chuter dans l'éveil,
croire le sentir, étendre bras, renverser quelque chose, trouver la
poire de la lampe, laisser cette fichue ampoule faire lumière
lentement pendant que cerveau tente une remise en ordre et que
migraine s'échauffe tout doux, redresser réveil puisque c'était
lui, voir que six heures sont depuis longtemps passées, rouler sur
soi, se retrouver assise, se redresser presque, un pas, pivoter, se
poser sur chaise, bouger souris, voir l'écran s'allumer, chercher
les cosaques, voir qu'un nouveau texte est publié, bénir l'auteur –
petit sentiment de culpabilité, et de cette certitude croissante que
suis pas cap - lire, aimer, tweeter, regarder dans liste, avoir
autres plaisirs ou intérêts, et puis se lever, ouvrir volets, faire
café, prendre une cuillère de miel, une de yaourt, méditer en se
massant reins au dessus du radiateur – retourner s'asseoir sur lit
– regarder le mac d'un oeil un peu torve, penser paumée, penser
cosaques, penser suis nulle
chante cafetière, le ciel
est mou et d'une douceur un peu fade mais bénévolente, se vouloir
ainsi
café, toast, sur une
impulsion passer serpillère dans pièce, repasser trois chandails,
une vieille robe, deux jeans, douche, pantalon de velours, vieux polo
sous gros tricot de coton, et maintenant…
risquer quelques pas dans
la presque douceur de la cour, saluer la fatigue extrême des boules
blanches en équilibre sur leur pente finale..
descendre la marche vers
la chambre, s'asseoir dessus, poser mon menton sur mes genoux, en
petit salut à l'ado complexée qui ne veut pas mourir, ramasser sur
le chevet elles en chambre,
bloquer la petite poussée d'auto-ironie et chercher de quoi peupler
http://brigetoun.worpress.com,
aimer ce qui est dit dans la chambre collective sur
les ateliers d'écriture (enfin, en gros, devriez vous le procurer et
le lire) reprendre le début, la chambre de Danielle Steel (ignorais
son existence et crois que continuerais, il semble que dans les
lectures anarchiques qui ont peuplé, un peu trop, ma vie, j'ai
souvent eu la main heureuse), Sylvia Plath, Shahrnoush Parsipour c'est trop.. et puis reprendre lecture
et s'arrêter, une évidence, chez Nathalie Sarraute..
Déjeuner,
siester, regarder ceci, et tant pis pour longueur, avoir, appétit
revenant, envie d'évoquer ce sur quoi m'étais endormie, la visite à
la fin, des chambres d'écriture de femmes que je lis, avec plus ou
moins de constance, que je crois connaître un peu, j'ose avoir idée
d'une idée d'amitié, au moins d'une sensation, et pour deux desquelles je
garde, flottant à l'arrière plan des mots que je lis, le souvenir
d'une voix, d'une silhouette, d'attitudes
Alors
juste, reprendre les quelques mots par lesquelles Juliette Mezenc
(qui est à la fois l'auteur du livre et dans mon esprit l'une
d'elles, les bonnes et touchantes) les introduit, et choisir un
lambeau de ce qu'elle cite
Marie
Cosnay- un long et beau texte où je cueille
… Il y a eu et il y a
encore la chambre du Sergent Marcel Duhau, la maison qui prendrait le
large si elle pouvait, qui partirait roulant, jardin chambres
couloirs et cuisine vieille, vieille. Chambre à partager, on va
essayer, essayer autrement.
Il y a là autre chose.
Il y a, non touché, interdit d'accès, nommé, nommé (les enfants à
qui veut ou ne veut pas les entendre : le bureau de maman, interdit),
le bureau…
Liliane
Giraudon
… Je me suis toujours
battue pour «une chambre à moi», dormir seule etc. Ce que
j'appelle aujourd'hui ma cabine car elle est petite comme une cabine
de bateau et encombrée de livres. Le lit a la taille d'une
couchette. J'y dors.... Ce qui me permet d'écrire ailleurs, par
petites salves et pulsions paragraphes ou lignes démontées et
déposées comme des couleurs…
Christine
Jeanney
..
Alors ma chambre, c'est sans doute la place du corps lorsque
j'écris.
une
place vague, changeante, pétrie dans la vie qui déborde,
débordante. Une place intérieurement bousculée, désaxée, parce
qu'elle ne tient pas dans les limites du corps, ses défaillances –
celles qui tordent les mots ou savent insuffler des forces
inattendues – et parce qu'elle ne se place pas non plus par-dessus
lui, dans un lieu idéal, spirituel.
Anne
Savelli
… Ecrire.
Un jour réussir à écrire à côté de quelqu'un qui écrit,
mouvements parallèles des doigts et silence tacite même au milieu
du bruit. Ecrire ensemble ? Ecrire côte à côte sans poser de
questions, sans montrer ni demander à lire. Ecrire en présence d'un
corps, vision périphérique qui laisse concentrée, rythme les
paragraphes…
Emmanuelle
Pagano
Maintenant, il faut
écrire hors du corps, hors de la vie, hors du mouvement. Se
rassembler. Il faut souffler. Comme toute petite je m'enfermais pour
penser, je me retire pour écrire. Je me suis choisi cet espace pour
mon corps, une chaise, choisie, choyée, à la limite du fétichisme,
une attache…
Cécile
Portier
parmi
les entrées, prendre (pourquoi ? comme ça)
11
C'est comme si, à
force de viser le coeur de l'oignon, j'avais fini par y être
accueillie. Mon travail c'est tellement dans les failles. J'écris au
coeur du coeur du vide. Ô comme j'affectionne ces petits lieux tout
à la fois confinés et très ouverts.
12
Mais je fabule. Je vous
fais croire de mon écriture c'est une chambre, quand c'est une arme
de poing. Elle tient toute entière dans ma main. Elle me tient…
et
Juliette Mezenc, elle-même
.. Mais j'ai maintenu
chambre parce qu'il se
trouve que, justement, n'ayant pas chez moi de bureau ou pièce
spécifiquement dédiée à l'écriture, j'écris le plus souvent
dans ma chambre, ou plus précisément sur mon lit, souvent au
réveil, parfois très tôt, dans cette bande d'espace-temps qui peut se cultiver, s'étirer un peu... Dans cet entre-deux (entre le
sommeil et la journée qui s'annonce avec ses sollicitations,
rencontres joyeuses et tracasseries ordinaires) pour moi propice à
l'écriture.
Et
voilà que j'ai pris conscience de l'odeur, ai trouvé patates en
train de cramer, ai sauvé ce que j'ai pu, reviens... vois le
fichier, pleine de honte, me dis garder le pillage, jeter le début..
et puis tant pis.. pense cosaques, m'assieds devant des catalogues de
peinture et autres on verra bien.
3 commentaires:
Un genre de nouveau "Vases communicants"...
il y a bien plus que celles-ci
Du direct ... et cette image de voiles d'une chambre? comme un " Hokusai " souhaite tant y aller
Enregistrer un commentaire