oeuvrer en douceur, juste
avec assez de modération pour ne pas se réveiller totalement, une
petite ondée sur la cour, s'embarquer dans un désir de mer, de
lointain, de felouque, chebek, galiotte, tartane ou plus
glorieusement frégate,
revenir à plus de
modestie, à une barque catalane tirée à terre, à une crique, un
peu de sable, un talus, des pins, et un pécheur, blanc de fatigue,
qui s'éloigne
sur son chemin il a croisé
un collègue qui tâtait la mer du haut d'un rocher... lui a parlé
mauresque chez le Vivien, lui a parlé rugby, ont regagné le port.. (carnet de dessins d'Antoine Roux, de Marseille)
n'importe quoi, Brigetoun
en dérive dans la quiétude du dimanche matin,
dans l'attente de partir,
dans l'après midi, de suivre un petit bout de la rue Joseph Vernet,
de pénétrer dans l'Oratoire, de trouver une place, s'asseoir,
regarder avec un plaisir chaque fois renouvelé ce baroque simplifié,
les perspectives simples, les accords de couleur et les stucs en bois
peint, attendre avec confiance de découvrir ce qu'Andreas Staïer a
caché derrière l'intitulé de son concert Bach et la France.
En fait, arriver, avec dix
minutes d'avance heureusement, devant la porte fermée de l'Oratoire,
lire l'affiche qui disait que finalement le concert avait lieu à
Saint Pierre, jurer, se retourner, voir la petite foule bonhomme des
familles qui descendait la rue Saint Agricol, allant joyeusement des
chalets de la place de l'horloge aux chalets de ma place, jurer
derechef, et entreprendre de marcher vite à contre courant sans
heurter et sans être heurtée, jambes contractées par l'énervement,
déboucher après
l'embouteillage de la place de l'horloge en région vide, s'arrêter
une minute jambes coupées, en espérant que le concert serait un peu
retardé, ce qui était le cas
s'assoir, à côté de la
nef, sous l'adoration des bergers de Simon de Châlons, regarder le
programme, grimacer en voyant d'abord des oeuvres pour orgue (en fait
jouées au clavecin)
et pour commencer la
suite n°1 en sol majeur de d'Anglebert pour lequel ai assez peu
de goût... aimer assez le prélude alerte, trouver ensuite, comme le
craignais sa musique, surtout égrenée au clavecin, un peu sèche et
malingre, jusqu'à la jolie chaconne et le rondeau de la fin
et saluer l'épaisseur
revenue, la légèreté rebondissante de la fantaisie pour
clavecin en la mineur de Bach qui suivait
avant de retrouver
d'Anglebert, lent solennel mais plus «charnu» que dans la suite,
avec une fugue grave..
et puis ensuite, ce fut
plaisir avec
la surprise, les répons,
la rondeur, du Kyrie du dialogue sur les grands jeux de
Nicolas de Grigny
trois pièces (contrapucti
n°5 et 6, et per Diminutionem in stylo francese) de Bach,
surtout la dernière
et le plaisir, toujours,
de François Couperin, le beau et doux prélude n°7 de
l'Art de toucher le clavecin
et du sixième ordre du
second livre, la gaité
du rondeau des moisonneurs, le gazouillement bien
nommé, la Bersan, les bergeries et
pour finir en beauté les barricades mystérieuses
un
entracte pour saluer l'échafaudage vide de la future crèche, la
mise au tombeau commandée par les Galéans, et admirer le bois soyeux du
clavecin
et
puis Bach, les exercices de clavecin, la partita n°4 en ré
majeur et une Brigetoun qui dégustait en regardant les voutes...
Applaudissement - en bis la sarabande issue de cette suite -
et un
retour dans la nuit qui tombait, les baraques qui commençaient à
remballer, les buveurs de bière et de vin chaud, les derniers tours
de manège.
8 commentaires:
"Musique des sphères "qui dissout les idées et les maux
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Bonne journée.
C'est vous qui êtes sur le manège des concerts quotidiens...
Mais que ne ferait-on pour Bach ?
avec l'heureuse surprise de Couperin le grand en plus
tout vous ramène à la musique et nous emporte ensuite avec
Oh ! Anna ! grand merci pour votre passage
Belle banane sculptée sur ta première photo .....
un rien coriace
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