Partir
matin, dans froid point si grand que le pensais, face à une
blancheur que la lumière qui voulait se faire jour à travers elle
transformait en opale, bras tiré par sac contenant quatre draps et
deux housses de couette,
suivre
la rue de la République vers Carrefour, des yaourts et des bonbons,
tourner la tête vers une zone d'un bleu infiniment doux qui se
fondait dans le reste de grisaille,
et,
charge augmentée, un peu davantage que le projetais, en sortant du
magasin où, sous mon regard admiratif et souriant, une Brigitte
grisonnante allait d'une jeune caissière à une jeune vendeuse,
répondant avec une gentillesse rapide aux appels au secours,
retrouver à l'horizon, entre le roux des arbres, un gris de vieille
souris au dessus de la gare,
tourner
vers Saint Didier, enchâssé dans les bras d'un platane,
déposer
linge, repartir avec une charge allégée, yeux dans le bleu franc
qui s'est finalement installé, victorieux.
Peiner
à me décider à nourrir Paumée…
choisir, pour http://brigetoun.wordpress.com, un passage de Chamfort avec lequel ai dîné et suis entrée dans la nuit, deux soirs de suite.
choisir, pour http://brigetoun.wordpress.com, un passage de Chamfort avec lequel ai dîné et suis entrée dans la nuit, deux soirs de suite.
Passer
sur
Vain veut dire vide ;
ainsi la vanité est si misérable qu'on ne peut lui dire pis que son
nom. Elle se donne elle même pour ce qu'elle est.
ou
Quand on veut éviter
d'être charlatan, il faut fuir les tréteaux ; car si l'on y monte,
on est bien forcé d'être charlatan, sans quoi l'assemblée vous
jette des pierres.
ou
L'intérêt d'argent
est la grande épreuve des petits caractères, mais ce n'est encore
que la plus petite pour les caractères distingués ; et il y a loin
de l'homme qui méprise l'argent à celui qui est véritablement
honnête.
s'arrêter
à deux paragraphes, ou pensées, ou maximes de la section de la
société, des grands.... surtout pour leur longueur, et se
demander pourquoi ne pas avoir plutôt retenu, dans la même partie,
Il y a une profonde
insensibilité aux vertus qui surprend et scandalise beaucoup plus
que le vice. Ceux que la bassesse publique appelle grands seigneurs,
ou grands, les hommes en place paraissent, pour la plupart, doués de
cette insensibilité odieuse. Cela ne viendrait-il pas de l'idée,
vague et peu développée dans leur tête, que les hommes, doués de
ces vertus, ne sont pas propres à être des instruments d'intrigue ?
Ils les négligent, ces hommes, comme inutiles à eux-mêmes et aux
autres, dans un pays où, sans l'intrigue, la fausseté et la ruse,
on n'arrive à rien !
ou, un
jour de bile calme
Les conversations
ressemblent aux voyages qu'on fait sur l'eau : on s'écarte de la
terre sans presque le sentir et l'on ne s'aperçoit qu'on a quitté
le bord que quand on est déjà bien loin.
et
j'allais refermer le livre en dérivant à la suite de cette idée,
mais j'ai sauté, pour le saluer, jusqu'à la petite note
biographique qui commence ainsi
Ma vie entière est un
tissu de contrastes apparents avec mes principes. Je n'aime point les
princes, et je suis attaché à une princesse et à un prince. On me
connaît des maximes républicaines, et plusieurs de mes amis sont
revêtus de décorations monarchiques. J'aime la pauvreté
volontaire, et je vis avec des gens riches. Je fuis les honneurs, et
quelques uns sont venus à moi. Les lettres sont presque ma seule
consolation, et je ne vois point de beaux esprits, et je ne vais
point à l'Académie...
et en
rangeant le livre je pensais à la suite, l'engagement dans la
révolution, la rédaction anonyme du journal de Mirabeau, le Club
des Trente, le Mercure de France, le club des Feuillants, la
proximité d'idées sur la guerre avec Robespierre mais le ralliement
à la Gironde, la rédaction de la Gazette de France, le salon de
Madame Roland, la courte incarcération pour s'être réjoui de la
mort de Marat, et pour continuer avec les contrastes le suicide, son
échec, l'abandon des poursuites... et la mort finalement des suites
de son suicide, malgré le succès apparent de l'opération.
J'aime
bien cet homme.
Et la
nuit est tombée, je n'ai pas repassé, je décide qu'il est trop
tard.
11 commentaires:
un journal ... comme Paumée l'est , lui aussi, contenant ses propres valses hésitations, ses choix et ses refus
Minime... maxime... on peut osciller entre les deux...
euh Chamfort là ce n'est pas vraiment un journal, mais un recueil de pensées
et Paumée ne pense pas
dans l'alternative de Dominique, Paumée serait plutôt du côté minime
La météo côté Paumée est une gourmandise
C .. redécouvrir Chamfort autre plaisir d'un rangement de bibliothèque
A quand le "D"
une zone où je fais place mais où les livres hors poche ne trouvent pas espace suffisant…
autres activités au programme
Moi aussi j'aime beaucoup Alain Chamfort.
Non, je blague. Il faut lire et relire Sébastien-Roch Nicolas.
^_^
honte`j'avais pris l'habitude de dire Chamfort (pas seule) avant de connaître l'existence (n'en sais d'ailleurs pas plus) d'Alain du même nom
https://www.youtube.com/watch?v=RdOgNc4AAsM
Retour sur ses débuts...
(Au Grand Rex en 2013.)
merci - j'apprends
je passe pour tes beaux cieux
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