La période des fêtes, la
tant redoutée, mais la si aimable cette année, abstraction faite de
carcasse, étant close, me suis installée, ouvrant, pour la dernière fois je
pense - parce qu'Angèle Casanova assure si bien la relève - un fichier vierge, pour lire les vases communicants en ce début d'année..
mais le réflexe a joué..
et là j'étais, encore une fois, une ultime fois, impliquée.
Or donc, il y avait pour
ouvrir 2015 beaux et valeureux échanges entre
Ensablés
un
poème à écouter, lu par Florence Lavisse, avec montage d'images et
musiques
un
couple, un fleuve
.. ils
ne se disputent pas, même lorsqu'une nouvelle fois ils traversent le
fleuve ensablé
la
femme s'en va
et
Dominique Giudicelli
http://www.lignesdevie.com/2015/01/xmas-spirit-vases-communicants-dominique-giudicelli/
Xmas Spirit
un
petit conte, ou un récit, récit d'un soir de décembre, d'arrêts
de bus, d'un homme presque nu
Chétif, blafard. Un
bras plâtré en écharpe, un sac plastique pendu au poignet. Il
garde les pieds joints, les orteils repliés. Tête rentrée,
craintif, un vague sourire contrit. Endurant sa peine sans mot dire.
et pour le reste il y a le
texte
à partir d'une vidéo
reprenant des photos prises par François Bonneau,
textes
à écouter en regardant,
François Bonneau
http://mariechristinegrimard.wordpress.com/2015/01/02/vases-communicants-la-vie-revee-des-ombres/
globules dans une veine
dit
par lui, un texte qui se marie aux images noires et blanches, petites
silhouettes se découpant sur le bleu gris clair de la nuit qui
tombe, et au rythme de leur défilement
La nuit qui avale la
chair et boit la moindre humeur régurgite des lignes qui se brisent,
qui s’enroulent, s’articulent et se fondent, les ombres sont
chinoises tant qu’on leur prête vie.
et
Marie Christine Grimard
http://irregulier.blogspot.fr/2015/01/bonne-annee-2015-vases-communicants-de.html
à quoi rêve les
ombres ?
lue par Cécile
Charpentier, une méditation de Christine Grimard devant ces petites
ombres devant le crépuscule en sept strophes rebondissant sur le
premier vers
A quoi rêvent les
ombres
Assises entre jour noir
et nuit bleue ?
Elles espèrent en un
dieu généreux
Qui les libérerait de
leur pénombre
deux poètes et la
lumière
Sébastien Marcheteau
http://www.ericdubois.net/2015/01/texte-de-sebastien-marcheteau-les-vases-communicants-de-janvier-2015.html
Lune aven
nous,
blattes dans une boîte, implorons qu'elle soit percée pour respirer
(bon ça c'est un résumé en quelques mots plats, pour détail et
saveur des mots et images voir le poète)
Et
nos yeux de black blattes
fixaient,
éblouis d'amour,
la
lune aven irradier nos vies
et
irriguer de sang...
et
faire de la lumière
sur une photo de Sébastien
Marcheteau, un beau poème, que je ne tenterai pas de paraphraser
..Tutoyer le monde
avec la bouche
Se remettre à écrire
le corps en amont
Dans l'aube floue
chercher les rayons…
sur une photo proposée
par l'autre
Dominique Hasselmann
https://flaneriequotidienne.wordpress.com/2015/01/02/citron-avec-un-zeste-dhistoire-par-dominique-hasselmann-vases-communicants-48-janvier-2015
Citron avec un zeste
d'Histoire
devant une belle photo
rappelant la guerre (mais les onze – ou les quinze, le luxe - ont
longtemps survécu, j'en ai même partagée une avec un groupe d'amis
dans les années 60 pour transporter les grandes esquisses déployées)
Dominique pense, se souvient, et remontent souvenirs, l'Histoire et
les histoires, et même le son de la voiture...
Là, je suis remonté
en voiture. J’étends mes petites jambes dans la voiture du
«tonton», nous roulons vers Vesoul (Haute-Saône) où se trouve la
maison de son père. Les façades n’ont pas dû changer depuis la
guerre (sauf celles qui ont été détruites). Des soldats allemands
logèrent dans la maison à l’allure «alsacienne» pendant une
partie de cette période – un peu comme dans «Le Silence de la
mer», de Vercors – et je me demande maintenant comment mon
grand-père, qui avait «fait» 14-18 et les tranchées, et nous en
parlait souvent, a pu supporter plus tard cette «cohabitation» avec
des officiers ennemis.
et
Franck Queyraud
https://hadominique75.wordpress.com/2015/01/02/ce-qui-se-dit-ici-est-contraire-au-silence
ce qui se dit ici est
contraire au silence
partant d'une inscription
sur le bâtiment du pont tournant photographié par Dominique
Hasselmann, Franck Queryraud monte l'escalier de la grande
bibliothèque en goûtant le silence de ces lieux dans et à l'écart
de la ville et sa rumeur – bibliothèque qui est ville, et ville
pleine de surprises et de trajets, bibliothèque qui est vie, où
passer une vie …
une des leçons de
l’histoire de Calvino, non ? Arriver second ou faire d’une autre
manière… Enfin, je le lis comme cela parce que je ne sais pas
faire autrement : lire d’où je me tiens sur cette terre. C’est
la tragédie des humains de vouloir toujours arriver premier. «Les
bibliothèques deviendront un jour des villes, dit Leibniz» écrit
Lichtenberg [référence KA 257 pour les rats de bibliothèques]
sur un incipit tiré
d'un livre de Jean Teulé : Celui-ci tourne sa tête bouclée et
blonde vers elle
haut comme trois pommes
un
très, très jeune homme prêt à tout pour elle
et le
texte lui donne la parole à ce jeune homme de trois ans qui
justement, ce jour là, décide, pour la première fois, de la
prendre.., de parler
Comme dit celle qui
nous lit des histoires, j’ai avalé le dictionnaire dans mon
biberon et je continue. Maman met tous les mots les uns après les
autres dedans, je les avale, les cale dans un coin de mon cerveau et
je ne les ai ressortis qu’à partir de ce jour-là.
Mais pas mal à propos,
toujours à bon escient et cela leur en bouche un coin, excusez
l’expression.
et
Olivier Savignat
http://jetonslencre.blogspot.fr/2015/01/les-vases-communicants-janvier-2015-39.html
interruption
un
court poème pour un meurtre commis avec un rien de distraction
… Coupe le son et
reprend
Sa poursuite
Des nuages
l'apocalypse
Camille
Philibert-Rossignol
http://sousmesdoigtslapluie.wordpress.com/2015/01/02/minuit-arrivez-comme-le-vent-et-partez-comme-leclair/
Minuit. Arrivez comme
le vent et partez comme l'éclair
un
concert en plein air, de hard rock semble-t-il, et la description du
service d'ordre – un texte précis, vif, qui colle à ce qu'il
raconte en détail, longuement, suivant la montée du tumulte
Le déchaînement
s’accentue dans la zone de contact entre la chaîne du service
d’ordre et les totos, une ligne tordue d’agitation. Exclamations
rageuses, agrippements désastreux, exhortations à la fuite, on va
vous bazarder, certains pris de panique et tentent de s’extraire en
voulant s’enfuir en zigzag, mais progressent difficilement entre
les gens, glapissements de toute part.
et
qui donne la parole à Céleste, la responsable du service d'ordre, à
Félix, à David à des militants anonymes – fin sur le désarroi
de la super-Céleste
et
réveil
un
poème
calme
auprès du lit où elle dort, et dehors
Les abcès du monde
Les charognes fumantes
Je tire les rideaux
avec
un dernier vers qui résume
à propos de si (ou if)
de Kipling
tu sera
un
poème qui, comme chez Kipling, énumère des conditions, comme des
morales, et, si les conditions ainsi posées diffèrent notablement
de celles de l'original, les contredisent à vrai dire
Si tu peux briser
honneurs et réputations
Pour seulement divertir
ta cour
Et jeter en pâture à
la rumeur avec délectation
D'humbles et honnêtes
rivaux ;
la
conclusion tranche brutalement (sans que, je l'espère, elle explique
ce qui précède)
et
quand je rêvais d'être
un poète
quatrains
de belle facture,
Quand je serai si vieux
qu'en retraçant mes ans
J'en verrai dans le feu
d'illusoires semblances
Quand mon coeur
gonflera de souvenirs tremblants
J'aurai peut-être
atteint l'enfance…
sur sa carte, dialogue
entre (et transcrit sur les blogs de..)
François Vinsot
https://francoisvinsot.wordpress.com/2015/01/02/sur-sa-carte/
et
Angèle Casanova
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article280
dialogue déclenché par
une phrase de François Vinsot Sur sa carte de visite elle avait mis
: Péripatéticienne et qui s'enchaîne, tout en fantaisie et
logique, qui fait vivre la bourgeoisie du village, la police, qui
relate une plaisanterie à goût fort, un scandale, une mise au ban –
ou sa confirmation –, les petites ignominies cachées mises sous la
lumière, un rire – et pas que -vengeur
François Vinsot Ce
début de lettre fut écrit si à propos qu’une centaine
d’exemplaires, tous écrits de la même belle et douce main,
n’eurent aucun mal à trouver leurs destinataires et attirer leur
attention, tout particulièrement.
Angèle Casanova
Finalement, elle l’avait attirée, leur attention, et pas qu’un
peu. Ils allaient y réfléchir à deux fois, maintenant, avant de se
foutre de sa gueule et de celle de sa fille. Cette flopée de
ventrus, incapables de reconnaître leurs torts.
et une ONG ou similaire
Et puis il y avait la
rue de la Roquette
racontée
à travers le regard sociologique, philosophique, attentif, baladeur,
de Pietro Cohen Hadria (dans le billet ci-dessous)
Bah, ça, c’est Paris
? Peut-être pas, ou alors seulement la Roquette, si sinistre mémoire
de prisons de femmes et d’exécutions capitales, en Espagne c’est
au garrot qu’on s’y prenait, aujourd’hui un jardin d’enfants
occupe les lieux car les temps changent aussi
et
à
travers quelques souvenirs pêchés dans la masse d'environ quarante
années par Brigetoun
http://www.pendantleweekend.net/2015/01/vases-communicants-55/
portail et
pigeons,
les restes
de la prison
ouvrent sur
jardin
debout en
partie haute
livre sur
buisson, lire (parce que le
jardin n'est pas réservé aux enfants, que les bancs de l'entrée
sont occupés par des petits vieux qui refont le monde et le
quartier, en veillant sur les jeux des gosses, les allées et le
terrain de jeu par des adolescents et post-adolescents et que l'âge
moyen vient y prendre l'air le samedi – Brigetoun en idiote
protectrice de mémoire, comme si cela comptait, l'image de Piero
Cohen-Hadria était plus belle, mais je sentais le soleil sur mes
joues et j'entendais les garçons qui se disputaient un ballon et les
plus grands qui tentaient de se débarrasser des petits)
6 commentaires:
merci encore , Brigitte, de vos contributions et recensions pleines de finesse, d'esprit. tous ceux qui ont un jour envasé vous sont redevables d'avoir été lus et appréciés.
Et le lecteur toujours admiratif devant tous ces mots et images , Fils précieux qui relient
Merci pour cette tâche que vous continuez à accomplir contre vents et marées (surtout le vent, non ?)...
protège du vent en me gardant à l'intérieur
ceci dit l'était bien tombé hier le vent
Une copieuse livraison; la tradition assurée de perdurer. Merci.
Admiratif devant ton implication à ce programme..tu ne dors jamais !
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