ciel que dans la brume de
mes yeux mal éveillés j'avais cru blanc, qui étais d'un beau bleu
– endosser la plus large des chemises et m'en aller sur les
trottoirs à l'ombre (la chaleur a diminué mais définitivement suis
dans une mauvaise année carcasse, qui réagit en évacuant kilos et
ne supportant plus le moindre passage de zone chaude en zone
refroidie) sur les trottoirs à l'ombre, le long de la rue Joseph
Vernet, à l'écart, surtout le matin, de l'effervescence encore très
très modérée de la ville, cherchant à sentir la caresse fraîche d'une petite risée qui ne se manifestait que par la danse de quelques affiches, m'en aller, donc, vers le plaisir d'une
petite assemblée dans les murs fatigués de la chapelle Saint Louis,
sobriété d'une architecture classique aux belles proportions -
attendre en piapiatant
allègrement avec une amie/Facebook qui était lundi soir aux Carmes
et une femme aimable (qui semblait avoir une forte et tranquille
culture, ne sais si ce n'était pas son métier de plus ou moins
loin)
pour retrouver un peu de
Valère Novarina (qui était d'ailleurs dans l'assistance et que le
récitant, Pascal Omhovère, est allé cherché pour que le saluions
à la fin)
alternance parfaite, sans
blanc ni précipitation, entre des passages de lumières du corps
et de petites versions de
chorals pour orgue de la Dritter Thell der Clavierübung de Bach
jouées par Luc Antonini
et
malgré, comme c'est le cas depuis hier, quelques amorces de chute de
paupières, fulgurance, souvent sourire, des phrases, comme (ce ne
sont sans doute pas celles qui m'ont le plus frappée, mais celles
qui me laissaient la distance suffisante pour noter..
vivier des noms,
panique de la matière.
Le langage est
anthropogène et rebondit sur les murs
… l'acteur n'est pas
quelqu'un qui s'exprime, mais un dédoublé, un séparé, un qui
assiste à lui, un spectateur de son corps
… théâtre le lieu d'un lyrisme sans moi. Le je y
est un assemblage
… l'esprit évide le
réel
misérable
tentative brigetounienne, le mieux est de lire le texte, que voulais
chercher à la bibliothèque du cloître Saint Louis, à côté, mais
je me suis arrêtée d'abord un long moment pour une quête d'un
billet pour le vivier des noms vendredi ou samedi, quête
infructueuse, et je n'y ai plus pensé…
retour
en passant à Carrefour (même cette clim m'était méchante, mais ce
ne fut pas trop long) pour acheter des crevettes sous plastique parce
que j'avais oublié de désaler de la morue
Grande
assiette de pâtes très garnie ingurgitée avec application, sieste,
réveil en petite forme et partir pleine d'appréhension
vers
l'opéra et sa clim redoutable (avec l'idée de négocier un
changement de place si la mienne était trop à gauche donc proche de la
bouche glacée..)
ce que
j'ai fait, troquant ma place numérotée au balcon côté clim (qui
semble moins redoutable cette année) contre une place haut perchée, donc en placement libre, presque au dessus de la scène, à côte d'une
mère et d'une fille charmantes (l'attente a été longue pendant que
la salle se remplissait).. j'étais dans de très bonnes conditions
pour voir, et – zut suis consensuelle, mais ma foi je n'ai été
déçu qu'une fois, il y a longtemps, par un spectacle, ne sais plus
lequel, d'Ostermeier – pour apprécier donc, ou aimer, le Richard
III pour lequel tout le monde cherche à avoir une place
Ostermeier
dit qu'il a monté Richard parce qu'il pensait que c'était le
moment, pour son acteur fétiche, Lars Eldinger, d'aborder ce rôle
(et il est formidable de puissance dans son corps torturé, de
cautèle, d'ironie, de charme sentimental auquel nous comprenons
presque que Anne et Elizabeth se laisse prendre, d'humanité –
spéciale mais humanité -, de cruauté etc...), accompagné, épaulé
par une troupe d'excellents acteurs dont certains multiplient les
rôles (ah Robert Beyer en reine Margueritte !)
Il dit
aussi, dans un entretien donné à La Terrasse que Richard n'est pas
un monstre
Il
vit dans une époque où tout le monde est devenu roi avec violence,
il vient en un temps qui conclut cent ans de guerre des Deux-Roses :
il est seulement le reflet de sa société. Dans la pièce,
d’ailleurs, il n’assassine personne directement et ne tue pas
personnellement. A la fin de la pièce, sur le champ de bataille, il
a du sang sur les mains, mais ses propres mains sont restées propres
jusqu’à la dernière bataille : ce sont les autres qui sont
des assassins. S’il est un monstre, c’est par son art consommé
de la stratégie et de la tactique, par son intelligence rhétorique
et sa maîtrise du langage. (à vrai dire il me semble qu'un
tyran a rarement du sang sur ses mains, mais se sert de celles des
autres)
Il dit
également Il est handicapé, laid et n’est pas aimé des
autres : c’est une partie importante de sa biographie. En
cela, il est aussi un paria de la société, et les critiques qui ont
déjà vu la pièce considèrent que nous en avons fait un naïf
presque vierge. Tout le monde manque de quelque chose. Manquent le
bonheur, le succès, l’amour : aucun être humain n’est
complet, le seul fait d’être humain, c’est-à-dire mortel, nous
fait manquants : il n’y a rien d’extraordinaire au fait
qu’existe cette part manquante chez Richard. Mais il y a chez lui
une humiliation fondamentale : avant que la pièce ne commence,
il a été le plus grand guerrier de toutes les batailles menées
pour son clan et on n’a pas reconnu ses mérites : il veut le
pouvoir pour ne plus avoir à subir cette humiliation..
cette photo, comme la
précédente, est d'Arno Declair
Le
plateau est nu, borné par une construction assez élaborée avec des
portes situées en partie haute, des barres lisses que certains empruntent
(et cela semble normal, emporté dans l'élan du spectacle) pour
descendre, mais aussi un escalier et sur cette construction se
projettent parfois des gros plans des visages des acteurs, mais de
telle façon qu'on peut l'ignorer, le plateau est nu donc, et en
pente comme pour pénétrer dans le public je ne fais pas du
théâtre d'images (euh il en crée pourtant de très belles) je
n'ai pas besoin d'une distance pour que le public perçoive la
composition de ma mise en scène. Je souhaite que le public se sente
avec les acteurs, parmi les acteurs et les personnages... En plus, je
déteste la déclamation, la profération des textes.. et quand,
souvent, les acteurs arrivent, jouant, en traversant le parterre
cela, qui est un truc fréquent, ne sent pas l'artifice chez lui.
Pour
la traduction (ce que nous pouvons en saisir à travers la
re-traduction en français qui s'affiche est très beau) par Marius
von Mayenburg, ils ont opté pour la prose, parce que la langue
allemande a plus de syllabes que les mots anglais, et que la prose
permet d'être au plus près de la complexité des personnages.
Ils n'ont cette fois par ajouté de texte à l'original, ils ont
même pratiqué de fortes coupes pour garder les moments dont il dit
qu'ils sont si importants, si fulgurants qu'ils ne peuvent être
écartés.
Et le
texte qui nous parvient est à la fois poétique et d'une rare
violence, surtout dans la bouche de Richard, même et surtout quand il
s'essaie au charme, comme l'action qui, toute en énergie, à
travers la violence des gestes parfois, des sentiments, des
affrontements, est toujours superbement élégante...
bon il
y aurait tant à dire – l'évolution insensible de Richard qui à
mesure de son approche du pouvoir laisse apparaître un peu de
vulgarité, d'une grossièreté qui jusque là était feutrée, son
corset presque féminin de la fin et le beau maquillage de kaolin ou
je ne sais quoi, blanc, qu'il s'applique, accédant à une certaine
beauté tragique etc...
Mais
je me suis contentée, grossière, d'une seule série
d'applaudissements et me suis éclipsée, la première,
parce
qu'une fois encore la durée prévue était dépassée et que je
n'avais pas mon billet pour la suite,
juste
eu le temps d'allumer sous les patates, d'enregistrer trois photos,
d'arroser, de m'asperger, d'éteindre sous les patates, de prendre le
billet et de m'en aller, dans les rues encore presque désertes sauf près des théâtres
vers Aubanel, sa clim qui a cette heure a perdu son côté néfaste, et une pièce qui éveillait mon désir de découverte, parce que montée par un couple et une troupe, qui semble-t-il tourne beaucoup, avec succès, mais jamais ou presque jamais, je ne sais, en France, couple d'estoniens, Ene-Liis Semper,
scénographe et artiste vidéo et Tiit Ojasoo, metteur en scène, qui
montent généralement des spectacles plus ou moins politiques, mais
aussi comme pour ce N051 Ma femme m'a fait une
scène et a effacé toutes nos photos de vacances, plus
intime
photo trouvée sur le site du lieu unique à Nantes
et
parce que le programme m'intriguait
Dans NO51 Ma femme m'a
fait une scène et a effacé toutes nos photos de vacances, Ene-Liis
Semper et Tiit Ojasoo, artistes estoniens, mettent en scène un homme
qui se retrouve seul avec lui-même, une fois femme et enfants
partis. À l'issue d'une dispute, l'épouse a détruit les clichés
de leurs vacances sur une île paradisiaque. Avec l'aide de personnes
qu'il a réunies, le mari se lance dans l'entreprise curieuse et
désespérée de recréer ses souvenirs et de reconstituer les photos
effacées. Il remplace les lieux et les personnages mais tente par
tous les moyens de garder cadrage, composition et sens.
Le spectateur assiste à
la drôle d'opération de contraction de l'espace et du temps dans
une chambre d'hôtel transformée en studio photo géant. Une manière
d'arrêter la course du monde, d'affirmer l'existence et de témoigner
de l'importance du vécu.
seulement,
comme le craignais, c'était le spectacle de trop, n'était pas
prête, j'ai ri, souvent, j'ai mis un peu de temps à m'adapter à
leur jeu entre improvisation antérieure et construction (du moins
c'est ce qui m'a semblé), d'un réalisme outré pour être
expressif, presque jusqu'à l'hystérie en ce qui concerne le mari-metteur-en-scène-des-images – j'ai aimé le résultat surprenant
des clichés résultant de leurs bricolages, j'ai vu les interprètes
gênés au début, entrer peu à peu, avec des différences de vitesse selon leur tempérament, dans le jeu, jusqu'à en exclure quasiment leur
commanditaire, mais au bout d'une heure sur les une heure quarante du
spectacle, j'ai bien dû constater que j'étais incapable de sentir ce
qu'il y avait de plus que ce constat, incapable d'entrer dans ce
spectacle et qu'il était inutile de prolonger l'expérience,
et
suis revenue à travers la petite animation de la place des Carmes et
de ses resturants, et de la place de l'Horloge avec les
caricaturistes, le hip hop, et une petite fille qui aurait bien aimé
faire un dernier tour de manège
12 commentaires:
Et vous tenez le coup sans aucun adjuvant ? Quelle santé (j'aime bien certaines de vos photos, la fille en noir de dos)...
et son couple avec la petite vieille - merci pour le certaines photos, c'était vraiment pas mon jour, mettais tout dans ma lutte victorieuse contre peur faiblesse (perdu deux kilos depuis le début, je m'applique à les regagner - mais lessivée ce matin)
Tes " flous " sont artistiques
Ne vaut-il pas mieux un Richard III climatisé qu'aseptisé ?
Arlette, ils sont surtout vécus
Pierre, sans aucun doute, et gentiment climatisé en plus finalement
n'empêche que regrette un peu les programmations d'avant Py.. enfin il est un peu tôt mais suis trop esthète pour lui je pense
Aime beaucoup (photo 5) la "glycine" sèche avec le nain goguenard derrière les entrelacs...
merci
un balcon que j'aime - un beau contraste entre une façade presque paysanne et une ampleur baroque
On dit, on donne (cf le Monde du jour), Richard III comme le Roi d'Avignon.
Magnifique ta photo des personnages flous (la 5 en partant du bas)on dirais un tableau de maitre.
merci Gérard, cadeau de l'appareil malade, l'ai récupérée dans la corbeille où l'avais expédiée
Je vous ai aperçue en bas, hier à Aubanel, toute souriante et de blanc vêtue
Je suis restée jusqu'au bout (et la fin est surprenante) mais je suis d'accord avec vous: l'idée de projeter les photos qu'ils viennent de prendre (ou sont censés avoir prises car je pense que le montage de photos est déjà fait) est une trouvaille intéressante; mais trop d'hystérie du mari.
Vous a été épargnée une scène de musique techno hurlante et de débauche de danse et de flashs lumineux assez pénible.
Hélas toujours aucun espoir pour Richard III: au cloître un panneau de demandes pour Richard III et un panneaux de propositions de vente pour le roi lear.
c'tat du bleu très pale en fait
Je sors des idiots, moins en refus que vous, mai s très partagée (et me suis un peu ennuyée)
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