Nous sommes sortis de la
canicule. J'avais un peu froid au petit matin, au lieu d'être déjà
assommée de chaleur.
Ciel bleu, nuages circulant, petit vent.
Mis tee-shirt coton léger
à manches longues, jean et suis partie, corps engourdi mais esprit
s'éveillant, vers le théâtre du Roi René voir s'il y avait place pour moi…
dans les rues languidement
animées d'un dimanche matin d'été.
Les spectateurs se font
rares (salle finalement pleine, mais sans liste d'attente) un café,
une très longue attente, nez dans l'Homeriade sur le trottoir.
Et, dans la salle de la Reine, devant
le décor austère sous plafond orné et décrépit, attente en
piapiatant que commence le second des spectacles programmés à 11
heures, spectacles que j'avais repérés dès les premiers jours sans être
certaines de pouvoir y assister,
Primo Levi et
Ferdinando Camon: Conversations, ou Le voyage d'Ulysse, mis
en scène, comme les mémoires de Faraoun, avec la même efficace
sobriété intelligente et respectueuse, par Dominique Lurcel
Interprétation
parfaite, et richesse des thèmes, toute la merveilleuse humanité,
au delà du témoignage de Primo Levi (philosophie de l'histoire,
rôle des dirigeants qui au moins pour cette époque est à ses yeux
l'explication majeure, réfutation de l'existence du diabolisme
germain, et pour le lager, absence de solidarité, rôle de la langue
pour survie, l'impossibilité de dire et le besoin d'écrire etc..)
Je
me contente de cette photo, du début du texte de présentation sur
le site des ATP Vosges où ce spectacle, créé en 1995 à Avignon et
repris régulièrement depuis, sera présenté en octobre prochain
http://atpvosges.wix.com/theatre#!primo-levi-et-ferdinando-camon/c23t9
Ferdinando Camon,
journaliste et écrivain italien, s’entretient pour la première
fois avec Primo Levi en 1982. Leurs conversations s’échelonnent
jusqu’en 1986, moins d’un an avant le suicide de Primo Levi.
Leurs échanges sont à la fois denses et fluides. Ce sont deux
hommes qui se parlent, deux écrivains, deux «arpenteurs de mémoire…
»
et
de cette vidéo reprenant quelques longs extraits, trouvée cet
après-midi sur le site de la compagnie des Passeurs
de Mémoires
Rermercié acteurs et metteur en scène et m'en suis revenue, prise, dès la fin des applaudissements et saluts,
d'un énorme besoin de sommeil…
me
suis forcée à déjeuner, ai renoncé au spectacle prévu à
quatorze heures (n'aurais guère eu le temps de toute façon) et j'ai
sombré en absence sereine…
avant
de repartir, un peu avant huit heures pour clore mon festival au
Théâtre des Halles,
en
assistant, sous le chapiteau, à Don
Juan revient de la guerre, d'Ödön
Von Horvath, monté par la Comédie de l'Est, dans une mise en scène
de Guy-Pierre Couleau.
Photo provenant du site du
théâtre comme cette présentation
Don
Juan a perdu de sa superbe. Au sortir de la guerre de 1914-1918,
l’homme est détruit. Dans une Allemagne en proie à la crise, il
va son chemin à la recherche de la fiancée qu’il a jadis
abandonnée. Elle est morte. Il l’ignore. Et chaque femme qu’il
rencontre est comme une facette de cet idéal perdu. En 24 tableaux,
cette pièce exceptionnelle met en scène trente-cinq femmes pour un
seul homme.
Ce
projet a obtenu la labellisation du Centenaire de la Première Guerre
mondiale.
Une
mise en scène stylisée : deux femmes, Carolina Pecheny et Jessica
Vedel, pour représenter toutes celles que rencontre Dom Juan (Nils
Ôhlund) : Ces trente-cinq femmes doivent être interprétées
par beaucoup moins de comédiennes, de sorte que chaque comédienne
ait plusieurs rôles à jouer écrivait von Horvath, aucune
tentative de «reproduction d'époque», quelques meubles que
déplacent les comédiens, des éléments de costume pour changer à
vue de personnage, un plateau quasiment nu pour ce monde (1918-1923
et début de la crise) où tant d'européens erraient sans racine
dans des pays appauvris, où Dom Juan est à la recherche de sa
fiancée, d'un univers disparu... et comme ces 24 tableaux sont le
plus souvent de courtes scènes, leur succession est marquée
simplement par des panneaux.
Dom
Juan que l'on croyait mort, revient blessé avant d'entreprendre la
recherche de sa fiancée, est touché par la grippe espagnole, et
retrouve, dans le monde bouleversé de l'époque, son goût des
femmes, oubliant sa quête (il apprendra à la fin qu'elle est morte
de chargin en 2013)
Qu’est-ce
qui attire les femmes chez Don Juan ? Ce n’est pas seulement la
sexualité masculine, dont il est sans conteste le représentant le
plus fort, mais c’est l’engagement métaphysique de cette
sexualité, particulièrement intime et exclusif, dont l’effet
est irrésistible pour les femmes. Le Don Juan cherche toujours la
perfection, donc quelque chose qui n’existe pas sur terre. Et les
femmes veulent toujours lui prouver et se prouver à elles-mêmes
que tout ce qu’il cherche, il peut le trouver sur terre... (avant
propos de von Horvath)
Alors,
tout de même, une pièce difficile à monter, me semble-t-il, les
scènes étant parfois si courtes, trois ou quatre échanges, qu'il
en résulte, surtout dans le premier acte, une schématisation
extrême qui nuit un tantinet à l'intérêt porté aux personnages,
et puis peu à peu, entre humour et assez formidables numéros,
surtout des comédiennes (sans doute davantage Carolina Pecheny, mais
cela tient en partie à la force des personnages qu'elle incarne) de
très beaux moments.
Et ce
pauvre Don Juan est victime de son défaut, et s'en va à travers la
forêt vers la maison de la grand-mère et la tombe de la fiancée,
traqué, accusé à tort d'avoir violenté une adolescente.
Retour
dans une ville qui se dépeuple, des restaurants, des suceurs de
glace, des musiciens sur le départ écoutant et regardant des
musiciens, et des collectionneurs d'affiches.
7 commentaires:
oh j'aurais aimé voir " don juan", merci de cet avant-goût
Tu n'as pas parlé de Berling et son Meursaults? ou alors j'ai manqué un jour? (Est retenu à Toulon-Liberté )La page du Monde hier est résumé du festival "PY"
Arlette, honte à moi, ne l'ai pas vu
pas le courage, surtout en fin de festival (et je n'avais pas en tête la canicule qui n'a rien arrangé) de trotter jusqu'à Benoît XII et d'affronter cette clim, même si l'ai fait pour un spectacle au début)
Lan Lan Hue, à vrai dire, un peu déçue par Don Juan.. mais soupçonne la fatigue assez gigantesque d'avoir joué son rôle)
Fin du festival, le temps désenchanté.
et le reste de volonté récupéré en raclant dépensé… ah zut la carte bleue ! reprendre jambes
Pas grave pour Berling tu as tant donné mille mercis
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