Je sais, je dépasse le
seuil de tolérance là, mais elles existent, et il y a la joie qui
ressort de la dernière série, quand les lutteuses s'appuient sur
leur rencontre.
Donc passez votre chemin,
ou munissez vous de patience (ou allez directement sur
http://www.pierreyvesginet-photos.com/index.php?action=reportages&choix=reportages&lang=fr
où trouverez vingt fois plus d'images et les légendes dont je
m'inspire, balançant mes gribouillis à la poubelle).
Donc en circulant sous les
voutes, dans les chapelles, la nef, en me tordant les pieds sur le sol
(qui semble avoir été un peu aplani mais en gardant ce qu'il faut
d'irrégularités et de pentes, un peu comme une barbe éternellement
mal taillée, pour le charme que cela donne) j'ai vu
les veuves d'Avega,
mères adoptives des orphelins du génocide Rwanda
2005
Ageva
est le nom de l'association des veuves du génocide – dans les
Gacaca (tribunaux de village) lorsque
les veuves témoignent, l’audience souvent conséquente les hue,
soutient qu’elles mentent et la pression est sur les victimes,
numériquement très minoritaires.
mémorial
de l'une des pires tueries, dans l'église de Ntarama, sur la commune
de Bugesera
Eugénie
Nyiraramba (68 ans en 2005), dont le mari et neuf enfants ont été
tués, et sa fille aînée Xaverine qu'elle a perdu dans sa fuite et
retrouvée (après avoir aidé les enfants à s'enfuir, elle est restée aux
mains des interhalwes qui l'ont considérée comme folle, a vu ses
compagnons tués sous ses yeux – et l'évêque de Kabayi où elle
et d'autres s'étaient réfugiés les a chassé pour ne pas salir
l'église qui valait beaucoup plus qu'eux) – elle a recueilli deux
de ses petits enfants.
Césarine
Mukeshimana et cinq de ses dix enfants (dont cinq adoptés) vit de
petits travaux domestiques et du ramassage de café sans pouvoir
expliquer comment elle s'en sort
femmes et mines
antipersonnel – Cambodge
2006
neuf
millions de mines posées pendant la guerre – et ensuite de
1979 à 2004.. plus de 60.000 victimes, dont 30% de morts. Et
cela continue malgré les efforts faits pour le déminage. Les
hommes travaillant aux champs, ce sont eux qui sont le plus atteints,
et les femmes doivent prendre le relai, tout en gardant la charge de
la famille, avec de petits boulots.
Khunty
membre d'une unité de déminage communautaire dans une zone
spécialement difficile proche d'un village dont les terre ne peuvent
plus être travaillées car trop minées
Khan
Ren 23 ans a sauté sur une mine, il y a deux ans, en cultivant le lopin familial –
appareillée grâce à la Croix Rouge, elle a ouvert une petite échoppe de
bord de route qui la fait vivre avec son père – son fiancé a
rompu.
féministes afghanes –
2006
le
sort des femmes est loin de s'être vraiment amélioré malgré les efforts
de Negar, fondé et présidé par Shoukria Haidar, s'appuyant sur un
réseau d'enseignantes engagées, mouvement créé en 1996, au temps
de la domination des talibans et toujours actif (la conférence
qu'elles ont organisé en 2006 avant l'élection législative a été
faiblement suivie, avec finalement une seule femme subsistant dans le
nouveau gouvernement Karzaï)
Amina
Mohamad Amin 40 ans, dans sa classe après avoir improvisé une
classe clandestine chez elle
le
lycée Zarghouna, devenu logement de réfugiés sous le gouvernement
taliban, a rouvert avec des élèves d'âges hétérogènes, seules
certaines ayant suivi les cours des classes clandestines.
une
boutique à Mandaï.. la burqa reste majoritaire dans les quartiers
populaires.
Haïti : le corps des
femmes comme champ de bataille – 2004
Carline
Seïde, 19 ans, et sa mère – elle a été, à 16 ans, violée par un
policier et six autres
hommes – le policier, jugé et condamné contre toute attente, a
été libéré par les Chimères à la chute du gouvernement Aristide
– elles sont dans la crainte de la vengeance promise.
Keita
Paul, 22 ans, mère de deux enfants, battue et violée en 2004 dans
une cellule du commissariat de Saint Marc par cinq policiers-chimères
toujours en
liberté – aidée pour ses démarches - comme ici pour ce dépistage, qui sera négatif, au Centre Geskio, gratuit - par les femmes de
l'association Kay Fanm (la maison des femmes).
Nadège
Joseph, mère de deux enfants, 27 ans, brûlée après avoir été
aspergée de gazoline par son mari (officiellement introuvable mais
qu'elle rencontre toujours dans son quartier), sauvée par ses
voisins.
vous ne pouvez rester
comme ça, Madame – violences
conjugales – Belgique (par exemple, mais...) 2011
toujours
même s'il existe des lois, si les policiers, les avocats, la justice
sont de plus en plus conscients et efficaces – reportage auprès de
«Solidarité femmes et refuge pour femmes battues» à La Louvière,
aide pour celles qui sont toujours au domicile conjugal, hébergement,
aide psychologique, soutien juridique, activités pour les enfants,
aide pour la recherche d'un logement...
C,
21 ans – les femmes hébergées sont de plus en plus jeunes.
ni putes ni soumises –
France 2003
en
sortant d'une rencontre avec les marcheuses à Asnières, Loubna
Meliane face aux membres du collectif «Ni machos, ni proxos» créé
en réaction, lesquels avaient quitté la salle – tentative
d'établir ou maintenir le dialogue.
les caravanières face à
la Moudawana –
Maroc 2004
Rôle
moteur des militantes de la LDDF Ligue démocratique pour les droits
des femmes, dans la réforme de la moudawana (code de la famille) en 2003.
Elle organise
depuis 2001, à travers tout le pays, des «caravanes pour les droits
des femmes», réunion dans une région, dans les douars, les villes,
plusieurs fois par an, de juristes, médecins, avocats, hommes et
femmes, et militantes, pour rencontrer, expliquer, discuter avec les
femmes, lutter contre la soumission aux traditions patriarcales –
travail de longue haleine, sans brusquer.
Arnal
Chakour, juriste, s'entretient avec une
femme sahraouie de Douar Tighmrte
en 2004 ils ont installé une tente berbère dans la
banlieue lyonnaise, à la demande de Femmes contre les intégrismes,
pour informer les femmes immigrées ou issues de l'immigration de
leurs droits.
marche
mondiale des femmes – Congo
– 2010
en
2010 la Marche mondiale des femmes a pris le risque d'organiser sa
clôture dans la
région des grands lacs, pour mettre un projecteur
sur le lien entre conflit, militarisation et sort des femmes.
Du
13 au 17 octobre, plus de mille cinq cents femmes, provenant de
quarante-trois pays se sont réunies sur les rives du lac Kivu, avec
un passage à Mwenga pour rendre hommage à treize femmes et deux
hommes torturés et enterrés vivants
par des rebelles armés qui n'ont jamais été inquiétés par la
justice congolaise.
Il y a
eu bien entendu une récupération par le gouvernement, une
omniprésence des représentantes gouvernementales, peu de contacts
avec les victimes, malgré les efforts des dirigeantes de la MMF,
mais la nécessité d'une lutte réelle contre les viols en RDC a été
relayée par les associations et médias locaux, et lors de
la manifestation finale qui a réuni vingt mille femmes le contact a
bien eu lieu, et le message de solidarité est passé.
Pleine
d'admiration triste et joyeuse pour le courage de tous les jours des
femmes, et pour la volonté, la ténacité, le caractère des
dirigeantes (même si je soupçonne que le dit caractère présente parfois des rugosités), m'en suis revenue vers l'antre, la cuisine et pas grand
chose d'autre.
12 commentaires:
On retient son souffle devant tant de barbarie. La lâcheté des uns de s'en prendre à "plus faible que soi" n'a d'égal que le courage des autres. Quand notre monde comprendra-t-il que l'alienation de la moitié de la population ne peut conduire qu'à l'anéantissement ? Merci pour ce second partage très émouvant chère Brigitte !
franchement, c'est un grand bonheur d'être femme ( je n'aimerais pas porter le désastre machiste)... un grand honneur d'avoir un cœur en commun avec ces merveilleuses. Même ici privilégiée, je me sens être parmi elles, car c'est bel et bien la Femme qu'on assassine et viole et martyrise
Triste liste photographique des misères du monde et de leurs victimes féminines (merci pour ce regard sur les regards)...
oui Anna leur force
Dominique oui, mais leur force
(ceci dit il y a des femmes que n'aime pas du tout - mais quand elles s'y mettent..)
Merci pour ton regard
L'horreur journalière faite entre autre aux femmes et il faut la dire, la crier. Comment l'effacer ? C'est terrible. Nos yeux de nantis peuvent-ils la supporter.
Merci Brigitte de la montrer.
Merci pour ce partage qui remue beaucoup.
comme étions trois visiteurs (on ne se gênait pas) j'espère susciter le désir des avignonnais
...
encore merci pour ce cri
...
ces clichés sont très bien et on ne prend pas conscience de la chance qu'on a parfois,et là je sens tellement la souffrance que j'ai mal pour elles
Tout simplement MERCI à vous de montrer par le biais de votre blog l'horreur, la barbarie que subissent les femmes sur la planète.
Flore :-)
Aucun pays n'y échappe, la violence faite aux femmes est universelle et c'est souvent ces mêmes femmes qui défendent le mieux leur honneur, les exemples ne manquent pas.
Enregistrer un commentaire