Éternelle, implacable,
obsédante, la pluie
Tant et tant cramponée à
mes yeux guettant la langue d'eau qui voulait s'infiltrer que l'idée
de partir vers le teinturier s'est noyée, que l'idée de préparer,
trier, vêtures d'été et de printemps triomphant semblait
dérisoirement hors d'urgence, ce qui m'allait assez bien... écouté
deux rencontres organisées par les économistes atterrés (sur
YouTube) en revenant en arrière quand mon attention s'était
égarée...
La pluie a faibli, a même
cessé de courts instants, le ciel a mis du blanc dans son gris,
quelques gouttes paresseuses maintenaient une menace,.. suis restée
en dehors de la vie active, jusqu'au début de la soirée, quand la
cour a commencé à sécher et quand j'ai entendu deux oiseaux
pépier,
quand suis repartie, sur
même chemin que la veille, dans la ville encore imbibée,
vers Utopia-Manutention,
pour assister à la projection, en collaboration avec les amis de
l'Humanité, du film des étrangers dans la ville (2012)
de Marcel Trillat, programmé
sur Antenne 2 et au Forum des images en décembre dernier, film
revenant, pour actualiser le regard sur le sort qui est fait aux
immigrés, sur le thème du documentaire de 1969 étranges
étrangers (à la suite de
l'incendie d'un taudis dans lequel étaient morts six travailleurs
africains, documentaire de Trillat et Frédéric Variot allant à la
rencontre des populations en marge : portugais fuyant fascisme et
misère, africains appelés pour travaux durs cantonnés aux foyers,
bidonvilles et cité de transit)
présentation sur le site
d'Utopia/Avignon
http://www.cinemas-utopia.org/avignon/index.php?id=2822&mode=film
Marcel Trillat a filmé
quelques-uns et quelques-unes de ces rescapé(e)s de toutes les
misères du monde dans tous les lieux où leur espoir d’une vie
meilleure est mis à la rude épreuve des réglementations
administratives. Demandeurs d’asile tentant de convaincre des
fonctionnaires parfois incrédules, parfois bienveillants mais
eux-mêmes toujours corsetés par les règles très strictes qui leur
sont imposées, travailleurs sans papiers mais payant leurs impôts,
innocents privés de liberté dans les centres de rétention et
policiers chargés de veiller sur eux, tous sont pris au piège de
logiques que personne ne semble plus saisir.
Pour comprendre
comment vivent ces étrangers toujours sous la menace d’une
expulsion, Marcel Trillat a accompagné ces hommes et ces femmes dans
le labyrinthe de l’administration française où ils tentent
d’obtenir une carte de séjour, une demande d’asile ou un visa.
On accompagne ainsi Hawa, Mamadou ou Mohamed dans leur terrible
périple. De la zone d’attente de Roissy à la préfecture des
Hauts-de-Seine, en passant par les bureaux d’une agence d’intérim
qui fournit des emplois précaires mais pas de certificat de travail,
c’est un long combat plein de résignation et d’humiliation que
mènent ces immigrés trimbalés de guichet en guichet et démunis
face au manque d’infrastructures pour les accueillir.
Il y a
aussi le tribunal, où les étrangers demandeurs d’asile attendent
le verdict des juges. Une loterie. Ici, inutile de plaider sa cause,
car neuf demandes sur dix sont refusées. « Cela dépend du
président du tribunal et l’on ne sait pas sur quelles bases les
décisions sont prises», souligne une avocate, dont le seul espoir
est de tomber sur « Annulator », le surnom du seul juge qui annule
systématiquement les demandes d’expulsion…
film
bien fait qui ne m'a pas appris grand chose, accro que je suis des
dossiers de la Cimade ou autres, mais qui m'a fait pénétrer (chose
rarissime) dans un CRA (centre de rétention), une zone d'attente, à
la préfecture etc... et une rencontre avec Marcel Trillat avec des
questions courtes, précises, pertinentes pour une fois des gens qui
découvraient, et des réponses simples.
Retour
avec un petit vent m'envoyant la pluie fine et glacée dans la
bouille.
4 commentaires:
Et dire qu'un jour ce Marcel Trillat fut renvoyé du service public de la télévision française...
On espère que la nouvelle patronne, issue d'Orange, supporte une goutte de rouge.
enfin là il avait eu une commande d'Antenne 2 (qui a passé le film après hésitations à minuit et quelques)
La bonne vieille censure du passage tardif, discrète et efficace! Le net et les blogueurs atterrés - un espoir pour la mémoire ?
...la misère du monde présente actuellement au Népal
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