Brigetoun s'en est allée
vers dix heures, sous ciel chargé, croisant, dans son quartier, une
voiture du Samu et deux voitures de pompiers qui évoquaient une
douleur non identifiée, vers les remparts et un bus... avançant en
rageant contre la tension de carcasse qui a perdu, à force de douce
oisiveté, sa capacité à faire face, presque sans réaction, aux
menues investigations des médecins (souvenir de ce temps où, maigre
et faible à l’extrême, pouvais marcher dans les rues désertes du
XIème, un 25 décembre vers Saint Antoine, une longue
hospitalisation et une opération très intrusive et lourde….)
pourtant il y avait de
braves femmes se réjouissant d'une naissance, deux ados blagueurs
gentiment, des petites fleurs dans l'herbe plantée en ourlet des
remparts, et les premières pages d'un an d'Echenoz,
sélectionné pour tenir compagnie et la fulgurance du début
Victoire, s'éveillant
un matin de février sans rien se rappeler de la soirée puis
découvrant Félix mort près d'elle dans leur lit, fit sa valise
avant de passer à la banque et de prendre un taxi vers la gare
Montparnasse... introduction aux
91 courtes pages retraçant, sans que le ton faiblisse, une année et
le périple, le cheminement de l'héroïne, de toits en plus de, de villes en
campagne, de confort en dénuement.
Trajet,
les yeux sur les petites maisons, les immeubles aux balcons disant
pauvreté, ou dans le livre, jusqu'à retrouver les cônes de
l'hôpital et fermer le livre sur
Passée de son lit à
la baignoire, elle continuait d'y somnoler dans l'eau réglée à la
température des draps : le timbre enroué fixé près de l'entrée,
en bas, ne lui fit pas ouvrir un oeil.
Immatriculation,
salle d'attente dire bonjour et se poser – petit groupe hétérogène
évitant de s'observer -, reprendre livre pour une longue absence
jusqu'à le fermer et le ranger avec lunettes, en tâtonnant, en
marchant précipitamment pour suivre les pas rapides d'un jeune
médecin en blouse blanche
Les gens ne meurent
plus. Vous allez où après ?
Échographie
du vieux coeur qui fonctionne avec grande obligeance et normalité,
retour salle d'attente, prise d'un nouveau rendez-vous,
sortie
avec une brusque et forte envie d'un cigare,
renforcée
par les deux chauffeurs de bus qui fumaient en attendant de reprendre
leur service, se réfugier dans la bienveillance un peu trop
passagère du ciel...
retour
vers les remparts qui m'a amenée (j'étais très distraite par la
joyeuse bande d'enfants sous la garde de leur maître)
jusqu'à
Ayant hoché la tête –
mais dans ce mouvement tout son corps basculait en arrière –
Victoire ferma les yeux – tout bascula de plus belle - puis les rouvrit ; précautionneusement
elle observa les lieux... (ai
recopié pour http://brigetoun.wordpress.com
la suite de ce paragraphe et un peu plus, avant de terminer le
périple en dînant)
bureau
de tabac... puis, cigare prudemment éteint au bout des doigts et
faim montante en longeant les attablés, regagner l'antre, la
cuisine, une assiette très pleine, un petit échange de mails pour
un projet, et une belle et délicieuse sieste.
5 commentaires:
Ces cônes de couleurs sont un signe architectural original...
Périple angoissant ...et sourire à la vie retrouvée
Le ciel est bleu ce matin
Pensées
d'autant que, contrairement au nom dont je les ai affligés, ce ne sont pas vraiment des cônes, et qu'ils diffèrent tous de forme
C'est vrai que le requin sourit plus gentiment ce matin.
..gare au cigare
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