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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 21, 2015

Avignon – jour 17 – Shakespeare/Hugo, regarder repassage, rêves de riz


M'en suis allée, un peu avant dix heures et demie, dans les rues de la ville qui s'ébrouait, avec langueur, en belle chaleur, avec quelques petites risées, vers le jardin de Sainte Claire ou du théâtre des Halles, 
un café en demie-ombre (l'ombre était déjà occupée) près du chapiteau, l'ambiance courtoise et calme, l'attente que s'ouvrent enfin les panneaux, pour écouter la voix de Laurent Schuh (veston sur épaules, gilet sur peau, et chapeau, un vague air de paysan prêt à chanter Bella Ciao, ne sais si c'était voulu), accompagné, soutenu par le violoncelle de Marc Lauras, dans Tribun(e) William Shakespeare montage d'extraits du William Shakespeare de Hugo, choisis par Laurent Schuh, Danièle Gassiglia et Arnaud Laster, écouté par notre petit (pas si) troupeau souffle coupé.
Je me suis assise en rentrant devant les H pour constater que n'avais plus le William Shakespeare de Hugo qui a servi de base à ce spectacle, mais j'ai trouvé dans l'après midi une vidéo d'une représentation à la maison de Jean Vilar en 2014 (ne suis pas absolument sûre qu'il n'y a pas eu quelques modifications dans le choix, mais l'essentiel est là de la grande houle et de la force)
le flux de la parole hugolienne qui emporte ces fragments et d'autres
c'est la même chose de regarder ces âmes ou de regarder l'océan...
laissons au cerveau ce qui est au cerveau et constatons que l'oeuvre des génies est du surhumain sortant de l'homme...
choisir entre ces hommes, impossible...
l'humanité lisant c'est l'humanité sachant...
sublimité c'est égalité – les chefs d'oeuvre n'ont qu'un niveau, le même pour tous...
oui ces génies qu'on ne dépasse point, on peut les égaler, comment ? en étant autre...
le théâtre.. est un lieu de communion humaine (le vrai)
une certaine école dite sérieuse, a arboré de nos jours ce programme de poésie, sobriété... préserver la littérature des indigestions...
pour eux il s'agit de sauver la société dans la littérature comme dans la politique.. organiser la persécution des écrivains par les écrivains...
ce qui maintenant à mon avis ne s'applique plus seulement à la droite
la région des égaux est aussi la région des libres. Laissez les génies tranquilles dans leur originalité...
et puis toute la force de la fin (à partir de 35.40), tout ce qui est le rôle de la culture pour éveiller la canaille, l'homme écarté, l'homme négligé, déconsidéré, exploité.. l'heure est venue de s'entre-aimer. Pour cela il faut que le poète soit peuple,... Debout tous, à l'oeuvre, au travail... les génies sortent de toi (peuple) et c'est là qu'Hugo est grand (même si petite voix me dit que les possédants ont appris depuis, et grâce à la télévision ont comblé le besoin d'idéal par les pleurs autour de la mort de Lady Di ou similaire, et les révolutions par des indignations aussi unanimes que successives.. j'ai le souffle plus court que Hugo, mais quel bonheur de l'entendre et le croire)
Revenue ragaillardie, un poco, dans la ville aux rues brûlées, avec petit détour pour quelques courses, pour finir tendue dans la volonté de franchir la distance qui me séparait de l'antre – on commence à croiser plus de valises en départ que dans l'autre sens - me mettre un peu avant deux heures à la cuisine, à une petite station dans la cour comme un défi idiot à la chaleur, au déjeuner, à une profonde plongée en sieste, à ce qui précède, à rien, soigneusement rien..
et puis m'en aller, en début de soirée, dans une ville qui semble s'être déjà vidée, (sauf les camions de télévision pour la première de Preljocaj), vers la Condition des soies, parce que je ne saurais passer un festival sans un petit tour chez les taïwanais, pour assister au spectacle proposé cette année par le Riverbed Théâtre, rêves de riz, beau et opaque, peut être beau parce que presque opaque, comme une idée qui passe sans qu'on puisse la saisir totalement, et ce n'est pas ce qu'en dit (sauf si êtes sinisant) le metteur en scène/directeur sur cette vidéo qui vous éclairera, (mais je la garde pour donner quelques images)
cela et ce que dit le programme sur le site du off une exploration, par-delà les apparences, de la cruauté du temps qui passe. Un voyage entre rêve et réalité d'une beauté inédite où l'opéra traditionnel bascule dans un univers onirique surréaliste.
J'ai retrouvé une façade que j'aime, le raffinement relatif des programmes et billets, le bas flanc, mais avec plus de monde que d'habitude et n'ai pu m'y installer, l'homme en fil de fer, la montée vers la salle dans les dessous de la ville.
J'ai découvert sur le programme de salle que l'inspiration première venait d'une vidéo de Sam Taylor Wood, A Little Death, montrant en accéléré un cadavre de lapin se putréfier.
Craig Quintero, le metteur en scène, a gardé cette idée que tous les corps sont voués à se putréfier, mais adopte un rythme très lent, méditatif, mélangeant les époques, les mondes, ouvrant son spectacle, dans un décor qui se limite à un banc/coffre au premier plan et à deux énormes sacs en fond de scène que l'on suppose de riz, sur un lettré à la gestuelle énigmatique et le bruit du passage d'avions,
Il y a des jeunes femmes en simples robes contemporaines, ou en robes sorties des dessins anciens, leurs visages blanchis et leur lèvre inférieure inférieure marquée d'une goutte de sang, il y a un choeur en chemise de nuit, une vielle, deux jeunes, il y a la musique Nanguan avec flûte, percussion, pipa, il y a l'élégance des danses lentes, la souffrance calme, les tubes de plastique réunissant les bouches des mortes et vivantes, mais cela n'est peut-être qu'une fausse interprétation.
Cela dure moins d'une heure, et le public sort admiratif et perplexe.
Suis repartie dans le calme de ces rues un peu à l'écart, et puis comme me sentais en bonne forme, comme j'étais près du théâtre des Doms, des belges, et qu'une pièce qui me tente commençait un peu plus d'une demie-heure plus tard, y suis passée, retrouvant les marches de l'escalier Saint Anne provisoirement presque vides, mais on me proposait de me sur une liste d'attente, ai préféré remettre cela à un autre soir éventuel, 
et m'en suis revenue, avec cette impression que j'avais lors des vacances chez mes grands-parents après le 15 août, d'un effilochage de la tension, malgré quelques petits restes d'affluence.
Le tas de repassage en attente prend de belles dimensions, et j'ai attrapé un bon petit rhume.

5 commentaires:

jeandler a dit…

Rideau annoncé: la pluie, est-ce bien elle qui roule sur la calade ?

Brigetoun a dit…

si seulement il y avait des calades partout pour calmer un peu ceux qui viennent avec leur vélo (d'accord) et leurs mauvaises habitudes et ne savent pas qu'ici ce sont les piétons qui ont la priorité et que voitures, planches et autos sont des nuisibles tolérés

Dominique Hasselmann a dit…

finalement, c'est un vrai "parcours santé" que vous faites... Avignon devrait être recommandé par la faculté !

Belles photos comme toujours.

Brigetoun a dit…

euh a faculté aurait plutôt tendance à me couper les jambes, avec ses recommandations aux petites vieilles lancées durablement dans la canicule
(et voilà qu'on annonce la pluie pour juste quand faut pas.. sans baisse de la chaleur en plus)

arlette a dit…

Bel extrait ... qui fait par sa puissance et la voix trembler le coeur dans la moiteur Merci