journée de petites tâches
maison, lavage cheveux, sol, détailler bloc de morue plein d'os
(arrêtes si rudes que les vois ainsi) sous peau dure, repassage, déjeuner,
petite sieste, petite forme, et m'en aller en crainte instinctive de
chaleur (c'est surtout demain que problème il y aura) – échanger salut
et quelques mots avec le potier qui a repris son emplacement
habituel, constater que, dommage pour le festival, les compagnies, la
ville, soulagement de carcasse agoraphobe, ce n'est pas la foule
compacte.. espérer/redouter qu'elle vienne
et avancer en slalomant
entre groupes, en suivant une parade, en longeant une toute petite
queue devant le théâtre du Cabestan
jusqu'au théâtre des
Halles où j'achète des billets pour cinq spectacles (pas les deux, très bons, de Timar puisque les ai vus), me coincer, et
tant pis s'il ne me reste guère de force, de temps, de sous pour
d'autres spectacles du off, Timar abrite toujours de bons spectacles,
les salles et moi nous nous sommes apprivoisées, l'équipe aussi, et j'aime les
attentes dans le jardin…
et puis continuer par
petites rues vides, hors circuit, vers le coin des teinturiers –
belle affluence mais encore raisonnable, la saluer d'un coup de
brumisateur,
respirer, prendre la rue
des Lices
et attendre en compagnie
de mes pensées et de Lovecraft (un des petits bouquins traduits par
François Bon a pris place dans le panier pour meubler les queues et
attentes, quitte à relire certains passages à cause de mon
attention fluctuante), dans la fraîcheur presque excessive du hall
du Lycée Saint Joseph,
qu'il soit l'heure de
rentrer dans le petit jardin de la vierge, de noter la belle vigne
vierge qui a envahi tout le mur latéral, de se sentir rafraichie, un
peu, en regardant les infimes risées qui animaient les feuilles, de
saluer l'arbre parasol, parfaitement immobile lui
de s'installer au premier
rang, d'allonger mes petites jambes sans pitié pour ceux qui
grimpaient pour remplir le gradin, et lorsque ce dernier a été
complet, de regarder le programme B des sujets à vif (pas de place
pour le A cette année) qui commençait par
Rave duo
associant, pour la première fois, Francisco Contreras Molina, alias
Niño de Elche – chanteur, guitariste et compositeur - et Matej
Kejžar – danseur et chorégraphe
corps
proches sans se toucher – bouches presque jointes, séparées par
l'espace du souffle – du corps lourd monte un cri qui entre dans le
corps qui lui fait face, cri qui devient chant, monodique, quasi
liturgique, et je frémis – bouche se colle à bouche, ceuille le
son, le refoule – trompette bouchée , mélopée, liturgie autre
le
corps chantant expulse son souffle, le corps dansant tente de
l'imiter, ne le peux avec telle ampleur, danse sa frustration et ses
tentatives etc.. vraiment pas joli, mais beau
une
pause pour nettoyer le plateau, je tente de distinguer la vierge
derrière l'arbuste qui a grandi et interpose une voilette pour
qu'elle se recueille loin de nos jeux
et
puis le second petit spectacle
est – texte
dit/joué par son auteur Pauline Peyrade, dit par fragments et
surtout dansé, danse heurté, souffrante (avec par moment
l'utilisation d'un pal) pat Justine Berthillot
«
S'offrir à la dépendance et s'y arracher. Saisir l'instant où le
pied se brise, où la tête décroche. Parcourir le manque.
L'éprouver. Le désosser. Oser la manipulation. Risquer le
mécontentement. Dévoiler les corps. Voiler la Vierge. Crier.
Danser. Chanter. Serrer les poings. Montrer les dents. Traverser la
nuit. La douleur. L'espoir. Se battre. S'épuiser. S'effondrer.
Détruire. Déchirer. Défoncer. Fracasser. Piétiner. Rire. Griffer.
Mordre. Avaler tout. Digérer tout. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus
rien. Rien que la terre qui nous porte et l'air qui nous maintient en
vie.»
sortie,
corps en suspens au dessus de trous, de mini vertiges, cramponnée
dans la réverbération du soleil, dans ce qui n'est toujours pas une
foule, retour tant bien que mal, mais avec sourire pas totalement
crispé
charger
images, entamer billet, arroser, douche, mettre la très courte, tant
pis, jupe tissée d'oiseaux bleu/verts et d'or sourd, pour le moral, des talons plus
hauts qui me font marche plus ferme, prendre nouveau brumisateur, et
partir
un
peu après neuf heures
longer
les terrasses du boulevard Jean Jaurès et les nombreux clients des
humoristes
prendre
petite rue tranquille
et
déboucher sur la place des Corps Saints, voir que la file d'attente
n'est pas très importante, ne trouver personne à qui offrir mon
second billet pour Andreas, spectacle
monté par Jonathan Châtel, à partir de sa traduction et adaptation
de la première partie du Chemin de Damas de
Strindberg (la jeune femme qui a préparé ma commande ayant décidé
que ce soir j'étais deux, ce qui, snif, n'était bien entendu par le
cas) et constater avec une certaine appréhension que plusieurs
personnes tentaient de revendre leurs billets – signe d'un mauvais
bouche à oreille – me faire des amis provisoires mais spirituels
d'un couple de jeunes quinquagénaires ce qui facilite l'attente
pénétrer
sous les voûtes en m'étonnant encore de voir du théâtre investir
ce lieu voué à la musique et la danse, aux spectacles recueillis...
et constater avec regret qu'en effet, un grand panneau est installé,
muni de portes, devant les conteforts qui saillent entre les arcades,
nous privant du cloître, et ne laissant qu'un petit espace de jeu
entre les merveilleux platanes
attendre
que le gradin se remplisse, en regardant la nuit descendre sur les
feuilles, qui cette nuit, en l'absence de tout vent, avaient oublié
leur rôle de musique d'accompagnement, pour éviter d'entendre les
plaisanteries, commentaires sur les résultats grecs lus sur un
portable d'un groupe de médecins et chirurgiens, fort
élégants-vacances établi au deuxième rang
Je
reprends deux photos de Raynaud de Lage et la présentation qui est
faite du spectacle sur le programme
Un homme sans nom, une
dame qui erre, un coin de rue ; le cadre de départ d'Andreas,
l'adaptation de la première partie du Chemin de Damas que livre
Jonathan Châtel réunit les conditions d'un possible renouveau pour
l'Inconnu inventé par Strindberg. Exilé en terre étrangère et
défait de ses liens sociaux, il attend sans savoir. Une disparition
? Un retour à la vie ? La rencontre de la Dame ouvre l'espoir de
retrouver l'enfance et donc un avenir, mais le passé et ses spectres
peuvent l'emmener sur d'autres voies. ...
… Jonathan Châtel
accentue les effets de miroir entre les personnages qui entourent
l'Inconnu. Déjà vu, rappelé sous une forme nouvelle, chacun
provoque un trouble semblable au rêve où plusieurs figures portent
un même visage. Ce jeu de rêve permet de lever le voile sur le nom
oublié de l'Inconnu, Andreas, met en scène son face-à-face avec
l'Absolu et interroge le combat d'un homme contre ses démons.
ce que nous avons vu
n'évoque parfois qu'avec grande discrétion, d'assez loin, ce désir
de retrouver l'enfance ou cette confrontation avec les démons, mais
le trouble semblable au rêve est bien là – un spectacle un peu
lent, ce qui n'est guère un reproche, très structuré, rigoureux,
mais rendu par de bons acteurs, des personnages attachants, un
plaisir un peu réticent comme souvent avec Strindberg,
qui finit presque toujours par me sédure, au-delà d'un éventuel
accord avec les thèses, par cette distance, cette étrangeté, de ce
théâtre pour la latine un rien primitive..
Pas
enthousiasmée, contente..
La
place des Corps Saints a son animation festivalière mais le reste de
la ville est encore très calme (peut-être à partir de lundi) y
compris la rue de la République qui d'ordinaire à minuit est plus
effervescente
mais
une belle allégresse, un peu de hip-hop, un peu de variété
maghrébine, un petit festival/soir d'été en fête de la rive sud, avec voiles plus
ou moins élégants, adolescents frimeurs, parents, jeunes filles
délurées sans excès et enfants de tous âges, très sympathique (un regret dans la
programmation de cette année, l'absence du Maghreb et de l’Afrique)
Par
contre il n'y avait plus que quelques consommateurs aux terrasse de
la place Crillon à minuit et demie.
9 commentaires:
Il n'y a pas à dire (ou seulement ces mots), on s'y croirait !
Quelle ténacité et quel don d'observation !
merci de m'encourager, parce que suis souvent loque
Le théâtre hors du temps mais en place, investissant la journée, totalement.
le temps suspendu, étiré, comme chez O'Neill.
Etre au centre ville , au coeur de l'action fait des envieux
Merci pour tes impressions plus que vivantes dans cet autre univers
Je suis fatiguée rien qu'en lisant tes billets. J'appréhende le retour à Avignon.
Merci pour le ticket d'entrée permanente au festival que vous nous offrez chaque année, à nous qui en sommes un peu loin
Passionnant!(petite honte de vous suivre près d'un ventilateur)... merci à vous.
que c'est fourni !!! au passage... vraiment pas joli, mais beau..c'est de toi !
oui, rien pour la vue mais beau regard et très beau chant
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