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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, novembre 24, 2014

En infini manque

C'est, en passant, effleurer une vision de paisible tête à tête
Ce serait le romantisme d'un dîner au dessus de la rue endormie,
ce serait un après-midi qui s'éterniserait, une lecture face à une rêverie, le confort d'une compagnie,
ce serait un petit déjeuner, le regard songeur sur la ville, la journée qui attend, un appel, une réponse, deux corps qui se croisent dans la porte-fenêtre aux rideaux refoulés,
ce serait un ennui partagé
ce serait une chaise repoussée, un départ froidement rageur, une réplique tombant dans cette désertion, un désarçonnement désemparé, une indifférence appliquée, un regard exaspéré vers l'extérieur, une sortie de scène
ou
ce serait une table satisfaite d'être éternellement inutilisée, de se carrer librement
ce serait l'attente sans fin ni espoir, le manque, le désir d'un poids, d'une chair, d'un fessier qui ne viendrait jamais peser sur le bois des sièges sempiternellement déçus
ce serait poser là, devant ces vitres voilées, sous le froid, la pluie, l'aube, le soleil dardé, la brise printanière, la tombée de la nuit,
ce serait n'avoir sur soi de regard que ceux des yeux flottants depuis l'en-dessous, accueillir comme un furtif cadeau l'interrogation muette d'un passant
ce serait échanger des lamentations dépitées ou des réflexions ironiques avec cet autre trio, semblable, à trois fenêtres de distance
ou
ce serait s'installer dans un appartement au très long balcon, aimer le style de l'immeuble, son apparat discret, sa géométrie souple, mais constater le peu de goût que l'on a pour la proximité des passants, installer deux tables, quatre chaises, soigneusement disposées, comme un décor offert à la rue, et s'en protéger par des tentures, se détourner, vivre le plaisir de son intérieur calfeutré
mais ce serait l'aide du mistral, du vent d'est, d'un souffle qui dérangerait, un peu, si peu mais cela suffirait, ce bel ordonnancement, qui désaxerait une chaise, qui mettrait dans ce monde vierge d'humains un semblant de vie.
Ce serait une Brigetoun en roue libre.


11 commentaires:

arlette a dit…

Solitude à deux ... à quatre aussi

Brigetoun a dit…

à deux tables et quatre chaises en vrai

tanette2 a dit…

Ce serait l'envie de m'asseoir sur une des chaises sempiternellement déçue...

Dominique Hasselmann a dit…

Le désœuvrement, ce serait un beau titre.

Brigetoun a dit…

si beau que l'est sûrement pris

jeandler a dit…

La scène du balcon. Comme quoi un balcon même déserté (pour un temps ?) peut inspirer la passante.

Dominique Hasselmann a dit…

Il faut donc inventer des mots...

Laura-Solange a dit…

ce serait la sensation douce de passer sur le revers du temps...

chri a dit…

La désoeuvrance...

Gérard a dit…

Brigetoun en roue libre....avant de repédaler sans doute..

Brigetoun a dit…

suis pas douée pour ça, tu le sais