marcher sous ciel bleu,
avec juste un petit vent, léger comme un souffle de bébé.. petite
voix intérieure : j'arrête paumée – tu le feras pas – si, marre
de sa mort accélérée et moi même longtemps que j'y crois pas –
tu crois à rien – et surtout pas en moi - prends du fer – c'est
malin – bon une cure de silence, alors ?
Ciel bleu, vent tombé,
l'été est là, la ville chauffée à blanc, 32° seulement
pourtant, cinq jours et déjà quelques minutes de moins de présence
du soleil dans ma cour, les trois roses embaument et entament leur
mort, paresse, dive paresse
- bon on ferme paumée ?
- Un temps ou plus...
- et le festival ?
- Ah
non ! mettrai des notes, au moins pour moi, pour le souvenir... sur
papier ne le ferais pas et ne le garderais pas
- tu gardera juste tes
carnets illisibles
- je viens d'en jeter cinq
et pour aujourd'hui je
reprends le plus récent des «ce serait», publié chez les cosaques
des frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com
(à propos devriez, si vous ne l'avez fait, passer choisir belles
lectures chez QazaQ, les textes choisis par le cosaque en chef pour
sa maison d'édition http://www.qazaq.fr/header-transparent/,
pas les ce serait mais les
nouvelles, entre raison et rêve, de Lan Lan Hue, l'histoire et les
poèmes d'Anna Jouy, le roman attachant de Christine Zottele, la
longue lettre de Françoise Gérard, les histoires baroudeuses de Jan
Doets, pour commencer)
ce
serait – 41 – le paysage blond
Ce
serait mes yeux qui le sélectionneraient en entrant dans la salle.
Ce
serait une gourmandise, un signal éclair, le nom de Dubuffet, et un
étonnement, cette blondeur, alors que le souvenir vague de terres brunes mêlé à celui
de roseurs en formes plates et larges qui était des femmes, et puis
des tables, mais là c'était évidemment un paysage.
Ce
serait retrouver cette sensation que l'image saisie par les yeux
émeut mon ventre, mes entrailles, le corps, avant de remonter
jusqu'au cerveau et à son interrogation un peu distraite, rendue
bienveillante par la sensualité du message qui lui parvient.
Ce
serait s'approcher, lire paysage
blond – Sahara – mai/juillet 1952
Ce
serait la matière, comme née sans règle, d'elle-même... et la
question bête, enfin pas tant que ça, comment c'est fait ?
Ce
serait des traces de brindilles, de branches sèches, ce serait voir
les minuscules cailloux sous les pieds..
Ce
serait grimacer devant l'envolée de mon imagination et revenir à ce
qui est là.
Ce
serait à vrai dire ne pas trop chercher, me contenter de la vie
gelée de cette matière, y promener les yeux, suivre les volutes
irrégulières, les coulées, les creux brunis, la luisance claire de
certaines surfaces... m'y perdre et puis reculer pour un ultime
regard englobant, et m'éloigner avec, dernière sensation, l'espace
gris beige travaillé au ras de la toile, en haut du tableau.
Ce
serait chercher un peu, aujourd'hui, rétrospectivement, dans
Prospectus
et tous écrits suivants de
Jean Dubuffet réunis par Hubert Damisch chez Gallimard, et trouver
ceci, à propos des tableaux de 1951 dont celui-ci serait un
prolongement, avant les «terres radieuses» de 1953, ceci qu'à tort
ou à raison je rapprocherais de ce paysage
En
même temps que mon mortier, lancé à coup de grosses spatules, me
procurait de doter de reliefs des objets... il se prêtait par
ailleurs aussi à des effets très réalistes de terrains bosselés
et pierreux...
Peut-être
mes séjours dans les déserts de l'Afrique blanche ont-ils fortifiés
mon goût (si caractéristique de l'humeur de l'Islam) pour le très
peu, le presque rien, et notamment... pour des paysages où ne se
voit rien d'autre que l'informe – étendues sans fin, semis de
pierrailles – et d'où est rejeté tout élément bien défini...
C'est sûr que j'affectionne spécialement le sol.. Il me semble que
la vie provoquée dans un tel tableau serait, de prendre naissance en
pareil dénuement, plus émerveillante..
(Musée
des beaux-arts de Lyon
13 commentaires:
Ce serait une envie de ciel bleu...
Parfait !
Magnifique Dubuffet (je ne me souvenais pas avoir lu le "Ce serait" correspondant).
Arrêt de Paumée : seule l'envie doit jouer, sur les planches ou l'écran...
sans quoi cela pue l'effort
et le faux semblant
Merci pour les fantastiques livres des cosaques chez QazaQ...tournez casaque? Juste le temps de l ' aérer j'espère...
lire et relire Paumée donc
à l'envi
Paumée éclaire nos réveils et manquerait beaucoup mais votre envie et votre bien-être avant tout Brigitte
Catimini
Ce serait....dommage...d'arrêter "Paumée". Juste quelques vacances j'espère.
"ce serait" suivi de... ou de : ou de ? ou de ! ouvertures de tels possibles. Belle trouvaille que " ce serait" ...
ce serait...et ce fut 3 semaines sans connexion mais non sans chaleur .
Le temps est encore plus lourd sans toi !!!Tes" divagations" nous manquent
Reviens vite
Si vous avez un petit trou entre les spectacles du IN (dont l'éventail de billets m'a impressionnée) , ne ratez pas le spectacle que "ma" compagnie joue au "Théâtre du Chapeau Rouge", du 4 au 15 juillet à 17h30: "La Folie-Lacan"
Il s'agit de la (bientôt)célèbre "Compagnie 3 Pièces-cuisine" dont je suis la secrétaire, costumière, accessoiriste, chargée de relations publiques, caissière etc...
http://www.avignonleoff.com/programme/2015/par-titre/l/la-folie-lacan-14472/
Je serais très heureuse de vous accueillir, vous dont j'ai découvert le blog il y a plusieurs années par vos comptes-rendus du festival.
vais essayer (clim doit être ancienne et non bricolée et bon horaire - je joue les hérons au long cou, mais redoute un peu les théâtres off passagers - ce que n'est pas le chapeau rouge - parce que régulièrement malaise et sortie au bout de quelques minutes, supporte difficilement les clims)
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