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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 30, 2015

Flamenco suite

Pour ne pas passer complètement à côté des nuits flamencas, et puisque j'ai manqué les spectacles autour du chant de Luis de la Carrasca, de celui d'Esperanza Fenandez, et que ne pourrai aller écouter ce samedi soir Antonio Meijas, puisque Garcia Lorca parle aussi du duende à propos de la danse
Ni en el baile español ni en los toros se divierte nadie ; el duende se encarga de hacer sufrir.. ce qui donne, dans la traduction de Line Amselem : Dans un spectacle de danse espagnole, pas plus qu'à la corrida, personne ne s'amuse ; le duende se charge de faire souffrir, par le biais du drame sur des figures vivantes…
Le duende opère sur le corps de la danseuse comme le vent sur le sable. Son pouvoir magique transforme une belle jeune fille en paralytique de la lune, ou donne les roseurs de l'adolescence à un vieillard en haillons ... ; d'une chevelure il fait naître l'odeur d'un port nocturne et toujours il agit sur les bras, dans des expressions qui sont mères de la danse de tous les temps…
m'en suis allée, plus simplement, vers le Chêne noir, voir le spectacle de Sara Calero, accompagnée par le cante de Gema Caballero, la guitare flamenca de Fernando de La Rua et la guitare classique de Pablo Romero Luis, après avoir lu qu'elle est à la fois danseuse-étoile du Ballet national espagnol et la bailoara flamenca qui a remportée au Festival de Jerez le titre de «Revelacion 2014».
J'avais trouvé une vidéo où elle danse sur le chant de Gema Caballero, et la musique des deux guitares
avec un beau mélange de grâce serpentine et d'arrogance (Frédérico, le flamenco n'est pas que mort, ou la mort peut avoir du charme, et du ventre, parfois de la douleur, peut sortir aussi la joie provocante), qui se mue par moments en gravité enfantine.
comme je ne maîtrise toujours pas bien les distances et comme j'avais un billet à récupérer j'étais dramatiquement en avance et je commençais à bailler de façon presque visible quand est arrivé le guitariste expansif/sympathique de la veille, m'a salué, nous nous sommes assis sur une marche face au théâtre, à côté de deux charmantes jeunes filles et avons parlé de musique (enfin surtout lui) et de religion mais il me trouvait un rien trop rétive... et puis sommes entrés.
Et l'intérêt s'est mué en plaisir profond et simple, même si le guitariste qui est venu s'installer sur le strapontin à côté de moi me bourrait de coups de coude parce que j'ai l'applaudissement sincère mais bref, mon silence étant repos admiratif et attente..
Quelques notes de guitare, le cri qui monte, la main lancée en avant qui suit la modulation, la beauté du chant et la première entrée de la danseuse, moulée, très nue, de dentelle noire, se terminant sur fouillis de tous petits volants superposés de satin noir qui jouent allègrement avec la lumière et en deviennent argent.. et puis une danse autoritaire, sombre, lente ou déchaînée, des cambrements, un corps, formé par la discipline de la danse classique, qui amplifie, perfectionne la danse flamenca telle que je l'avais vue, tout en semblant venir de la vie intérieure, et des mercis qui fusent de la salle.
Un dialogue des guitares, une jolie musique de danse de la guitare classique, un cante accompagné, et retour de la danseuse dans la même tenue que sur la vidéo qui ne représente qu'une partie de cette chorégraphie, et ce que j'ai vu était très supérieur à ce qu'elle nous transmet...
j'entendais à côté de moi le déclenchement incessant de l'appareil de photo Vanessa Gilles (expo de la veille) qui s'en donnait à coeur joie, ce qu'elle m'a confirmée pendant notre petit échange de retour à la vie ordinaire, et je l'enviais.
etc... un peu plus d'une heure et demi, mes deux voisins de plus en plus enthousiastes, cinq ambiances, cinq aspects différents, leur bel accord, un poème dit/chanté que je comprenais même quand ne le comprenais pas, et pour finir, en pantalon, un mélange étonnant et parfaitement lié de banderillero, danseur de cabaret de faubourg et danseuse classique.
Et un retour vers l'antre dans la nuit douce.

10 commentaires:

Marie-christine Grimard a dit…

Merci pour cette danse.
La photographier est une performance, compte tenu de la rapidité des mouvements des danseuses mais cela peut donner de belles surprises dans les effets obtenus. À les admirer on en reste le souffle coupé tant cette danse très particulière vous prend "au ventre"...

lanlanhue a dit…

pulsations et couleurs de la vie, magnifique flamenco. Et toujours les photos et les mots, merci brigitte

Dominique Hasselmann a dit…

Si les pierres dansent elles aussi...

arlette a dit…

Hier déjà suivant d'un oeil le tourbillon de la musique et ce matin
le rythme virevoltant de ton écriture
OUF!! suis rompue

Brigetoun a dit…

Dominique, ce serait nettement moins nerveux et sinueux que ce que j'ai vu
Arlette, suis désolée !

Christine Simon a dit…

ça danse bien chez vous, Brigitte
me sens à l'unisson

Brigetoun a dit…

pas si bien
la veille le guitariste avait voulu à carcasse brigitienne rétive me faire danser au milieu des gens verre en main et c'était assez piètre… le pauvre garçon je crois que je l'ai définitivement dégoûté

Gérard a dit…

Régal ...la vidéo

Brigetoun a dit…

et c'était mieux sur scène
Suis pas folle de ce qu'on nous donne souvent comme flamenco, mais là c'était vraiment assez extraordinaire.

Danielle Carlès a dit…

ah que j'aurais aimé !