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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, novembre 19, 2014

Elles


chuter dans l'éveil, croire le sentir, étendre bras, renverser quelque chose, trouver la poire de la lampe, laisser cette fichue ampoule faire lumière lentement pendant que cerveau tente une remise en ordre et que migraine s'échauffe tout doux, redresser réveil puisque c'était lui, voir que six heures sont depuis longtemps passées, rouler sur soi, se retrouver assise, se redresser presque, un pas, pivoter, se poser sur chaise, bouger souris, voir l'écran s'allumer, chercher les cosaques, voir qu'un nouveau texte est publié, bénir l'auteur – petit sentiment de culpabilité, et de cette certitude croissante que suis pas cap - lire, aimer, tweeter, regarder dans liste, avoir autres plaisirs ou intérêts, et puis se lever, ouvrir volets, faire café, prendre une cuillère de miel, une de yaourt, méditer en se massant reins au dessus du radiateur – retourner s'asseoir sur lit – regarder le mac d'un oeil un peu torve, penser paumée, penser cosaques, penser suis nulle
chante cafetière, le ciel est mou et d'une douceur un peu fade mais bénévolente, se vouloir ainsi
café, toast, sur une impulsion passer serpillère dans pièce, repasser trois chandails, une vieille robe, deux jeans, douche, pantalon de velours, vieux polo sous gros tricot de coton, et maintenant…
risquer quelques pas dans la presque douceur de la cour, saluer la fatigue extrême des boules blanches en équilibre sur leur pente finale..
descendre la marche vers la chambre, s'asseoir dessus, poser mon menton sur mes genoux, en petit salut à l'ado complexée qui ne veut pas mourir, ramasser sur le chevet elles en chambre, bloquer la petite poussée d'auto-ironie et chercher de quoi peupler http://brigetoun.worpress.com, aimer ce qui est dit dans la chambre collective sur les ateliers d'écriture (enfin, en gros, devriez vous le procurer et le lire) reprendre le début, la chambre de Danielle Steel (ignorais son existence et crois que continuerais, il semble que dans les lectures anarchiques qui ont peuplé, un peu trop, ma vie, j'ai souvent eu la main heureuse), Sylvia Plath, Shahrnoush Parsipour c'est trop.. et puis reprendre lecture et s'arrêter, une évidence, chez Nathalie Sarraute..
Déjeuner, siester, regarder ceci, et tant pis pour longueur, avoir, appétit revenant, envie d'évoquer ce sur quoi m'étais endormie, la visite à la fin, des chambres d'écriture de femmes que je lis, avec plus ou moins de constance, que je crois connaître un peu, j'ose avoir idée d'une idée d'amitié, au moins d'une sensation, et pour deux desquelles je garde, flottant à l'arrière plan des mots que je lis, le souvenir d'une voix, d'une silhouette, d'attitudes
Alors juste, reprendre les quelques mots par lesquelles Juliette Mezenc (qui est à la fois l'auteur du livre et dans mon esprit l'une d'elles, les bonnes et touchantes) les introduit, et choisir un lambeau de ce qu'elle cite
Marie Cosnay- un long et beau texte où je cueille
Il y a eu et il y a encore la chambre du Sergent Marcel Duhau, la maison qui prendrait le large si elle pouvait, qui partirait roulant, jardin chambres couloirs et cuisine vieille, vieille. Chambre à partager, on va essayer, essayer autrement.
Il y a là autre chose. Il y a, non touché, interdit d'accès, nommé, nommé (les enfants à qui veut ou ne veut pas les entendre : le bureau de maman, interdit), le bureau…
Liliane Giraudon
Je me suis toujours battue pour «une chambre à moi», dormir seule etc. Ce que j'appelle aujourd'hui ma cabine car elle est petite comme une cabine de bateau et encombrée de livres. Le lit a la taille d'une couchette. J'y dors.... Ce qui me permet d'écrire ailleurs, par petites salves et pulsions paragraphes ou lignes démontées et déposées comme des couleurs…
Christine Jeanney
.. Alors ma chambre, c'est sans doute la place du corps lorsque j'écris.

une place vague, changeante, pétrie dans la vie qui déborde, débordante. Une place intérieurement bousculée, désaxée, parce qu'elle ne tient pas dans les limites du corps, ses défaillances – celles qui tordent les mots ou savent insuffler des forces inattendues – et parce qu'elle ne se place pas non plus par-dessus lui, dans un lieu idéal, spirituel.
Anne Savelli
Ecrire. Un jour réussir à écrire à côté de quelqu'un qui écrit, mouvements parallèles des doigts et silence tacite même au milieu du bruit. Ecrire ensemble ? Ecrire côte à côte sans poser de questions, sans montrer ni demander à lire. Ecrire en présence d'un corps, vision périphérique qui laisse concentrée, rythme les paragraphes…
Emmanuelle Pagano
Maintenant, il faut écrire hors du corps, hors de la vie, hors du mouvement. Se rassembler. Il faut souffler. Comme toute petite je m'enfermais pour penser, je me retire pour écrire. Je me suis choisi cet espace pour mon corps, une chaise, choisie, choyée, à la limite du fétichisme, une attache…
Cécile Portier
parmi les entrées, prendre (pourquoi ? comme ça)
11
C'est comme si, à force de viser le coeur de l'oignon, j'avais fini par y être accueillie. Mon travail c'est tellement dans les failles. J'écris au coeur du coeur du vide. Ô comme j'affectionne ces petits lieux tout à la fois confinés et très ouverts.
12
Mais je fabule. Je vous fais croire de mon écriture c'est une chambre, quand c'est une arme de poing. Elle tient toute entière dans ma main. Elle me tient…
et Juliette Mezenc, elle-même
.. Mais j'ai maintenu chambre parce qu'il se trouve que, justement, n'ayant pas chez moi de bureau ou pièce spécifiquement dédiée à l'écriture, j'écris le plus souvent dans ma chambre, ou plus précisément sur mon lit, souvent au réveil, parfois très tôt, dans cette bande d'espace-temps qui peut se cultiver, s'étirer un peu... Dans cet entre-deux (entre le sommeil et la journée qui s'annonce avec ses sollicitations, rencontres joyeuses et tracasseries ordinaires) pour moi propice à l'écriture.
Et voilà que j'ai pris conscience de l'odeur, ai trouvé patates en train de cramer, ai sauvé ce que j'ai pu, reviens... vois le fichier, pleine de honte, me dis garder le pillage, jeter le début.. et puis tant pis.. pense cosaques, m'assieds devant des catalogues de peinture et autres on verra bien.

3 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Un genre de nouveau "Vases communicants"...

Brigetoun a dit…

il y a bien plus que celles-ci

arlette a dit…

Du direct ... et cette image de voiles d'une chambre? comme un " Hokusai " souhaite tant y aller