuré et ailé, sous cet angle, voir les tuiles mécaniques, puis canals, faire leur apparition, changer rapidement, si évidemment maladroitement fatiguée avec valise et sac de draps, serviettes, pots de confiture etc... que des mains sont venues me suppléer, prendre un autorail confortable, et m'en aller vers Avignon, en grande conversation sur tout, la ville, son passé, les spectacles d'une troupe de bonimenteurs, avec un adolescent fin, souriant.... voir mon aimable, très grand, très sec, contemporain, grimacer soudain en prenant de mes mains ma valise 
et suivre, comme un automate, le chemin de l'antre, hisser le tout en haut du court et raide escalier, battre mes records de rapidité pour rangement, tri etc... et faire un gros dîner parce que faim avais depuis les toasts du matin…
mardi, lessive, départ sous ciel redevenu bleu (s'était ennuagé en mon absence) vers teinturier, halles, pour un petit marché, hors d'état de porter lourde charge, et puis vivre tout doux tout doux.

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Du vert et un peu moins de bleu que d'habitude : la palette mise en scène.

Brigetoun a dit…

grand merci d'être venu peupler un peu mon désert

arlette a dit…

Carnet de voyage ... ici ou ailleurs le plaisir d'autres horizons qui entraîne d'autres pensées

Marie-Christine Grimard a dit…

Que ce désert là, et surtout ce ciel-là donnent envie d'aller divaguer un peu là-bas ! Merci de ce partage.

jeandler a dit…

De l'herbe entre les voies, des moutons, des vaches, des cloches qui tintent encore. Où sommes-nous ? Dans un passé dépassé. De la quiétude à l'imparfait.

Gérard a dit…

fatigue ou pas voila une belle partie de campagne.