Cet hiver le dépouillement
de mon crâne, l'amenuisement extrême de la masse de cheveux qui
n'avaient pour eux - mornement bruns sans éclat qu'ils sont - que
cette épaisseur indisciplinable en mon jeune temps, s'accélère, et
me navre chaque matin le petit coussin que je jette après le passage
du peigne – sans compter les pelotes trouvées dans l'aspirateur –
et leur obstination, sauf quelques individualistes, à refuser le
gris ou le blanc en accord avec mes rides.
Y pensais en rangeant des
photos, en retrouvant la gloire estivale de l'arbre qui épaule
Mistral.
Y ai pensé en captant son
squelette sombre il y a deux jours... mais au moment où je me
risquais à un sentiment fraternel, l'évidence s'est imposée de
notre différence, la certitude que sa sève endormie reprendra force
au creux de l'hiver pour éclater en feuilles bruissantes au
printemps prochain, l'idée que serais chauve avant d'être blanche
et que ne connaîtrai pas de renouveau.
Idée qui rodait parfois,
sous l'émerveillement, en lisant ce matin les très beaux poèmes
d'à la lumière d'hiver de
Jaccottet.
Jour
de quiétude en chauffage honteusement poussé, de petites tâches
accomplies avec soin, autant que le puis, ce qui relativise la chose,
de somnolence, rêverie, lecture.
4 commentaires:
La différence est que nous pouvons contempler les arbres alors que leurs yeux (sur le tronc) sont souvent fermés quand ils vivent.
Jaccottet dont les mots sont toujours source de réflexion et ton rebondissement imprévu!!comme " Pensées sous les nuages"
Grand plaisir
d'ailleurs les micocouliers en ont peu (d'yeux, contrairement aux platanes)
sommes mieux qu'eux alors ?
L'automne est une belle saison. Foin des feuilles, vivre au présent.
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