plaisir de ce ciel, alors
que j'avais cru comprendre que nous stagnerions en bouillie blanc
sale..
plaisir de cette lumière
à laquelle m'attachais pour ne pas sentir le petit vent frisquet qui
traversait mon veston de broderie anglaise…
plaisir des yeux, plaisir
de bouche anticipé, et négligence du poids final...
et puis au fil des heures,
passages de nuage, claquement de volet, ondée passagère rendant
inutile l'arrosage, et plongée - sans encore tenter d'établir un
emploi du temps, jonglant avec horaires, temps de trajets, limite de
carcasse, budget, interrogations, curiosité, désir... sans doute
plus facile cette année, le festival a fortement réduit la voilure
– dans le programme papier du festival.
Enfouir petit parapluie
dans mon sac, veston plus sérieux, bottes, et m'en aller, joyeuse,
aux prises acec le vent bien froid,
vers les Hauts-Plateaux,
la Manutention, pour des rencontres
tout d'abord Lucien Suel
(plaisir) et Fabrice Caravaca (à découvrir, aveu)
suivis de Saoul
Silence d’après Une
erreur de la nature de Christian Prigent avec
Edwige Fouquet et Stéphane Kéruel.
Le plaisir était au rendez-vous –
avec l'ambiance, avec quelques rencontres de têtes croisées et
appréciées, avec l'impression d'être en confiance, familiarité
avec Lucien Suel, avec la très gentille dédicace posée par Fabrice
Caravaca sur l’exemplaire de son livre la
vie, que me
suis offert en même temps que le lapin
mystique de
Lucien Suel,
avec
leurs lectures alternées de poèmes et textes, beaux, jubilatoires
ou les deux à la fois, leur lecture à deux voix d'un texte de
Fabrice Caravaca que je retrouve
Maintenant c'est la
terre battue et les murs blanchis à la chaux. C'est comme une autre
époque. C'est du haut de la falaise qu'ils sont tous tombés.
Pourtant ils avaient déjà entrevu beaucoup, réinventé les langues
et vu au delà même des mondes possibles. Ils sont notre ossuaire.
Maintenant c'est la phosphorescence de leurs os blanchis par le temps
qui illumine aussi nos nuits. Os rampants, entassés comme un fait
exprès. Os qui disent une vie capable d'englober toutes les vies.
Ossuaire : François Villon. Ossuaire : Paul Célan et Ghérasim
Lucas dans la mort assemblés. Ossuaire : la jambe morte d'Arthur
Rimbaud.... et
cela continue en étalant un superbe ossuaire.
Et,
pour finir cette première partie Patismit
de et par
Lucien Suel, édité par Fabrice Caravaca au Dernier Télégramme,
que j'avais trouvé sur cette vidéo
un
entracte chaleureux (public se pressant dans une pièce et sur un
palier, public homogène de goût et d'humeur)
et
l'assez formidable spectacle d'Edwige Fouquet et Stéphane Keruel,
faisant intervenir une bouche qui parle en silence, un saxo qui
parle à sa place, des voix qui se mêlent, des mots qui dérapent,
trébuchent, de sons, des phrases qui passent d'une voix à l'autre,
une musique rieuse, jubilante et rageuse, et le texte de Prigent,
partant de
Pourquoi donc la poésie
? Pourquoi cet usage rageusement irrationnel du langage ?
N’aurions-nous pas plutôt besoin de sens stable et de certitudes
?!
Et
puis, sagement, suis partie parmi les premières, malmenée un peu
par des bourrasques, ravie, beaucoup, de ma soirée.
Et
m'en vais rejoindre, avec le lapin mystique, mes patates et mon
colinot.
6 commentaires:
toujours nous mettre en ainsi en appetit... petites bouchées délicieuses
Poesie, rencontres et repas méditerranéen, que de bouchées délicieuses en effet, merci de nous avoir invités à les partager !
avec (malheureusement surtout quand un volet est resté ouvert ou quand on négocie la rue Peyrolerie) cet autre ingrédient : le vent
Ne connais pas bien ces auteurs , vais rechercher , ravie de ton plaisir ...en coup de vent qui déplume ici aussi les platanes juste couronnés de tendres feuilles
il y en a plein le boulevard
Plaisir de découvrir votre compte-rendu de la soirée alors que je suis encore pour quelques heures en Avignon. Très grand merci de votre présence. Et plaisir de la rencontre dans la réalité humaine.
et grand merci à vous
(vous aurez eu un peu du presque vrai ciel d'Avignon !)
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